lui aussi grand connaisseur <strong>de</strong> <strong>la</strong> montagne <strong>et</strong> <strong>de</strong> sa faune, y voit, lui, une stratégied’ « appropriation » <strong>de</strong> <strong>la</strong> montagne par certains chasseurs tout du moins.Le résultat <strong>de</strong> <strong>la</strong> déréglementation est accab<strong>la</strong>nt : <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières femel<strong>les</strong> <strong>de</strong>sPyrénées occi<strong>de</strong>nta<strong>les</strong> sont tuées en 1994 <strong>et</strong> 2004 144 !En novembre 1994, une équipe <strong>de</strong> chasseurs <strong>de</strong> Borce, dont le fameux André Apiou,part chasser le sanglier en battue <strong>sur</strong> le secteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cristallère <strong>sur</strong> <strong>la</strong> commune <strong>de</strong> Borce. Aucours <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te partie <strong>de</strong> chasse, l’ourse "C<strong>la</strong>u<strong>de</strong>" sera abattue. Ce n’est que bien plus tard,dénoncés, que <strong>les</strong> chasseurs avoueront. André Apiou <strong>et</strong> A<strong>la</strong>in Céd<strong>et</strong> seront ainsi condamnéspar le Tribunal correctionnel <strong>de</strong> Pau le 16 février 1999. Ces hommes avaient légalementchassé <strong>dans</strong> une ancienne réserve dite "Lalon<strong>de</strong>"…Dix ans plus tard, le 1 er novembre 2004. Une équipe <strong>de</strong> chasseurs du vil<strong>la</strong>ge voisind’Urdos part chasser le sanglier en battue <strong>dans</strong> un secteur où l’ourse "Cannelle" étaitprésente avec son ourson <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux mois. La <strong>de</strong>rnière ourse <strong>de</strong> <strong>la</strong> lignée pyrénéenne estabattue par un <strong>de</strong>s chasseurs, René Marquèze. Ce secteur jouxtait une ancienne réserve dite"Lalon<strong>de</strong>"…Aujourd’huiLa volonté <strong>de</strong>s associations <strong>de</strong> voir créer <strong>de</strong>s réserves n’est pas un désir d’empêchertoute forme <strong>de</strong> chasse 145 , mais celui <strong>de</strong> préserver <strong>la</strong> tranquillité <strong>de</strong>s secteurs vitaux sans<strong>la</strong>quelle une popu<strong>la</strong>tion d’ours n’a guère d’avenir.Alors que nous attendions une réaction forte après <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière ourse <strong>de</strong>sPyrénées, ce fut l’exact contraire qui se produisit. Depuis 2005, <strong>la</strong> pratique <strong>de</strong> <strong>la</strong> chasse ne faitplus l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> limitation spécifique en zone <strong>de</strong> présence régulière d’ours, en vertu <strong>de</strong> <strong>la</strong>"Charte massif" négociée par l’Etat avec <strong>les</strong> six fédérations <strong>de</strong> chasseurs <strong>de</strong>s Pyrénées, dont<strong>de</strong>ux seulement l’ont ratifiée (Pyrénées-At<strong>la</strong>ntiques, Haute-Garonne). Ainsi, en 2005, <strong>dans</strong> <strong>les</strong>Pyrénées-At<strong>la</strong>ntiques, au moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> signature <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te charte par <strong>les</strong> chasseurs, <strong>les</strong> réservesdites tournantes sont remp<strong>la</strong>cées, <strong>dans</strong> certains secteurs répertoriés comme fréquentés parl’ours en automne, par une simple déc<strong>la</strong>ration d’aller y chasser en battue, à envoyer àl’O.N.C.F.S. 72 heures avant <strong>la</strong> battue ! Le Réseau ours brun <strong>et</strong> l’O.N.C.F.S. sont <strong>dans</strong>l’impossibilité en moyens humains d’aller vérifier <strong>dans</strong> chacun <strong>de</strong> ces secteurs, <strong>et</strong> <strong>dans</strong> undé<strong>la</strong>i aussi bref, qu’un ours est présent ou non. Jean-Jacques Camarra confie que repérer <strong>les</strong>ourses suitées nécessite <strong>de</strong>s moyens que son réseau ne possè<strong>de</strong> pas. Il est seul avec quelquesvacataires, ce qui est très insuffisant. Aujourd’hui, <strong>la</strong> question ne se pose toutefois plus <strong>dans</strong><strong>les</strong> Pyrénées-At<strong>la</strong>ntiques <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> disparition <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière femelle. Toutefois, <strong>la</strong>S.E.P.A.N.S.O.