Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

IREvvE DE PRESSE- PRESS REvIEw-BERHEVOKA ÇAPt-RMSTA STAMPA-DENTRO DE lA PRENSA-BASlN Özm:i
potentiel entre la Communauté Atlantique,
un Moyen-Orient difficilement contrôlable et
un bloc soviétique sur le point d'imploser. ....
La participation active d'Ankara en tant que
fidèle de Washington dans la guerre du Golfe
n'est sans doute pas pour rien dans cette
haute appréciation du rôle futur de l'allier
turc.
Toujours est-il que ce sont déjà là des raisons
suffisantes pour qu'à Washington,
Paris, Bonn, et Londres, dans ces hautes
sphères où le "new look" politique consiste
(surtout lorsqu'il s'agit de camoufler d'autres
motivations moins avouables et moins
nobles) à s'indigner contre la guerre, la
misère, les mjustices, les atteintes aux Droits
de l'Hom\ne dont sont victimes telles ou
telles populations, on reste étrangement muet
dès qu'il s'agit de mettre en cause le comportement
des gouvernants turcs. C'est pourtant
une véritable guerre où les victimes se
comptent par milliers qu'Ankara a déclenchée
contre les Kurdes de Turquie et, contre
le Parti des Travailleurs Kurdes (PKK), un,
mouvement dont il faut bien reconnaître
(quelles que soient les réserves et les critiques
formulées par diverses organisations
démocratiques-turques ou kurdes-à son
égard) qu'il joue un rôle essentiel dans la
défense des aspirations du peuple kurde. Une
guerre qui, faute de solution politique rapide,
risque de s'intensifier encore et, dégénérant
en guerre civile, de gagner d'autres régions,
puisque deux tiers de la population kurde
résident hors du Kurdistan, dans diverses
villes et provinces de Turquie.
Le 6 novembre dernier, le "Turkish Daily
News", quotidien de langue anglaise paraissant
à Istanbul, publiait le bilan, établi par le
chef de l'état-major général de l'armée, des
opérations militaires menées depuis le début
octobre 1992. De durs combats se poursuivaient,
indiquait-il, dans le pays kurde et, sur
une profondeur de 20 à 30 kilomètres, en
Irak même. Notons en passant que la violation
par les troupes turques des frontières
d'un état souverain et l'occupation d'un territoire
étranger n'auront pas suscité la
moindre critique de la part des grandes puissances
occidentales qui, dans le même
temps, s'auto-proclament gardiennes et
garantes du droit international. Selon ce
communiqué, durant le seul mois d'octobre,
le PKK avait perdu 4.500 militants: pour
1.800 d'entre eux, morts au cours des combats,
les autres prisonniers ou blessés. La
déclaration officielle restait silencieuse sur
un autre aspect plus injustifiable encore de la
répression: il s'agit du massacre programmé
de civils jugés encombrants, de la destruction
de villages, de l'évacuation forcée de
dizaines de milliers d'habitants de ces
régions. Des faits réels sur lesquels se taisent
les dirigeants turcs et que nie même, avec de
grands élans dïndignati'on, le premier
ministre, M. Suleyman Demirel, mais dont
témoignent les enquêtes menées par diverses
organisations comme "Amnesty International",
la Fédération Internationale des Droits
de l'Homme, "Helsinki Watch", le groupe
parlementaire britannique pour la défense
des Droits de l'Homme que dirige Lord
Avebury, l'Association turque des Droits de
l'Homme. "Rien qu'au cours des six derniers
mois, écrit le président de l'Institut kurde de
Paris ("Le Monde" du 22 novembre 1992),
,352 civils kurdes, en majorité des médecins,
ingénieurs et intellectuels ont été assassinés.
soit directement par les TIM ("unités spéciales
anti-émeute") soit par divers "escadrons
de la mort" occultes et autres auxiliaires
des services turcs". On pourrait ajouter
une autre précision à ce bilan: dix journalistes
qui avaient eu l'idée saugrenue de faire leur
métier et de dire ce qu'ils avaient vu et ce
qu'ils savaient de la répression ont été assassinés
en moins d'un an. Méthode nouvelle,
plus efficace encore que la censure pour
empêcher la vérité d'être dite et publiée.
