Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

REVUE DE PRESSE-PRESS REVlEW-BERIIkOKA ÇAP~-RMsrA STAMPA-DENTRO DE LA PRENSA-BASIN ÖZETi
Les Kunles choisissent la diplomatie
Abdullah Oçalan, le dirigeant du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a profité des fêtes du
Newroz (nouvel an kurde) pour annoncer une trêve des attentats contre la Turquie. Après un conflit
qui a fait 5 000 morts, ilrenonce, "pour le moment'; à la création d'un Etat indépendant et envisage
une solution diplomatique au problème kurde.
Le message d'Abdullah Oçalan
envoyé à Ankara par l'intermédiaire
de Jelal Talabani [président de
['Union patriotique du Kurdistan
- UPK -, ['un des deux principaux
mouvements kurdes irakiens] a créé
bien des remous. Et les réactions à ce
message font comprendre que le gouvernement
se trouve toujours dans le
flou quant à l'attitude à adopter. Il y a
plusieurs raisons à cette indécision:
avant toute autre chose, Apo. est une
personne à qui on ne peut se fier. Talabani
lui-même l'a souligné en précisant
qu'il ne cautionnait pas le message
d'Apo. Il ne faut donc pas
s'étonner si une offensive suicide sanglante
succède à cette missive.
D'autre part, il est difficile de savoir
si le message d'Apo reflète l'ensemble,
des tendances au sein de son organisation,
et si celui-ci en a vraiment le
contrôle total. Les déclarations
contradictoires faites en Allemagne au
nom de l'organisation incitent aussi à
une grande prudence dans les décisions
à prendre sur ce sujet. En faisant
l'analyse du message transmis par
Talabani, cependant, certains soulignent
que cette tentative est le résultat
des coups fatals, portés au PKK et de
l'impasse où H se trouve désormais.
Cette explication, même si elle
contient des éléments réels, nous
conduirait vers une direction dangereuse.
Faire l'amalgame entre le PKK
et la question kurde est une erreur qui
empêcherait, avant la recherche d'une
solution au problème, sa discussion
même sur des bases saines. Par la voie
de la terreur, le PKKa fait admettre à
Ali Sirmen - Milliyet (Istanbul)
l'opinion publique l'existence d'une
question kurde mais, en même temps,
il a empêché que cette question soit
soulevée et analysée avec maturité et
sang-froid, sans complexes. Nous
pouvons même dire que l'organisations
d'Apo a servi de prétexte pour
ceux qui ne veulent pas voir ce problème.
Et il a créé des difficultés à ceux
qui essayaient d'avoir une juste
approche du sujet.
Lorsque je m'entretenais, en
décembre 1992, avec des organisations
de défense des droits de
l'homme en France, on me posait toujours
cette même question: "Ce gouvernement
qui dit reconnaître la réalité
kurde, en quelle mesure est-il sincère?
Va-toil pouvoir faire des pas concrets
dans ce sens ?" J'essayais de préciser
dans ma réponse que l'évolution de la
situation ne dépendait pas seulement
du gouvernement, mais que le PKK
aussi devait adopter une attitude qui
puisse rendre possible une approche
concrète. Au cas où Apo ne prendrait
pas cette voie, mais opterait pour une
escalade de la terreur, le gouvernement
ne pourrait pas faire grandchose,
même s'Hie désirait.
En effet, les choses ont évolué dans
ce sens, et, en jouant l'escalade de la
terreur, le PKKa empêché que la question
soit traitée d'une manière saine.
Si, désormais, l'organisation d'Apo
agit dans le sens du message transmis
à Ankara, cela va créer une atmosphère
tout à fait nouvelle, et, pour la
première fois en Turquie, cette question
pourra être traitée avec sagesse et
vigueur. On peut même dire que dans
ces conditions, la tâche d'Ankara sera
encore plus délicate.
Un autre aspect curieux du problème
est la structure féodale du HEP
{Partipopuliste du travail, rassemblant
des députés kurdes], dont nous avons
toujours défendu la présence au Parlement
et le droit à la parole, qui aurait
pu porter sur le plan officiel la discussion
de la réalité kurde. Ses membres,
qui semblent se plaindre du chauvinisme
turc, pourront-ils enfin dépasser
leur propre chauvinisme pour parvenir
au sang-froid, à la maturité et au
sérieux qu'exige cette question'? Nous
allons le voir avec le temps.
Quelle que soit désormais l'attitude
du PKK et de Oçalan, une chose doit
être maintenant clairement admise: la
question kurde existe indépendamment
du PKK. Sommes-nous prêts à
voir cette réalité et à ouvrir le débat
pour chercher des soJutions, en utilisant
la raison plutôt que les sentiments,
dans le calme et sans préjugés?
Ou allons-nous perdre aussi cette
occasion, les deux parties restant prisonnières
d'idées fixes, de préjugés et
des colères du passé? La mission, qui
incombe à ceux qui veulent vraiment
un dialogue et la recherche de solutions,
est d'essayer de créer les conditions
qui favoriseront un débat sincère,
responsable, sans dévier vers la
facilité et sans se noyer dans le populisme.
Je sais que ce n'est pas une
chose simple, mais nous n'avons pas
d'autre solution.
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• Apo : surnom donné à Abdullah Oçalan, fondateur
du PKK,parti indépendantiste et marxisteléniniste.
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