<strong>et</strong> aux vaches, quand bien même nous pouvons prendre du p<strong>la</strong>isir à manger leur vian<strong>de</strong>, uncrottin <strong>de</strong> bique ou un fromage <strong>de</strong> brebis.Quid <strong>de</strong> <strong>la</strong> biodiversité domestique ?La convention <strong>de</strong> Rio a ajouté à <strong>la</strong> biodiversité originelle une biodiversité ditedomestique. C<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière doit être défendue d’autant qu’elle est menacée par <strong>les</strong> processus<strong>de</strong> sélection mo<strong>de</strong>rnes.Le pas est vite franchi par <strong>les</strong> ultrapastoraux d’affirmer que <strong>les</strong> races domestiques, <strong>et</strong>particulièrement <strong>les</strong> races autochtones, font partie intégrante <strong>de</strong> <strong>la</strong> biodiversité pyrénéenne.Rappelons que <strong>les</strong> races <strong>de</strong> moutons ont été sélectionnées au fil du temps à partir d’un ancêtresauvage originaire d’Asie <strong>et</strong> se rattachent à <strong>la</strong> même espèce. Les chèvres actuel<strong>les</strong> <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>ntégalement d’un ancêtre asiatique. La souche <strong>de</strong>s bovins, elle, remonte à l’aurochs.M. Besche-Commenge ou Mme Vio<strong>la</strong>ine Bérot, vice-prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong>puis 2007 <strong>de</strong>l’Association La chèvre pyrénéenne, par exemple, défen<strong>de</strong>nt ces races qui seraient menacéespar <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> l’ours <strong>et</strong> le r<strong>et</strong>our du loup, <strong>de</strong>ux animaux qui, eux, ne seraient pas menacés.Rappelons que si quelques races <strong>de</strong> moutons ou <strong>la</strong> chèvre <strong>de</strong>s Pyrénées ont <strong>de</strong> si faib<strong>les</strong>effectifs, el<strong>les</strong> le doivent à <strong>de</strong>s choix agro-industriels décidés par <strong>les</strong> syndicats agrico<strong>les</strong> quisoutiennent <strong>les</strong> groupes ultrapastoraux, mais en aucun cas à l’ours ou au loup. Nousconnaissons <strong>de</strong>s éleveurs <strong>de</strong> brebis castillonaise <strong>et</strong> <strong>de</strong> chèvre <strong>de</strong>s Pyrénées qui n’adhèrent pasau discours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux personnes précitées. Un <strong>de</strong>s éleveurs <strong>de</strong> chèvres pyrénéennes, rencontréen Béarn, nous disait toute son admiration pour l’ours, qu’il appe<strong>la</strong>it respectueusement « LeMonsieur ». S’il appe<strong>la</strong>it même <strong>de</strong> ses vœux le r<strong>et</strong>our du lynx <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Pyrénées, il n’en étaitpas <strong>de</strong> même avec le loup, rej<strong>et</strong>é sans discussion. En outre, <strong>la</strong> position officielle <strong>de</strong>l’association La chèvre pyrénéenne était manifestement favorable aux lâchers d’ours <strong>de</strong> 2006.Malheureusement, en raison <strong>de</strong>s liens c<strong>la</strong>niques du mon<strong>de</strong> pastoral <strong>et</strong> d’un climat violent quirègne <strong>dans</strong> ces milieux, il est très difficile aux éleveurs <strong>de</strong> témoigner ouvertement.Prenons aussi l’exemple <strong>de</strong> <strong>la</strong> vache béarnaise si belle avec ses cornes en forme <strong>de</strong> lyre.Présente par milliers jusqu’aux années 1960, lorsqu’il y avait encore une trentaine d’ours <strong>dans</strong><strong>les</strong> Pyrénées occi<strong>de</strong>nta<strong>les</strong>, elle a cédé <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce à <strong>la</strong> Blon<strong>de</strong> d’Aquitaine, à <strong>la</strong> Holstein ou <strong>la</strong> Pienoire sélectionnées pour leur meilleur ren<strong>de</strong>ment. La politique officielle ne vou<strong>la</strong>it plus <strong>de</strong>races dites mixtes, à <strong>la</strong> fois <strong>la</strong>itière <strong>et</strong> à vian<strong>de</strong>. L’intérêt <strong>de</strong>s béarnaises était <strong>de</strong> donner du <strong>la</strong>iten fin <strong>de</strong> printemps <strong>et</strong> <strong>de</strong> début d’été <strong>et</strong> donc <strong>de</strong> perm<strong>et</strong>tre <strong>la</strong> fabrication importante dufromage mixte vache-brebis. Bernard Cimorra, un <strong>de</strong>s sauveurs <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te race, n’a jamais eu lemoindre problème avec <strong>les</strong> ours, alors que ses bêtes estivent <strong>de</strong>puis onze ans, notamment <strong>dans</strong><strong>la</strong> montagne d’Arrioutort fréquentée <strong>de</strong> tous temps par le p<strong>la</strong>ntigra<strong>de</strong>. Par contre, M. Cimorra,qui détient le plus grand troupeau 85 , nous confie qu’il ne reçoit aucune ai<strong>de</strong> sérieuse <strong>de</strong> <strong>la</strong>chambre d’agriculture <strong>de</strong>s Pyrénées-At<strong>la</strong>ntiques qui a même refusé <strong>de</strong> mener le recensementannuel <strong>de</strong> son troupeau. En revanche, alors que c<strong>et</strong>te race n’est pas suffisamment reconnue,elle est <strong>la</strong> mascotte d’un festival <strong>de</strong> musique bien connu en Béarn, <strong>et</strong> ce sont <strong>de</strong>s blon<strong>de</strong>sd’Aquitaine que certains gui<strong>de</strong>s touristiques montrent aux touristes en <strong>les</strong> nommantbéarnaises… Nous ferons une analogie évi<strong>de</strong>nte avec ces représentations d’ours dont certainsabusent à <strong>de</strong>s fins strictement commercia<strong>les</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Pyrénées (notamment occi<strong>de</strong>nta<strong>les</strong>), <strong>les</strong>mêmes refusant le renforcement <strong>de</strong> <strong>la</strong> faible popu<strong>la</strong>tion existante.Revenons à nos moutons, toutes races confondues. Le nombre <strong>de</strong> moutons écrase celui<strong>de</strong>s ours : un milliard <strong>de</strong> têtes contre 2 à 300 000, qui peuvent très vite, <strong>et</strong> nous insistons <strong>sur</strong>85 B. Cimorra possè<strong>de</strong> 17 têtes, <strong>sur</strong> un cheptel <strong>de</strong> 150 individus répartis entre 36 éleveurs.62
ce point, se trouver menacés par l’expansion économique <strong>et</strong> démographique exponentielle <strong>de</strong>l’humanité. Insistons aussi <strong>sur</strong> l’extrême faib<strong>les</strong>se <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions d’ours d’Europeocci<strong>de</strong>ntale (Cordillère cantabrique, Pyrénées, Trentin <strong>et</strong> Abruzzes) qui totalisent environ 200individus.En outre, que vaut ce discours <strong>de</strong>s associations ultrapastora<strong>les</strong> selon lequel l’homme aenrichi <strong>la</strong> nature en créant <strong>de</strong>s races <strong>de</strong> moutons ou <strong>de</strong> vaches, quand il a exterminé <strong>la</strong> souche<strong>de</strong> toutes <strong>les</strong> races <strong>de</strong> moutons ou <strong>de</strong> bovins… Nous faisons nôtres <strong>la</strong> réflexion suivante <strong>de</strong>François Moutou : « La domestication n’est pas une forme <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong>s espèces car <strong>de</strong>nombreux "ancêtres" <strong>et</strong> non <strong>de</strong>s moindres ont déjà disparu (aurochs, chevaux, ânes,dromadaires) ou sont au bord <strong>de</strong> l’extinction (buffle, yack, chameau), pour ne prendre quequelques exemp<strong>les</strong> chez <strong>les</strong> mammifères. Il faut ajouter que si chaque espèce sauvagepossédait le potentiel génétique qui a permis <strong>de</strong> donner naissance à toutes <strong>les</strong> races <strong>et</strong> variétésactuel<strong>les</strong> (je ne parle pas <strong>de</strong>s hybridations interspécifiques volontaires comme le mul<strong>et</strong>), ilsemble très aléatoire d’imaginer que <strong>de</strong>s espèces ancêtres sauvages perdues pourraient êtrereconstituées à partir <strong>de</strong> quelques unes <strong>de</strong> ces