JUGEMENT DU TRIBUNAL CORRECTIONNEL Chambre 7 22 juillet ...
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du pouvoir décisionnel et connaissaient les chiffres précis en matière de provisionnement, à<br />
savoir F. et C. (déclarations C., 2'002'376, 2'002'382; déclarations F., 2'002'993, 2'002'328; cf.<br />
aussi déclaration G.V., 2'003'786). Il n'en avait pourtant pas toujours été ainsi, puisque selon<br />
certaines déclarations, lors des débuts de la BCGE, des montants de provision étaient associés<br />
aux différentes positions à risque (déclaration T.Z., procès-verbal des débats du 28 juin 2011,<br />
p. 15; déclaration B.M., 2'004'829). On doit ainsi retenir que F. et C. ont mis en place une<br />
politique de secret quant au montant exact des provisions vis-à-vis de l'ensemble du personnel<br />
de la Banque et de ses organes.<br />
On ne saurait objecter que F. et C. ne faisaient ainsi que respecter le secret bancaire. Ce secret<br />
ne vaut en effet pas vis-à-vis des personnes qui appartiennent à la Banque ou à ses organes et<br />
qui, pour effectuer correctement leur mission, doivent être nantis d'une information, si<br />
sensible soit-elle. Dans cette mesure, on peut certes éventuellement comprendre une certaine<br />
réserve (mais non une opacité totale) vis-à-vis des administrateurs, dès lors que ceux-ci<br />
étaient nommés pour la plupart par des organes politiques, et que des précédents de nonrespect<br />
du caractère confidentiel de certaines données bancaires étaient connus. On comprend<br />
moins bien la justification donnée pour soustraire l'information sur le montant détaillé des<br />
provisions aux différents gestionnaires de comptes (cf. déclaration A.F., procès-verbal des<br />
débats du 24 juin 2011, p. 14; déclaration E.F., 2'016'202; déclaration D.B., procès-verbal des<br />
débats du 27 juin 2011, p. 7), à savoir que cela eût pu les démotiver dans la recherche de<br />
solutions profitables à la Banque (cf. déclaration F., procès-verbal des débats du 24 mai 2011,<br />
p. 15; déclaration G.V., procès-verbal des débats du 28 juin 2011, p. 7); à cet égard, certains<br />
gestionnaires ont précisé que cela ne les gênait pas (déclaration D.B., procès-verbal des débats<br />
du 27 juin 2011, p. 7), tandis que d'autres ont pu affirmer que cela n'aurait en rien entamé leur<br />
détermination (déclaration E.F., procès-verbal des débats du 27 juin 2011, p. 12), mais quoi<br />
qu'il en soit, la pratique actuelle de la BCGE a changé sur ce point, pour le mieux semble-t-il<br />
(déclaration B.G., procès-verbal des débats du 26 mai 2011, p. 13; déclaration B.M.,<br />
2'004'830; déclaration Y.N., 2'005'483, particulièrement évocatrice: «je ne vois pas comment<br />
on pourrait connaître avec précision le besoin en provision sans faire appel aux gestionnaires<br />
concernés. Ceci implique une connaissance détaillée des positions débitrices»). Et l'on ne<br />
comprend en revanche plus du tout quels motifs peuvent pousser les deux plus hauts cadres de<br />
la DG à cacher les détails du provisionnement au service de la comptabilité (déclaration I.H.,<br />
2'005'130; déclaration Y.N., 2'005'482) ou aux chefs des départements concernés par les<br />
provisions (cf. déclarations G.V., 2'003'786 et 2'005'116; déclarations T.Z., procès-verbal des<br />
débats du 28 juin 2011, pp. 15 et 19, et 2'003'799; déclaration G.F., 2'002'458), et a fortiori au<br />
chef de l'inspectorat (déclaration J.-D.B., 2'001'658, 2'005'365, et note interne de l'inspectorat,<br />
7'<strong>22</strong>2'471; déclaration T.D.J., 2'006'395; étant précisé que selon ce dernier, l'inspectorat a<br />
suggéré, 2'000'144, de faire figurer les propositions de provisionnement, ce qui a été refusé<br />
par la DG, et notamment par F.) alors même qu'aucune rupture de confiance n'était<br />
discernable à leur égard. On ne peut qu'en déduire que cette volonté de cacher les détails en<br />
matière de provisionnement revenait à se garder les coudées franches en matière de<br />
détermination des montants; et en l'absence de tout document détaillant les provisions position<br />
par position, il devenait impossible même de savoir si ces montants étaient bien calculés ligne<br />
P/3409/2001