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CONFÉRENCE<br />
calqués sur les Grecs. Cicéron lui-même, dans ses écrits sci<strong>en</strong>tifiques<br />
(et dans une moindre mesure dans ses discours) n’hésitait<br />
pas à créer <strong>de</strong>s termes qui équivalai<strong>en</strong>t à une traduction <strong>de</strong><br />
mots grecs (par exemple qualitas = √∑§∫…ä» : cf. L. Laurand, Étu<strong>de</strong><br />
sur le style <strong>de</strong>s discours <strong>de</strong> Cicéron, I, 80 ; Wackernagel, Vorlesung<strong>en</strong><br />
über Syntax, p. 115). Ainsi aucun obstacle technique ne s’opposait<br />
à l’inv<strong>en</strong>tion d’un mot latin équival<strong>en</strong>t à …ª √|ƒ§Ä¤∑μ. Cep<strong>en</strong>dant,<br />
<strong>ce</strong>lui-ci ne semble pas avoir été créé : K.C. Reilly, Studies<br />
in the Philosophical Terminology of Lucretius and Ci<strong>ce</strong>ro (New York,<br />
1909), écrit : « Je ne trouve aucun équival<strong>en</strong>t pour <strong>ce</strong> mot (i.e.<br />
pour le √|ƒ§Ä¤∑μ d’Épicure) dans Cicéron ni dans Lucrè<strong>ce</strong> » 11 .<br />
En revanche, nous aurions pu nous att<strong>en</strong>dre à r<strong>en</strong>contrer<br />
le substantif ambi<strong>en</strong>s ou l’expression aer ambi<strong>en</strong>s, car le verbe<br />
latin ambire n’avait pas seulem<strong>en</strong>t le s<strong>en</strong>s littéral du verbe grec<br />
√|ƒ§Ä¤|§μ, mais cont<strong>en</strong>ait égalem<strong>en</strong>t la même connotation <strong>de</strong> protection,<br />
d’étreinte [embra<strong>ce</strong>] chaleureuse : cf. domis ambiri vitium<br />
palmitibus ac sequacibus loris (Pline ; les variantes donn<strong>en</strong>t amplecti)<br />
et mundi omnes amplexibus ambimur, tegimur atque sustinemur<br />
(Arnobe). De plus, l’air ambiant* du seizième siècle auquel<br />
Michaëlsson se réfère ne peut être expliqué qu’<strong>en</strong> postulant un<br />
aer ambi<strong>en</strong>s (néo-)latin. En latin classique, je n’ai jamais pu trouver<br />
<strong>ce</strong>tte expression ni ambi<strong>en</strong>s employés comme substantifs<br />
(rappelons-nous <strong>ce</strong>p<strong>en</strong>dant que les traductions latines d’Aristote<br />
sont perdues). P<strong>en</strong>chons-nous donc att<strong>en</strong>tivem<strong>en</strong>t sur la<br />
preuve que nous avons sous la main, et étudions un emploi du<br />
verbe ambire (√|ƒ§Ä¤|§μ) 12 lui-même <strong>en</strong> latin classique — emploi<br />
qui allait r<strong>en</strong>dre possible la création finale d’un aer ambi<strong>en</strong>s.<br />
Dans les extraits suivants, ambire (<strong>en</strong> alternan<strong>ce</strong> avec amplecti,<br />
coer<strong>ce</strong>re, circumfun<strong>de</strong>re) est par exemple employé <strong>en</strong> référ<strong>en</strong><strong>ce</strong> à<br />
l’étreinte <strong>de</strong> l’Océan :<br />
Catulle, LXIV, 31. — O<strong>ce</strong>anusque mari totum amplectitur orbem.<br />
Ovi<strong>de</strong>, Fast., 81-82. — O<strong>ce</strong>anus… qui terram liquidis, qua patet,<br />
ambit aquis (variante : amplectitur).