Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
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BULLETIN DE LIAISON ET D'INFORMATION.<br />
5 •<br />
BOROUMAND, Kazem RADJAVI,<br />
Chapour BAKHTIAR, Ali Akbar<br />
GHORBANI, Fattah ABDOLI,<br />
Sa<strong>de</strong>gh SHARAFKANDI, pour ne citer<br />
qu'eux, la liste est longue <strong>de</strong> ceux qui ont<br />
disparu ou ont été assassinés ces<strong>de</strong>rn Ïères<br />
années.<br />
Etant donné la qualité <strong>de</strong>s personnes<br />
assassinées, qui ont toutes en commun un<br />
militantisme actif dans l'opposition<br />
iranienne, <strong>et</strong> au vu <strong>de</strong>s conclusions convergentes<br />
<strong>de</strong>s enquêtes policières, un<br />
constat s'impose: celui d'un plan concerté<br />
d'élimination <strong>de</strong> cesopposants par l'Etat<br />
iranien, plan dont les dirigeants font<br />
état publiquement.<br />
Des mesures politiques <strong>et</strong> judiciaires<br />
doivent êtreprises pour m<strong>et</strong>tre un terme<br />
à c<strong>et</strong>te répression d'Etat en particulier<br />
dans lespays européens dont la vocation<br />
<strong>de</strong> terre d'asile les engagent auprès <strong>de</strong><br />
ceux qu'ils accueillent.<br />
Aussi, nous <strong>de</strong>mandons, Monsieur le<br />
Prési<strong>de</strong>nt:<br />
1. Que lesEtatssurles territoires <strong>de</strong>squels<br />
ont lieu ces exactions, jugent <strong>et</strong> condamnent<br />
tous les individus responsables<br />
<strong>de</strong> ces actions criminelles <strong>et</strong> prennent les<br />
mesures <strong>de</strong> rétorsion appropriées à l'encontre<br />
<strong>de</strong> l'Etat fautif.<br />
2. Que cessela politique <strong>de</strong> complaisance<br />
vis-à-'lJis <strong>de</strong>s Etats qui pratiquent le<br />
terrorisme international comme l'Iran <strong>et</strong><br />
qu'une condamnation claire soit prononcée<br />
par la communauté internationale.<br />
3. Que soient appliquéesfermement toutes<br />
lessanctionsnécessairesvis-à-'lJis <strong>de</strong>l'Iran<br />
pour que ne se reproduisent plus ces crimes<br />
terroristes.<br />
Monsieur<br />
le Prési<strong>de</strong>nt,<br />
A propos <strong>de</strong> la Turquie, plus personne<br />
n'ignore, ni ne sous-estime, à l'exception<br />
du gouvernement turc la gravité <strong>de</strong> la<br />
situation <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l'homme dans le<br />
sud-est <strong>de</strong> cepays.<br />
Pluspenonnenonplusnenielïmpun~é<br />
dont semble bénéficier le gouvernement<br />
turc, en dépit <strong>de</strong>s rapports constants <strong>et</strong><br />
accablants <strong>de</strong>sprincipales organisations<br />
<strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l'homme (Amnesty Internationa/,<br />
FIDH, Helsinki Watch, <strong>et</strong>c.).<br />
Les raisonsgéo-politiques qui expliquent<br />
c<strong>et</strong>te situation sont connues, le gouvernement<br />
turc en tire le meilleur profit,<br />
grâce également à une habile politique <strong>de</strong><br />
désinformation.<br />
La situation <strong>de</strong>s personnes détenues n'a<br />
jamais été aussi dramatique, les cas <strong>de</strong><br />
«suici<strong>de</strong>s»en gar<strong>de</strong> à vue sont multiples,<br />
par exemple M. Burhan Serikti <strong>et</strong> M.<br />
Agit Salman pendant l'année 1992.<br />
En effit, l'enquête menée par l'organisation<br />
<strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l'homme a révélé que<br />
M. Burhan Serikti a été assassiné sous la<br />
torture à l'unité militaire <strong>de</strong> commandos<br />
à Batman, <strong>et</strong> M. Agit Salman fut assassiné<br />
durant sa gar<strong>de</strong> à vue à Adana.<br />
Le nombre <strong>de</strong>spersonnes disparues après<br />
leur arrestation par les services <strong>de</strong> sécurité<br />
esten très n<strong>et</strong>te augmentation <strong>de</strong>puis<br />
plusieurs mois. Contrairement à ses<br />
promesses, legouvernement turc n'a pris<br />
aucune disposition significative susceptible<br />
<strong>de</strong> restaurer un tant soitpeu l'état <strong>de</strong><br />
droit en Turquie.<br />
La loi modifiant<br />
