Nous Pyrénéens <strong>de</strong>vons réfléchir à ce<strong>la</strong> <strong>et</strong> inventer un rapport sain avec l’ours.Marie, 11 ans, achève le mou<strong>la</strong>ge d’une empreinte d’ours <strong>sur</strong> une piste forestière,Slovénie, mai 2008 (Cliché : S. Carbonnaux). Quelques jours plus tard, vers 13h00, en sacompagnie, celle <strong>de</strong> son père <strong>et</strong> <strong>de</strong> son grand-père, nous avons moulé une autre empreintealors qu’un ours passait à moins <strong>de</strong> 50 mètres <strong>de</strong> nous, le plus silencieusement du mon<strong>de</strong>. Deforts effluves nous sont parvenus grâce à <strong>de</strong>s rafa<strong>les</strong> <strong>de</strong> vent. Interrompant notre travail, nousavons remonté le vent <strong>et</strong> avons alors découvert <strong>les</strong> traces fraîches d’un ours.Marie, qui a vu ses premiers ours à l’âge <strong>de</strong> 10 ans <strong>et</strong> a dormi à <strong>la</strong> belle étoile <strong>dans</strong> <strong>la</strong>forêt, mais aussi Quentin, Maylis, Nico<strong>la</strong>s, Nathan, Mathis <strong>et</strong> Adèle, sont <strong>les</strong> enfants d’unegénération qui découvrent entre 10 <strong>et</strong> 15 ans ce que nous avons connu beaucoup plus tard. Ilssont <strong>la</strong> preuve <strong>la</strong> plus vivante que l’homme peut cohabiter avec l’ours en parfaite intelligence.142
POUR UN OURS LIBRE SANS PUCE NI COLLIER ELECTRONIQUES« Mais l’existence <strong>de</strong> l’ours pyrénéen aurait-elle un sens, si on savait tout ? »Office national <strong>de</strong> <strong>la</strong> chasse, 1985La tentation toujours plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> contrôler l’animal sauvage a <strong>de</strong>s racines profon<strong>de</strong>s.Elle se niche au carrefour <strong>de</strong>s volontés <strong>de</strong> dominer <strong>la</strong> nature, <strong>de</strong> démontrer que l’animal nepeut se passer <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’homme, elle se nourrit sans doute d’un vieux fond <strong>de</strong> jalousiepour <strong>la</strong> bête sauvage souveraine <strong>et</strong> libre.Dans <strong>les</strong> Pyrénées, en vallée d’Aspe, il avait été imaginé en 1977 d’attraper un <strong>de</strong>s<strong>de</strong>rniers ours, au moyen <strong>de</strong> fosses <strong>et</strong> <strong>de</strong> cages trappes, <strong>et</strong> <strong>de</strong> lui p<strong>la</strong>cer un radio ém<strong>et</strong>teur. C’estainsi qu’un journaliste d’Ec<strong>la</strong>ir-Pyrénées annonce une première insolite au Parc national enoctobre <strong>de</strong> <strong>la</strong> même année : « L’expérience est séduisante, car si un jour, c<strong>et</strong> ours s’attaque àune brebis, nous aurons un enregistrement authentique <strong>de</strong> c<strong>et</strong> acte criminel ! (…) Bientôtviendra le temps où <strong>la</strong> radio nous m<strong>et</strong>tra "en direct" avec l’antre intime… Pour <strong>la</strong> télévision, ilfaudra patienter davantage car l’approche restera toujours difficile, à moins que l’ours<strong>de</strong>vienne cabotin à <strong>la</strong> vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> caméra, <strong>et</strong> se <strong>la</strong>isse… croquer ! 196 »Le directeur du Parc national, Bernard G<strong>la</strong>ss, réagit aussitôt par courrier du 10 octobreauprès <strong>de</strong> <strong>la</strong> rédaction du quotidien :« (…) En tout état <strong>de</strong> cause, le proj<strong>et</strong> concernant <strong>les</strong> me<strong>sur</strong>es télémétriques qui seraientproj<strong>et</strong>ées pour suivre l’ours à <strong>la</strong> trace, pour séduisant qu’il soit, n’est pas susceptible d’êtreengagé à court terme car c<strong>et</strong>te métho<strong>de</strong> peut présenter quelques inconvénients alors que <strong>les</strong>ours <strong>sur</strong>vivants se comptent <strong>sur</strong> <strong>les</strong> dix doigts <strong>de</strong> <strong>la</strong> main.Par contre, le Conseil national <strong>de</strong> <strong>la</strong> chasse <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> faune sauvage envisage <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r,sous le contrôle <strong>de</strong> <strong>la</strong> Direction <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature, à une importante investigationportant <strong>sur</strong> l’ours en vue <strong>de</strong> mieux protéger c<strong>et</strong>te espèce dont le biotope, chacun le sait, ne sesitue pas pour majorité <strong>dans</strong> le Parc national, mais en zone périphérique. 197 »Dans leur rapport scientifique <strong>de</strong> 1978, C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Dendal<strong>et</strong>che <strong>et</strong> Jean-Jacques Camarrafont alors état <strong>de</strong> leur opposition à c<strong>et</strong>te « méthodologie », proposée par le professeur Röben<strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Hei<strong>de</strong>lberg <strong>et</strong> soutenue un temps par <strong>la</strong> direction du Parc national. « Il esten eff<strong>et</strong> délicat d’envisager, du point <strong>de</strong> vue éthique <strong>et</strong> technique, l’imp<strong>la</strong>ntation <strong>de</strong> radioém<strong>et</strong>teurs<strong>sur</strong> le dos d’un animal préa<strong>la</strong>blement capturé. »Une douzaine d’années plus tard, <strong>la</strong> pression <strong>sur</strong> l’animal se fait plus forte à l’occasiond’attaques répétées commis par un ours dit "familier", une femelle, en vallées d’Aspe <strong>et</strong>d’Ossau. Assez vite, il sera question <strong>de</strong> le capturer pour lui poser un collier ém<strong>et</strong>teur aux fins<strong>de</strong> le suivre <strong>et</strong> d’anticiper <strong>les</strong> dégâts qu’il pourrait comm<strong>et</strong>tre. Alors directeur du Centre <strong>de</strong>biologie <strong>de</strong>s écosystèmes <strong>de</strong> montagne (Université <strong>de</strong> Pau <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong> l’Adour) <strong>et</strong> prési<strong>de</strong>ntdu Comité scientifique du Parc national, C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Dendal<strong>et</strong>che, donne le 20 novembre 1991 unavis <strong>sur</strong> <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s ours <strong>de</strong>s Pyrénées franco-espagno<strong>les</strong> après décision <strong>de</strong> capturer l’ours"familier", <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’équiper d’un collier ém<strong>et</strong>teur. Il rappelle <strong>les</strong> risques jugés inadmissib<strong>les</strong>pour une popu<strong>la</strong>tion d’ours si faible <strong>et</strong> estime que c<strong>et</strong>te ce proj<strong>et</strong> accrédite «l’idée (fausse)qu’on ne dispose pas assez <strong>de</strong> connaissances pour protéger efficacement <strong>les</strong> biotopes <strong>de</strong>196 Jean Bruno, « Pour "trahir l’ours" un poste radio-ém<strong>et</strong>teur ? », Ec<strong>la</strong>ir-Pyrénées, 8-9 octobre 1977 (archives <strong>de</strong>J.-P. Raffin).197 Archives <strong>de</strong> J.-P. Raffin143
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Rapport de Stéphan Carbonnaux comm
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