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L es sociétés occidentales ont, par leur “marche en
avant” urbaine et économique, généré un aménagement
du territoire caractérisé par des espaces hétérogènes, à la
fois denses, diffus et fragmentés, dont les impacts sociaux,
économiques et environnementaux sont importants :
émissions de gaz à effet de serre, épuisement des ressources,
accumulation de déchets, saturations lumineuses,
acoustiques et olfactives, mais également artificialisation
excessive, gâchis d’espace, appauvrissement architectural,
crise de l’habitat, etc. Ici, les cycles naturels de l’eau et
des sols sont perturbés, là, la population est confrontée
à une ségrégation socio-spatiale et à la dégradation de la
qualité de vie… Autant de facteurs de stress humains et
environnementaux qui imposent une autre approche de
l’aménagement du territoire.
Depuis une vingtaine d’années émergent, dans les projets
d’aménagement et de construction, des concepts d’interaction
sociale et démocratique, culturelle et technique,
à travers des opérations alternatives ou expérimentales
récemment qualifiées de “durables”. Si ce terme est un peu
galvaudé, force est de reconnaître à la mode le pouvoir
d’infuser ces concepts, et d’avoir une influence dont on
peut profiter pour pousser des idées qui n’ont pas suffisamment
percé. Celles-ci peuvent être stimulées par des
contextes de précarité, par des volontés de gestion et de
régulation autonomes ou par un engagement en faveur
d’un mode de vie et de valeurs privilégiant le collectif.
Parfois, des temps éphémères de débats, de concertation,
voire d’opposition à un projet viennent transformer
la vision portée initialement par les porteurs de projet.
De cette tension entre les enjeux, entre les échelles,
entre les parties prenantes, naît une dynamique culturelle
et sociétale en concordance avec les préoccupations
contemporaines, et porteuse de références pour une société
en transition.
TOUTES ET TOUS CONCERNÉ-E-S !
Les problèmes posés sont nombreux, mais il est indispensable
de les replacer dans des questionnements plus
généraux, que cette publication cherche à rappeler afin
de donner à voir aux acteurs locaux, élus notamment,
que d’autres y sont ou y ont été confrontés et comment,
prenant conscience des enjeux - parfois poussés par les
citoyens – ils ont pu réagir et agir. Les opérations choisies
dans ce document présentent des propositions de
quartiers et villes ancrées dans la nature des lieux,
dans la culture et dans les usages. Elles témoignent
d’approches différentes qui conduisent à identifier de
nombreux concepts en relation avec différents modèles
de développement :
• la ville intensive, solidaire et mixte, inclusive, connectée ;
• la ville “bas carbone” intégrant le transport, l’urbanisme,
la sobriété et la basse consommation ;
• la ville ou le développement à bas impact (paysage,
hydraulique…) ;
• la ville “verte et bleue”, le métabolisme urbain ;
• la ville compacte, les espaces publics diversifiés ou multiusages,
la morphologie territoriale axée sur les espaces
ouverts.
On ne peut modifier notre relation à l’environnement sans
prendre en compte les attentes en termes de qualité de
vie pour tous, ni sans offrir des choix et des supports
concrets d’acceptation et d’implication des citoyens pour
des modes de vie plus durables et plus solidaires. Les mouvements
et concepts d’aménagement, de construction et
de gestion durables développés depuis quelques années
prennent en effet en compte aussi bien le bagage historique,
humain et culturel des bassins de population, que
les avancées des disciplines s’intéressant à l’être humain,
l’aménagement de l’espace et la construction. Les projets
se proclamant “quartiers durables”, s’ils se réfèrent aux
principes du développement durable, ne répondent pas
forcément à ces fondamentaux. Loin de les montrer du
doigt, et sans non plus délivrer des recettes à appliquer,
il convient plutôt de proposer des éléments de réflexion
permettant de mieux intégrer ces dimensions.
© H. Thielmann
Ville de Tubingen - quartier français
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Aménagement et construction durables - Îles ou territoires l ARENE 2013