les ruines - Notes du mont Royal

3o LES RUINES.
« — 0 Génie ! dis-je en l'interrompant, la rue
d'un mortel n'atteint pas à ces objets dans un tel
éloignement.... » Aussitôt, m'ayant touché la vue ,
mes yeux devinrent plus perçans que ceux de l'aigle
; et cependant les fleures ne me parurent encore
que des rubans sinueux, les montagnes, des sillons
tortueux, et les Tilles, que de petits compartimens
semblables à des cases d'échecs.
Et le Génie m'indiquant du doigt les objets :
« Ces monceaux, me dit-il, que tu aperçois dans
l'aride et longue vallée que sillonne le Nil, sont les
squelettes des villes opulentes dont s'enorgueillissait
l'ancienne Ethiopie; voilà cette Thèbes aux cent
palais, métropole première des sciences et des arts,
berceau mystérieux de tant d'opinions qui régissent
encore les peuples à leur insu. Plus bas, ces blocs
quadrangulaires sont les pyramides dont les masses
t'ont épouvanté : au-delà, le rivage étroit que
bornent et la mer et de raboteuses montagnes, fut
le séjour des peuples phéniciens. Là furent les villes
de Tyr, de Sidon, à'Ascalon, de Gaze et de Beryle.
Ce filet d'eau sans issue est le fleuve du Jourdain,
et ces roches arides furent jadis le théâtre d'événemens
qui ont rempli le monde. Voilà ce désert
A'Horeh et ce mont Sinaï, où, par des moyens
qu'ignore le vulgaire, un homme profond et hardi
fonda des institutions qui ont influé sur l'espèce
entière. Sur la plage aride qui confine , tu n'aperçois
plus de trace de splendeur, et cependant ici