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2 / Friches et délaissés urbains
Le contexte
Quand, après avoir fermé son site de
Winterthur, la société Sulzer lance
le projet immobilier Winti Nova qui
prévoit démolition massive et reconstruction,
elle rencontre une vive
opposition.
Cette gigantesque parcelle industrielle
pourvue d’une usine de 11,5 ha fait
partie d’un ensemble de friches industrielles
et ferroviaires situées le long
des voies ferrées entre Zurich et Saint-
Gall. Elle représente une opportunité
à la fois de restructuration économique
vers les secteurs porteurs des
services, de la culture et des loisirs,
et de diversification en lien avec le
développement et l’accueil de petites
et moyennes entreprises à haute valeur
ajoutée. Mais c’est aussi, depuis
1834 et avec ses 33 000 employés,
un site emblématique de l’histoire de
la ville et du canton.
Ces terrains privés d’un seul tenant à
proximité du centre-ville de Zurich, de
son aéroport, d’une gare et d’emprises
ferroviaires, représentent un enjeu
évident dans le contexte de métropolisation
de Zurich, de son rayonnement
et de son attractivité.
L’étalement des constructions aux
dépens des terres agricoles a une
portée urbaine, cantonale et nationale,
et fait partie dès 1996 des préoccupations
pour l’organisation territoriale
de la Suisse. La conscience
de l’augmentation de la vitesse de
consommation des sols construits et
de son impact croissant en termes de
nuisances et de pollutions, comme
la volonté d’optimiser l’usage des
transports, éveillent l’intérêt pour les
friches situées dans les centres et les
zones périurbaines et rurales.
Dès les années 2000, la Suisse procède
à des recensements et des classifications
en termes stratégiques et
économiques. Le projet de territoire
qu’elle porte affirme la nécessité de
la cohérence transport-urbanisme et
de l’optimisation du réseau polycentrique
des villes, ainsi que le rôle moteur
et international des territoires
métropolitains.
La Ville de Winterthur, ses habitants,
mais aussi des architectes et
des ingénieurs, interviendront pour
faire valoir leur vision des enjeux
urbains et économiques et réclamer
une nouvelle stratégie. La mise en
place d’une nouvelle gouvernance et
d’une nouvelle temporalité - et cela
malgré le caractère privé du foncier -
a permis un nouvel éclairage sur les
insuffisances des procédures opérationnelles
pour répondre aux défis de
l’aménagement et de la construction
durables.
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Le patrimoine industriel
© H. Thielmann