-Béarn, excédée par <strong>la</strong> mol<strong>les</strong>se du préf<strong>et</strong> <strong>et</strong> <strong>les</strong> dispositions pour empêcher <strong>de</strong>nouveaux "acci<strong>de</strong>nts" entre chasseurs <strong>et</strong> ours, a déposé <strong>de</strong>puis trois ans <strong>de</strong>s recours enannu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>vant le T.A. <strong>de</strong> Pau, contre <strong>les</strong> dispositions réglementant <strong>la</strong> chasse en battue <strong>dans</strong><strong>les</strong> territoires ursins <strong>de</strong>s Pyrénées-At<strong>la</strong>ntiques, dispositions contenues <strong>dans</strong> <strong>les</strong> arrêtéspréfectoraux d’ouverture <strong>de</strong> <strong>la</strong> chasse. C’est <strong>la</strong> seule association à mener un tel contentieux<strong>dans</strong> <strong>les</strong> Pyrénées (voir ci-<strong>de</strong>ssous).144 Une troisième est peut-être aussi morte sous <strong>les</strong> bal<strong>les</strong>, sans preuve absolue.145 Rappelons que Ferus <strong>et</strong> <strong>la</strong> Fédération S.E.P.A.N.S.O., notamment, comptent <strong>de</strong>s chasseurs aux postes <strong>de</strong>reponsabilité.100
Voici ce que Jean Lauz<strong>et</strong>, naturaliste, très bon connaisseur <strong>de</strong> <strong>l'ours</strong> <strong>de</strong>s Pyrénées, <strong>et</strong>représentant <strong>de</strong> <strong>la</strong> S.E.P.A.N.S.O.-Béarn, écrivait après une réunion à <strong>la</strong> sous-préfectured'Oloron concernant <strong>la</strong> prise en compte <strong>de</strong> <strong>l'ours</strong> lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> saison <strong>de</strong> chasse, 2006-2007, <strong>dans</strong><strong>les</strong> Pyrénées-At<strong>la</strong>ntiques :« Depuis l'an passé, en eff<strong>et</strong>, le préf<strong>et</strong> a tenté <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s me<strong>sur</strong>es pour éviter<strong>de</strong> nouveaux "acci<strong>de</strong>nts". En cours <strong>de</strong> saison <strong>de</strong> chasse 2005-2006 (en novembre) il avait ainsiété décidé que <strong>les</strong> chasseurs téléphonent à l'O.N.C.F.S. 72 heures avant <strong>la</strong> tenue d'une battue<strong>dans</strong> certaines zones. La S.E.P.A.N.S.O.-Béarn avait estimé à l'époque que ce<strong>la</strong> étaitcomplètement insuffisant puisque rien n'interdisait <strong>les</strong> chasseurs <strong>de</strong> chasser même si un oursétait repéré <strong>dans</strong> <strong>les</strong> zones en question, que <strong>la</strong> superficie concernée était ridicule <strong>et</strong> que <strong>de</strong>véritab<strong>les</strong> me<strong>sur</strong>es cynégétiques auraient été <strong>de</strong> supprimer <strong>la</strong> chasse en battue au profit <strong>de</strong> <strong>la</strong>chasse à l'affût. Nous avions donc dénoncé au TA l'arrêté préfectoral. Ce printemps, un bi<strong>la</strong>n aété tiré <strong>de</strong> l'expérience <strong>et</strong> l'on s'est aperçu que <strong>les</strong> chasseurs avaient fait en réalité ce qu'ilsavaient voulu. Trois réunions ont eu lieu ensuite pour adapter <strong>les</strong> me<strong>sur</strong>es à <strong>la</strong> nouvelle saison<strong>de</strong> chasse 2006-2007. Il a seulement été décidé d'appliquer ce dispositif à partir du 1erseptembre. C'est à dire que certains secteurs sont concernés du 1 er sept au 30 octobre, d'autredu 1 er octobre au 1 er novembre....pour coller au plus prêt (belle foutaise!!) à l'activité(supposée!!!) <strong>de</strong> <strong>l'ours</strong>. Hé bien, hier soir, <strong>les</strong> représentants <strong>de</strong>s chasseurs sont venus