Tunisie - ACSTdigitalstorytellingTSFrenchproject
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l’occupant, c’est-à-dire le français. Cette langue, que ces jeunes poètes adoptent dès<br />
lors, porte en elle le désir de défi nir une identité repoussée jusqu’alors aux confi ns du<br />
ghetto. En véritable porte-voix, elle soulève également le verbe de la revendication,<br />
du malaise, du désir criant d’échapper aux conditions fort aliénantes qu’impose la<br />
France aux <strong>Tunisie</strong>ns. Citons, à ce propos, Marius Scalési (1891-1922), dont le seul<br />
recueil posthume, Les Poèmes d’un maudit, évoque la souffrance mais aussi l’espoir<br />
d’une vie meilleure.<br />
Plus tard, Albert Memmi (1920) raconte, dans son premier roman autobiographique,<br />
La Statue de sel (1953), par l’entremise de ses souvenirs d’enfance, sa triste expérience<br />
de l’oppression, avec cependant beaucoup d’humour. Mentionnons également<br />
la prose poétique d’Abdelmajid Tlatli contenue dans son ouvrage Sur les cendres de<br />
Carthage (1952); la poésie de Salah Ferhat dans Chants de l’amour; celle de Tahar Essafi ,<br />
qui peint les avatars de l’exil dans Les toits d’émeraude. Hachemi Baccouche signe,<br />
quant à lui, des essais, des romans et des œuvres dramatiques (Ma foi demeure, 1958;<br />
La Dame de Carthage, 1961).<br />
Enfi n, tous les auteurs cités dans le précédent paragraphe, qui adoptent la syntaxe<br />
de l’Hexagone, constituent une fi ne part des artisans de la production littéraire en<br />
<strong>Tunisie</strong>. En revanche, la majorité des œuvres sont écrites en arabe car, d’écrire Jean<br />
Fontaine: […] le <strong>Tunisie</strong>n, quand il engage son être le plus profond, s’exprime en arabe. La<br />
littérature tunisienne de langue française est le résultat de la période coloniale.<br />
On ne peut passer sous silence l’apport remarquable du poète romantique Abou-<br />
El Qacem Chebbi, né à Tozeur, qui, en 1934, fut emporté par la maladie à l’âge de<br />
25 ans. Son unique recueil de poèmes, Les Chants de la vie, publié à titre posthume, met<br />
en vers dans la langue de Khaldoun le désir de briser les chaînes de la vie coloniale.<br />
Chebbi, le chantre de l’espoir, est considéré aujourd’hui comme l’un des plus grands<br />
poètes de la modernité en <strong>Tunisie</strong>. Le musée Dar Cheraït, situé dans la ville qui a<br />
vu naître «l’enfant des sables», lui rend hommage en lui consacrant un espace dédié<br />
à sa mémoire.<br />
Chez nos contemporains, soulignons l’œuvre poétique de Fadhila Chebbi, professeure<br />
d’arabe née également à Tozeur, en 1948, qui prit un véritable essor durant les<br />
années 1970 avec Rawâ’ih al ardh wa l-ghadhab (Odeurs de terre et de colère, 1973). Son travail<br />
demeure important puisqu’il réunit à ce jour près d’une dizaine de titres, dont le<br />
plus récent, publié en 1999, Al Ofôan (Le python), emprunte la voie de la mythologie.<br />
La <strong>Tunisie</strong>, berceau d’une littérature aux mille et un visages, exerce une certaine<br />
fascination auprès de plusieurs auteurs étrangers venus de France. Parmi les titres<br />
les plus connus, notons De Tunis à Kairouan, de Guy de Maupassant; Le Prince Jaffar,<br />
de Georges Duhamel; Le Véloce et De Cadix à Tunis, d’Alexandre Dumas; Salammbô, de<br />
Gustave Flaubert; et Les Musulmanes, de Charles Géniaux.<br />
Architecture<br />
Il va sans dire que le caractère architectural de la <strong>Tunisie</strong> se déploie du nord au sud<br />
et de l’est à l’ouest au sein d’une remarquable diversité. Les nombreuses dynasties<br />
qui s’y sont succédé ont contribué à l’érection de demeures, de palais, d’ouvrages<br />
militaires et de mosquées que le visiteur peut maintenant contempler d’un œil averti.<br />
De l’époque punique, il n’est malheureusement resté que peu de bâtiments, car<br />
Carthage ayant été complètement détruite, et trois fois plutôt qu’une, il faut ici davantage<br />
parler de vestiges archéologiques que d’édifi ces. L’un des rares monuments qu’il<br />
soit encore possible d’observer est le merveilleux mausolée libyco-punique de Dougga,<br />
une tour carrée de trois étages. Le site de Kerkouane, quant à lui, abrite assurément les<br />
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Portrait - Culture