Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

• • o. V' É C . U . .' 0
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Un mollah*
avec ses enfants
àHak Omran,
ville du Kurdistan
irakien proche de la
frontière iranienne.
Lafamille reste là
pour pouvoir
s'évader en cas
d'attaque
irakienne.
Avant d'arriver à Kaladiza, il ya
une espèce de tertre qui domine
la ville. Nous nous sommes arrêtés
~t j'y suis montée. À cc moment,
j'ai vu un spectacle hallucinant.
Devant moi, s'étalait sur
des kilomètres une ville où pas
une seule habitation n'était debout.
C'était comme un château
de cartes effondré, comme après
un tremblement de terre. La seu~
le chose vivante, c'étaient les
arbres. Les arbres qui n'avaient
pas été dynamités par l'armée
irakienne. Je voyais aussi les axes.
des rues, car les Kurdes avaient
eu le temps en quelques mois de
les nettoyer. Mais, de chaque
côté de ces rues propres, il n'y
avait que des amoncellements
de ruines.
Oes gens sous les ruhtcs
Au début, j'ai eu l'impression
qu'il n'y avait personne. Et puis
j'ai commencé à entendre des
bruits, les bruits d'une ville normale,
des gosses qui crient. des
tracteurs. Alors, petit à petit, j'ai
vu des gens qui marchaient au
milieu de ces ruines.
Je suis descendue du tertre et
nous sommes entrés dans la ville.
Là, je me suis rendu compte
que sous ces rumes, sous ces
plaques effondrées de béton, des
gens vivaient...
Avec mon interprète, nous avons
commencé par nous adresser à
des passants dans la rue : « Que
faites-vous ici, pourquoi vivezvous
dans ces gravats? » « On '
est rentré, chez nous; chez nouS',
c'est ici », nous ont-ils répondu.
J'ai vu une vieille femme qui
fouillait dans une ruine: « C'était
ma maison. Je cherche ce qui
peut en rester, un objet. quelque
chose. Je suis chez moi. »
D'autres ont même trouvé la force
de plaisanter. Ainsi cette femme,
dans une autre ruine, qui m'a
dit: « Regardez. Ça, c'était mon
salon avant. et ça, c'était ma cuisine.
La chambre était au premier
étage; eh bien, elle est au
rez-de-chaussée maintenant! »
Pour détruire une maison, les
Irakiens mettaient de la dynamite
aux quatre coins: avec l'explosion,
le toit s'effondrait. Ils
• Religieux responsable
de la mosquée.
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