expliquerque <strong>les</strong> valléens refusaient <strong>de</strong> voir ainsi évoluer <strong>la</strong> "règlementation" (je rappelle qu'il n'y a rien<strong>de</strong> contraignant) !! Je pourrais parler <strong>de</strong>s heures <strong>de</strong> tout ce qui s'est dit d'ubuesque <strong>et</strong>d'écoeurant lors <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te réunion. (…) Ou dois-je me réjouir que plus <strong>de</strong> 70% <strong>de</strong>s Pyrénéenssont favorab<strong>les</strong> à <strong>l'ours</strong> en attendant le prochain tir malencontreux ? »Le "P<strong>la</strong>n <strong>de</strong> restauration <strong>et</strong> <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong> l’ours brun <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Pyrénées françaises2006-2009", ou "P<strong>la</strong>n Ours", qui s’appuie <strong>sur</strong> <strong>la</strong> "Charte massif" est lui bien décevant. L’Etatrappelle en eff<strong>et</strong> son engagement à « ne pas imposer <strong>de</strong> me<strong>sur</strong>es réglementaires concernant <strong>la</strong>chasse en présence d’ours <strong>dans</strong> le massif <strong>de</strong>s Pyrénées. (…) La mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> me<strong>sur</strong>esréglementaires n’est pas exclue, si elle fait l’obj<strong>et</strong> d’un consensus. » En conséquence, pour <strong>les</strong>Pyrénées occi<strong>de</strong>nta<strong>les</strong>, <strong>la</strong> déréglementation a été avalisée sans lâcher d’ours en 2006 : c’est un« champ <strong>de</strong> ruines » que nous décrivent presque tous <strong>les</strong> connaisseurs <strong>et</strong> défenseurs <strong>de</strong> l’oursrencontrés, qu’ils fassent partie <strong>de</strong> l’Administration ou <strong>de</strong>s associations.En Pyrénées centra<strong>les</strong>, d’après l’E.T.O. (Frédéric Decaluwe, ingénieur adjoint), <strong>les</strong>chasseurs jouent le jeu. Si un ours <strong>et</strong> plus encore une ourse suitée est repérée, l’informationest transmise par téléphone aux prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong>s sociétés <strong>de</strong> chasse, qui prennent <strong>la</strong>responsabilité <strong>de</strong> chasser ou pas. Chaque fois, <strong>les</strong> chasseurs auraient dép<strong>la</strong>cé <strong>les</strong> battues, entout cas <strong>de</strong>puis 2006. Cependant, ce système est artificiel en ce qu’il concerne <strong>les</strong> ourslocalisés électroniquement. Dans <strong>la</strong> durée, on parie <strong>sur</strong> l’éducation. À <strong>la</strong> question <strong>de</strong> savoir sil’impact <strong>de</strong>s chasses répétées en battue est connu <strong>sur</strong> le succès <strong>de</strong> reproduction <strong>de</strong>s ourses<strong>et</strong>/ou <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>sur</strong>vie <strong>de</strong>s oursons, Frédéric Decaluwe répond par <strong>la</strong> négative, alors que c’est bienévi<strong>de</strong>mment une question centrale.De son côté, l’association Nature Comminges, par <strong>la</strong> voix <strong>de</strong> son prési<strong>de</strong>nt Guil<strong>la</strong>umeCastaing, n’est pas satisfaite <strong>de</strong> ce système qui n’offre aucune garantie pérenne ni ne prévoit<strong>de</strong> sanction. D’autre part, elle a collecté <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> tirs officieux <strong>sur</strong> <strong>les</strong> ours "Pyros","Boutxy" <strong>et</strong> "Hva<strong>la</strong>". En eff<strong>et</strong>, on voit mal, en l’absence d’un changement radical <strong>dans</strong> <strong>les</strong>manières <strong>de</strong> chasser, comment se passer d’espaces <strong>de</strong> tranquillité, qui ont également101
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Rapport de Stéphan Carbonnaux comm
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« Une forêt sans ours n’est pas
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Le Parc ne sait que faire pour prot
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