Il est temps pour <strong>les</strong> associations <strong>de</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature <strong>de</strong> s’intéresser aux onguléssauvages dé<strong>la</strong>issés aux fédérations <strong>de</strong> chasse qui obtiennent parfois <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ns <strong>de</strong> chasseexcessifs. Il serait naturel <strong>de</strong> réorienter nos efforts vers ces animaux sauvages <strong>et</strong> ainsiconsacrer moins d’efforts au mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’élevage qui a ses propres syndicats <strong>de</strong> défense.La fragilité <strong>de</strong>s continuités écologiquesPour certains écologues <strong>et</strong> naturalistes, tel Vincent Vignon 104 , l’élevage a généré unemultitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> milieux ouverts <strong>et</strong> s’est substitué à l’action <strong>de</strong>s grands herbivores sauvages.Citant Juan Luís Arsuaga, fameux paléontologue <strong>de</strong> <strong>la</strong> faculté <strong>de</strong>s sciences géologiques <strong>de</strong>Madrid, Alfonso <strong>et</strong> Roberto Hartasánchez du FAPAS nous disent que le milieu <strong>et</strong> <strong>la</strong>végétations actuels <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cordillère cantabrique sont analogues à ce qu’ils étaient avantl’élevage il y a 5 000 ans, <strong>et</strong> concluent que l’élevage d’aujourd’hui s’est parfaitementsubstitué à <strong>la</strong> guil<strong>de</strong> <strong>de</strong>s ongulés sauvages d’hier. Nous n’avons pas encore vérifié c<strong>et</strong>teassertion. De son côté, Christopher Carcaill<strong>et</strong> nous dit qu’il connaît un site <strong>dans</strong> en Savoiedont <strong>la</strong> végétation n’a pas évolué <strong>de</strong>puis 8 ou 9 000 ans. Alfonso <strong>et</strong> Roberto Hartasánchezvont même plus loin en ce qui concerne l’Espagne tout entière, puisqu’ils rapportent que <strong>la</strong>végétation avant <strong>la</strong> colonisation humaine était une sorte <strong>de</strong> <strong>de</strong>hesa, c’est-à-dire une formationboisée très ouverte, entrecoupée <strong>de</strong> prairies 105 . C<strong>et</strong>te vision qui est proche <strong>de</strong> celle dunéer<strong>la</strong>ndais Vera est aujourd’hui contestée par <strong>de</strong> nombreux scientifiques.Tout comme Alfonso <strong>et</strong> Roberto Hartasánchez, Vincent Vignon s’inquiète <strong>de</strong>sconséquences d’une forte déprise pastorale pour <strong>la</strong> biodiversité. « Les diverses formesd’élevage ont plus ou moins bien préservé <strong>la</strong> diversité <strong>de</strong>s habitats naturels d’origine. Lepastoralisme a parfois étendu l’aire <strong>de</strong> répartition d’espèces végéta<strong>les</strong> par le transport <strong>de</strong>sgraines accrochées <strong>sur</strong> <strong>les</strong> bêtes <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> kilomètres <strong>de</strong>puis le pourtourméditerranéen jusqu’au Massif Central ou <strong>les</strong> Alpes. Des espèces anima<strong>les</strong>, notamment <strong>de</strong>sinsectes, ont également été dép<strong>la</strong>cées en se trouvant accrochées <strong>sur</strong> le bétail <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s distancesplus faib<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> quelques kilomètres » écrit-il <strong>dans</strong> <strong>la</strong> revue <strong>de</strong> Ferus. Il nous confieégalement : « Un <strong>de</strong>s problèmes majeurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> conservation <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature est <strong>la</strong> fragilité <strong>de</strong>scontinuités écologiques. L'évolution naturelle conduit à un boisement spontané qui est le plussouvent banal <strong>sur</strong> <strong>de</strong> vastes superficies <strong>et</strong> durant au moins une cinquantaine d'années. Il fautune lente évolution naturelle avant d'avoir une forêt riche <strong>et</strong> ce processus est tributaire <strong>de</strong> <strong>la</strong>recolonisation par <strong>les</strong> organismes forestiers, notamment <strong>les</strong> moins mobi<strong>les</strong> (flore, invertébrés).Dans le <strong>de</strong>rnier numéro <strong>de</strong> Naturalité 106 , une forêt spontanée est présentée. L'articlemontre une structure forestière prom<strong>et</strong>teuse, mais rien n'est dit <strong>sur</strong> son contenu faune - flore <strong>et</strong>sa qualité biologique. Autour <strong>de</strong> ces très nombreux boisements issus <strong>de</strong> <strong>la</strong> déprise, <strong>les</strong> habitatsouverts qui subsistent <strong>de</strong> plus en plus p<strong>et</strong>its se meurent d'isolement... La perte <strong>de</strong>s continuitésécologiques est une donnée <strong>de</strong> plus en plus importante <strong>et</strong> peu prise en compte. La nature secomprend <strong>dans</strong> l'espace <strong>et</strong> <strong>dans</strong> le temps à <strong>de</strong>s échel<strong>les</strong> <strong>de</strong> perceptions très variées (<strong>de</strong>puis <strong>les</strong>micro-organismes du sol jusqu'aux oiseaux migrateurs). C'est <strong>sur</strong> ce point que <strong>la</strong> nature à <strong>de</strong>slimites <strong>et</strong> que <strong>la</strong>isser faire <strong>la</strong> recolonisation fragilise encore plus <strong>les</strong> habitats non forestiers.Les habitats ouverts sont <strong>de</strong>s habitats <strong>de</strong> substitution. Ce n'est pas une raison pour envoyer104 « Réflexions <strong>sur</strong> le pastoralisme <strong>et</strong> <strong>la</strong> qualité biologique <strong>de</strong>s milieux naturels <strong>de</strong> montagne », La Gaz<strong>et</strong>te <strong>de</strong>sgrands prédateurs, n°23, printemps 2007.105 La <strong>de</strong>hesa est aujourd’hui un milieu artificiel très riche pour <strong>la</strong> flore <strong>et</strong> <strong>la</strong> faune. Il est constitué <strong>de</strong> chênesespacés <strong>les</strong> uns <strong>de</strong>s autres (exploités pour le liège <strong>sur</strong>tout), sous <strong>les</strong>quels paissent <strong>de</strong>s cochons ou poussentdiverses céréa<strong>les</strong>.106 Jean-C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Génot <strong>et</strong> Annick Schnitzler, « Les boisements spontanés : hauts lieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> naturalité »,Naturalité n° 3, décembre 2007.74
c<strong>et</strong>te biodiversité aux oubli<strong>et</strong>tes ! Du moins ce<strong>la</strong> pose question <strong>de</strong> le faire <strong>sur</strong> un principe <strong>de</strong>conservation <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature au profit du <strong>la</strong>isser faire !Les actions <strong>de</strong>s grands herbivores sont clés <strong>dans</strong> ces processus <strong>de</strong>puis le maintien <strong>de</strong>p<strong>et</strong>its habitats ouverts intraforestiers jusqu'au débat <strong>sur</strong> le maintien ou non d'habitats nonforestiers plus ou moins étendus. C'est <strong>sur</strong> ce point que <strong>la</strong> discussion du rôle <strong>de</strong>s grandsherbivore m'intéresse : quelle a été l'échelle d'action <strong>de</strong> ces espèces contre <strong>la</strong> dynamiqueforestière. »L’inquiétu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces écologues <strong>et</strong> naturalistes est d’autant plus forte que nous vivons<strong>dans</strong> certains massifs une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> transition. L’élevage <strong>de</strong>s zones dites intermédiairesrégresse ou disparaît, <strong>et</strong> gran<strong>de</strong> est <strong>la</strong> peur <strong>de</strong> voir disparaître totalement alors <strong>de</strong> nombreusesespèces <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ntes <strong>et</strong> d’insectes inféodées à ces milieux. « Lorsque <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions isoléesdisparaissent <strong>dans</strong> ces milieux ouverts, <strong>les</strong> recolonisations ne sont pas toujours possib<strong>les</strong>.Enfin, <strong>la</strong> maturation <strong>de</strong>s habitats forestiers est lente. Il faut <strong>de</strong>s sièc<strong>les</strong> pour voir apparaître <strong>les</strong>espèces