Selon ce même témoignage, de janvier à fin
novembre 1992, 296 villages kurdes ont été
évacués de force et six villes (Sirnak"
Cukurca, Kulp, Dic:1e, Hani et Cizre) partiellement
détruites par rarmée. Des "rebelles",
des "terroristes", des "séparatistes", des
"bandits", tels sont les termes utilisés dans'
les discours et commentaires officiels pour
qualifier ou plutôt pour disqualifier les combattants
kurdes. Rien de bien nouveau en
vérité. C'est là l'habituel vocabulaire de politiciens
et de militaires qui ne comptent que
sur la force pour s'opposer aux aspirations
d'un peuple à vivre libre, à sa volonté d'être
lui-même, de promouvoir sa culture et sa
langue. Comment tenter de justifier autrement
une répression aussi sanglante? Oui, du
"déjà vu", du "déjà entendu", C'est ce que je
ne cessais de me dire durant ce séjour turc
car je ne pouvais m'empêcher de penser au
précédent algérien. En ce temps-là aussi, des
gouvernants (et ceux-ci siégeaient à Paris),
niaient qu'il y eût une "question nationale"
dans cette Algérie "française" et refusaient
d'entendre les voix qui demandaient que se
taisent les armes et que s'ouvrent des pourparlers
pour une solution pacifique. On sait
combien de deuils et de malheurs a coûtés, à
l'Algérie, et aussi à la France elle-même,
leur criminel entêtement.
Trente ans après la fin de la guerre d'Algérie,
nos gouvernants ne semblent pas disposés à
aider leurs alliés turcs à profiter de cette
expérience. Bien au contraire, ce sont des
encouragements et des flatteries qu'ils leur
prodiguent, en accord avec leurs collègues
européens et américains et François
Mitterrand était encore récemment leur hôte
à Istanbul. La Turquie ne doit-elle pas, dans
les plans stratégiques de l'Occident, devenir
ce bastion qui aidera 11 tenir en respect les
peuples remuants et instables du Moyen-
Orient? N'est-elle pas non plus promise,
selon les plans des USA à servir de relais à
leurs ambitions de pénétration économique et
politique dans les républiques ex-soviétiques
d'Asie centrale, géographiquement et culturellement
proches de la Turquie? On oubliera
donc, en ce qui la concerne, ce nouveau
"principe" de relations internationales, celui
du prétendu droit à l' "ingérence humanitaire"
dont les "inventeurs" démontrent ainsi,
bien involontairement, toute l'hypocrisie. ,
D'un commun accord, donc, ils continueront,
à "aider" la Turquie en lui fournissant le '
matériel militaire dont elle a besoin, à se '
taire sur le massacre d'un peuple, à fermer
les yeux sur cette guerre clandestine, menée
aux frontières de rEurope.
A moins que la voix des peuples ne résonne
assez fort pour enfin briser le silence, faire
éclater la vérité et imposer la paix,
Henri ALLEG
VIE OUVRIERE
8 FEVREIR 1993
15~Kurdes
observent une grève de la
faim à Bruxelles depuis le
27 janvier. TIsentendent
ainsi protester contre la
répression menée par
l'armée turque au
, Kurdistan et briser le
silence dont font preuye
les médias européens.
Selon eux, 385 civils ont
été tués en 1992 lors
d'actions de « nettoyage»
et près de 300 villages ont
éte détruits ou incendiés.
Ils exigent de faire
pression sur l'Etat turc
pour obtenir l'arrêt de '
l'aide militaire à Ankara et
l'envoi d'une mission
internationale d'enquête.
.Un député belge et
plusieurs allemands se
sont joints à leur
mouvement de grève:
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