le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> procédure<br />
Pénale, adoptte le 18 novembre 1992,<br />
maintient la gar<strong>de</strong> à vue à trente jours<br />
pour les crimes collectifs dans les treize<br />
provinces <strong>de</strong> la Turquie soumises à l'état<br />
d'urgence (personne n'est dupe <strong>de</strong> ce que<br />
la dénomination «crime collectif»perm<strong>et</strong><br />
pour la très gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s inftaclions<br />
faire <strong>de</strong> ce qui <strong>de</strong>vrait être une<br />
exception à la règle).<br />
Contrairement aux promesses faites,<br />
l'article 15<strong>de</strong> la loi du 12avril1991 (qui<br />
organise à lui seul une véritable impunité<br />
légale) n'a pas été supprimé. Le proj<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
création d'une cour d'appel qui <strong>de</strong>vait<br />
servir d'intermédiaire entre lestribunaux<br />
locaux <strong>et</strong> la cour<strong>de</strong> cassation a étéreporté.<br />
Les décr<strong>et</strong>s-lois n 0 424 <strong>et</strong> 425 entrés en<br />
vigueur en avril 1991, qui empêchent<br />
tout recours en justice contre les fonctionnaires<br />
<strong>de</strong> l'Etat, n'ont pas été abrogés.<br />
C'est pourquoi la Turquie n'est pas revenue<br />
sur la notification faite au secrétaire<br />
général du Conseil <strong>de</strong> l'Europe, aux<br />
fins <strong>de</strong> déroger aux obligations inscrites<br />
dans les articles 5, 6, 8, 10, 11 <strong>et</strong> 13 <strong>de</strong> la<br />
Convention Européenne <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong><br />
l'Homme.<br />
Le dysfonctionnement <strong>de</strong> l'administration<br />
<strong>de</strong> la justice résulte, non seulement<br />
<strong>de</strong> l'utilisation à plein régime <strong>de</strong>s tribunaux<br />
<strong>de</strong> sûr<strong>et</strong>é <strong>de</strong> l'Etat, mais également<br />
<strong>de</strong> l'extrême difficulté dans laquelle se<br />
trouvent lesavocats d'exercerleur mission.<br />
En effit, les avocats exerçant dans la<br />
région <strong>de</strong> Diyarbakir, lefont <strong>de</strong> plus en<br />
plus auptril <strong>de</strong> leur vie. Les organisations<br />
internationales <strong>de</strong>sdroits <strong>de</strong>l'homme sont<br />
intervenues récemment auprès du gouvernement<br />
turc pour que cessent les menaces<br />
<strong>de</strong> mort à l'encontre <strong>de</strong> maitre Feyzi<br />
Veznedaroglu, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'association<br />
<strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l'homme <strong>de</strong> Diyarbakir.<br />
Si rien n'est fait pour contraindre le<br />
gouvernement turc àprendre les mesures<br />
qui s'imposent, <strong>de</strong>s avocats vont tomber<br />
sous les balles <strong>de</strong>s escadrons <strong>de</strong> la mort<br />
dans les mois à venir.<br />
Ces <strong>de</strong>rnières semaines, <strong>de</strong>s témoignages<br />
concordants démontrent que le rythme<br />
<strong>de</strong>s exécutions sommaires <strong>de</strong> civils kur<strong>de</strong>s<br />
s'est accéléré. En effit, <strong>de</strong>s journalistes,<br />
<strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins, <strong>de</strong>s étudiants ont été récemment<br />
assassinés <strong>et</strong> notamment M.<br />
T aranci (journal Gerçek), le20novembre<br />
1992.<br />
Si les exactions du PKK doivent être<br />
condamnées <strong>et</strong> notamment lesassassinats<br />
<strong>de</strong> chefs <strong>de</strong> villages suspectés <strong>de</strong> collaboration,ftrce<br />
est <strong>de</strong> reconnaitre:<br />
- d'une part, que le PKK n'ajamaispris<br />
pour cible les civils turcs, c'est d'ailleun ce<br />
que reconnaît le professeur Mahir<br />
Kaynak, ancien haut responsable <strong>de</strong>s<br />
services secr<strong>et</strong>s turcs dans le quotidien<br />
Hürriy<strong>et</strong> du 4 octobre 1992.<br />
- d'autre part, que ces exactions ne<br />
sauraient servir indéfiniment d'alibi au<br />
gouvernement turc pour masquer, sinon<br />
justifier les très graves violations <strong>de</strong>s<br />
droits <strong>de</strong> l'homme dont il est responsable.