26.06.2013 Views

JUGEMENT DU TRIBUNAL CORRECTIONNEL Chambre 7 22 juillet ...

JUGEMENT DU TRIBUNAL CORRECTIONNEL Chambre 7 22 juillet ...

JUGEMENT DU TRIBUNAL CORRECTIONNEL Chambre 7 22 juillet ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

- 56 -<br />

droits d'autrui. Dès lors, en cas de réalisation de l'infraction, il y aurait non seulement lésion<br />

des intérêts patrimoniaux de l'État de Genève, mais également d'autres droits de ce dernier, en<br />

particulier ses droits d'information. À cet égard, si d'autres solutions qu'une recapitalisation<br />

doublée de la création d'une entité de défaisance étaient concevables, c'est sans aucun doute<br />

en raison de la tardiveté de l'information sur les problèmes de la Banque que l'État de Genève<br />

a vu sa marge de manœuvre considérablement restreinte par la CFB sur le choix des moyens<br />

(ainsi que l'a relevé du reste la députée rapporteur de commission: «L’urgence dans laquelle<br />

le Grand Conseil doit travailler aujourd’hui aurait pu être évitée si les organes de la Banque<br />

avaient fait preuve d’une bien plus grande transparence», PL 8194-A p. 9 = MGC 2000<br />

23/IV 3672).<br />

Dès lors, les droits de l'État de Genève seraient donc lésés de manière personnelle et directe<br />

par l'infraction reprochée, en cas de réalisation de celle-ci. La qualité de partie plaignante doit<br />

donc lui être reconnue en ce qui concerne les infractions reprochées de faux dans les titres.<br />

S'agissant de la question incidente soulevée par la suite sur le même sujet, consécutivement à<br />

la production de la décision du Département fédéral des finances (DFF) du 26 août 2010, il<br />

peut être retenu ce qui suit.<br />

Selon l'art. 339 al. 4 CPP, si les parties soumettent des questions incidentes durant les débats,<br />

le tribunal les traite comme des questions préjudicielles. Le texte légal n'interdit pas de poser<br />

une question identique à l'une de celles déjà tranchées plus tôt dans les débats. Par ailleurs, la<br />

révision au sens de l'art. 410 CPP est exclue, dans la mesure où la décision préjudicielle n'est<br />

pas encore entrée en force au sens de l'art. 437 CPP.<br />

Le droit supérieur, à savoir le principe de la bonne foi prévu à l'art. 5 al. 3 Cst., interdit en<br />

revanche manifestement que les parties soumettent plusieurs fois la même question sans<br />

raison objective. Il apparaît ainsi que seuls des éléments nouveaux, pas nécessairement<br />

factuels, permettent d'entrer en matière sur une question incidente matériellement identique à<br />

une question préjudicielle déjà traitée.<br />

En l'espèce, la production de la décision du DFF et des écritures antérieures et postérieures<br />

peut être considérée, vu sous un angle large étant donné l'absence de pratique établie quant à<br />

l'application de l'art. 339 al. 4 CPP, comme un tel élément. Le Tribunal entrera donc en<br />

matière sur la question incidente. Il doit toutefois se limiter à examiner si les éléments<br />

nouveaux issus des pièces produites l'incitent à reconsidérer sa décision. Les arguments<br />

entendus lors des plaidoiries qui pouvaient déjà être tenus lors du premier examen de la<br />

question (comme le caractère direct du dommage p. ex.) doivent être considérés comme<br />

irrecevables.<br />

En l'espèce, la décision du DFF se fonde sur le système de l'administrateur-juge (lequel est<br />

très largement battu en brèche par les réformes successives en matière de procédure<br />

administrative, not. par l'introduction de l'art. 29a Cst., ensuite de critiques fort nourries,<br />

cf. ATF 115 Ia 183 cons. 4b: «Ce système, communément appelé le système de<br />

l'administrateur juge, ne garantit manifestement pas au justiciable l'indépendance et<br />

l'impartialité que lui offrirait un tribunal au sens de l'art. 6 par. 1 CEDH»); en effet, il s'agit<br />

P/3409/2001

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!