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Grave%20sur%20Chrome%20-%20William%20Gibson.pdf

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le petit salon parfait pour le café et les kipferls. Ton serveur<br />

favori avait des cheveux blancs, des manières douces, marchait<br />

en claudiquant et travaillait pour nous. Tu laissais tes messages<br />

sous la serviette en lin.<br />

Toute la journée d’aujourd’hui, j’ai regardé un petit<br />

hélicoptère dessiner une trame serrée au-dessus de ma contrée,<br />

ma terre d’exil, l’hôtel New Rose. Regardé par mon écoutille son<br />

ombre patiente traverser le béton maculé de graisse. Près. Tout<br />

près.<br />

Je quittai Marrakech pour Berlin. J’y rencontrai dans un bar<br />

un Gallois et commençai les préparatifs pour la disparition<br />

d’Hiroshi.<br />

Ce devait être une affaire compliquée, aussi complexe que les<br />

rouages de laiton et les miroirs coulissants des spectacles<br />

d’illusionnisme victoriens, mais l’effet était relativement simple.<br />

Hiroshi passerait derrière un fourgon Mercedes à piles à<br />

combustible et disparaîtrait. La douzaine d’agents de Maas qui<br />

le suivaient constamment s’agglutineraient alors autour du van<br />

comme autant de fourmis ; le dispositif de sécurité de Maas se<br />

durcirait comme de l’époxy autour des points de départ.<br />

Ils savent régler les affaires promptement, à Berlin. Je fus<br />

même capable d’arranger une dernière nuit avec toi. Sans rien<br />

en dire à Fox ; il n’aurait peut-être pas approuvé. Aujourd’hui,<br />

j’ai oublié le nom de la ville. Je l’ai su pendant une heure sur<br />

l’autobahn, sous un ciel rhénan gris, pour l’oublier entre tes<br />

bras.<br />

La pluie s’est mise à tomber, vers le petit matin. Notre<br />

chambre avait une unique fenêtre, étroite et haute, d’où je<br />

regardais la pluie piqueter le fleuve d’aiguilles d’argent. Le bruit<br />

de ta respiration. Le fleuve s’écoulait sous des arches de pierres<br />

basses. La rue était vide. L’Europe était un musée vide.<br />

J’avais déjà réservé ton vol pour Marrakech, au départ<br />

d’Orly, sous ton tout dernier nom. Tu serais en route quand je<br />

tirerais l’ultime ficelle qui ferait disparaître Hiroshi.<br />

Tu avais laissé ton sac sur le vieux bureau sombre. Pendant<br />

que tu dormais, j’avais fouillé dans tes affaires, en retirant tout<br />

ce qui était susceptible de brûler la nouvelle couverture que je<br />

t’avais achetée à Berlin. Je retirai le calibre 22 chinois, ton<br />

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