caractéristiques <strong>de</strong>s vieil<strong>les</strong> forêts. Encore faut-il qu’il y ait <strong>de</strong>s habitats sources pourperm<strong>et</strong>tre <strong>la</strong> recolonisation <strong>de</strong> ces nouvel<strong>les</strong> forêts… » ajoute Vincent Vignon.C’est pourquoi, Vincent Vignon, par exemple, recomman<strong>de</strong> <strong>de</strong> maintenir unpastoralisme, mais pas n’importe lequel dit-il. Une combinaison <strong>de</strong>s bovins, équins (<strong>la</strong>représentation <strong>de</strong>s vaches <strong>et</strong> chevaux étant <strong>la</strong> plus importante) <strong>et</strong> ovins doit être favoriséeselon lui. Elle est associée à un indispensable contrôle du <strong>sur</strong>pâturage, dont <strong>les</strong> dégâtss’observent jusque <strong>dans</strong> <strong>les</strong> zones centra<strong>les</strong> <strong>de</strong>s parcs nationaux.Que l’on maintienne un certain pastoralisme <strong>dans</strong> <strong>les</strong> décennies qui viennent, ou que <strong>la</strong>naturalité gagne beaucoup <strong>de</strong> terrain, nous faisons pour notre part confiance à <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>capacité <strong>de</strong> résistance <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature <strong>et</strong> <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> vie qu’elle a créées. Quoi qu’il en soit,l’existence d’une gran<strong>de</strong> faune, <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’ours <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Pyrénées en particulier, ne m<strong>et</strong>tra jamaisen péril <strong>la</strong> dite biodiversité, au contraire. Qu’on le veuille ou non, comme le souligne lechercheur Jean-Pierre Lumar<strong>et</strong> (voir ci-<strong>de</strong>ssous) <strong>la</strong> biodiversité diminue moins par"ferm<strong>et</strong>ure" <strong>de</strong>s milieux que par <strong>les</strong> conséquences <strong>de</strong>s produits chimiques utilisés par tous.Quelques conséquences <strong>de</strong> l’élevage pour <strong>la</strong> nature <strong>et</strong> l’environnement humainNous avons relevé ici quelques conséquences <strong>de</strong> l’élevage <strong>sur</strong> <strong>la</strong> nature <strong>et</strong>l’environnement humain appliquées aux Pyrénées ou en lien direct <strong>et</strong> indirect avec nosmontagnes.À l’automne 2006, <strong>la</strong> F.A.O., (Food and Agriculture Organization of the United Nations,<strong>la</strong> branche <strong>de</strong>s Nations Unies pour l’alimentation <strong>et</strong> l’agriculture) a publié un rapportimportant, La gran<strong>de</strong> ombre <strong>de</strong> l’élevage (Livestock’s long shadow, Environmental issues andoptions) 107 qui a fait, <strong>et</strong> fera encore, grand bruit. Qu’une telle organisation internationaleren<strong>de</strong> un rapport aussi sévère donne à réfléchir. Les faits sont têtus. L’élevage à l’échelle <strong>de</strong> <strong>la</strong>Terre, c’est :- 18% <strong>de</strong> l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> serre, davantage que <strong>la</strong> totalité <strong>de</strong>s transports,- 26% <strong>de</strong>s terres émergées- 78% <strong>de</strong>s terres à usage agricole- 33% <strong>de</strong>s terres arab<strong>les</strong> consacrées à <strong>la</strong> production d’aliments <strong>de</strong> bétail- 8% <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation mondiale d’eauLa F.A.O. r<strong>et</strong>ient <strong>sur</strong>tout <strong>les</strong> eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> l’élevage <strong>sur</strong> le réchauffement du climat, <strong>sur</strong>l’utilisation <strong>et</strong> <strong>la</strong> pollution <strong>de</strong>s eaux (<strong>de</strong> plus en plus rares) <strong>et</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> biodiversité, qui107 Disponible uniquement en ang<strong>la</strong>is <strong>sur</strong> www.virtualcentre.org/en/library/key_pub/longshad/AE.pdf75
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Le Parc ne sait que faire pour prot
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