races ou variétés qui justement en<strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt. 86 »L’homme éleveur, présenté comme si prévoyant par nos adversaires, a été assezintelligent pour perdre <strong>les</strong> souches <strong>de</strong> ses propres troupeaux. Là est <strong>la</strong> vraie catastrophe, pascelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> raréfaction <strong>de</strong> quelques races <strong>de</strong> moutons sélectionnées <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Pyrénées. Allonsmême encore plus loin en puisant <strong>dans</strong> <strong>les</strong> travaux passionnants <strong>de</strong> Jean-Denis Vigne <strong>sur</strong> <strong>les</strong>eff<strong>et</strong>s importants <strong>de</strong> <strong>la</strong> société néolithique <strong>sur</strong> <strong>la</strong> nature. Dans son ouvrage Les origines <strong>de</strong> <strong>la</strong>culture. Les débuts <strong>de</strong> l’élevage 87 , ce directeur <strong>de</strong> recherches au C.N.R.S., par ailleursdirecteur d’un <strong>la</strong>boratoire d’archéozoologie au Muséum national d’histoire naturelle, évoque<strong>la</strong> disparition <strong>de</strong> l’aurochs dont le <strong>de</strong>rnier individu meurt en 1627 <strong>dans</strong> un zoo <strong>sur</strong> le territoire<strong>de</strong> l’actuelle Pologne. L’ultime popu<strong>la</strong>tion sauvage jalousement conservée par <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s duroi <strong>de</strong> Pologne, Ladis<strong>la</strong>s Ier, est alors décimée par <strong>les</strong> conséquences <strong>de</strong>s guerres <strong>et</strong>… uneépidémie transmise par <strong>les</strong> bovins domestiques qui vivaient à leur contact <strong>dans</strong> <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong>Jaktorow. Ceci pourrait apparaître comme une vieille affaire sans grand intérêt. Il n’en estrien ! Laissons Jean-Denis Vigne : « Ce qui est intéressant à r<strong>et</strong>enir <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong>disparition <strong>de</strong> l’aurochs qui s’est étendue <strong>sur</strong> 5 000 ans, ce sont <strong>les</strong> différentes étapes qui l’ontjalonnée <strong>et</strong> <strong>la</strong> multiplicité <strong>de</strong> ses causes : <strong>la</strong> concurrence avec l’élevage, <strong>la</strong> réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong>niche écologique - <strong>les</strong> aurochs ayant été contraints <strong>de</strong> reculer <strong>dans</strong> <strong>les</strong> zones restées à l’écart<strong>de</strong>s déforestations - qui a induit <strong>la</strong> réduction <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions <strong>et</strong> leur fragilisation -l’occupation d’écosystèmes diversifiés perm<strong>et</strong> une meilleure résistance à l’extinction-, <strong>la</strong>chasse <strong>de</strong>meurée intense <strong>et</strong> <strong>les</strong> ma<strong>la</strong>dies transmises par le bétail. Ces différents éléments sontd’autant plus intéressants à faire ressortir qu’on <strong>les</strong> r<strong>et</strong>rouve à l’œuvre <strong>dans</strong> <strong>les</strong> extinctions quisont actuellement en cours <strong>de</strong> par le mon<strong>de</strong>. »Comme l’avait si bien montré Robert Hainard <strong>dans</strong> ses essais 88 , nous nous comportonsencore comme <strong>de</strong>s hommes néolithiques aux réflexes d’exploitation intégrale. Voilà une <strong>de</strong>sraisons <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te attitu<strong>de</strong> ultrapastorale, en apparence paradoxale, à défendre l’authentique,l’autochtone, le "racé pyrénéen" quand justement l’autochtone est l’ours ou le loup, <strong>et</strong>l’exotique, <strong>la</strong> chèvre ou le mouton.86 « Biodiversité », La Gaz<strong>et</strong>te <strong>de</strong>s grands prédateurs, revue <strong>de</strong> l’association Ferus, n°26, hiver 2007-2008, p. 17.87 Edité par Le Pommier, 2004. Un p<strong>et</strong>it ouvrage vivement recommandé !88 Voir <strong>la</strong> bibliographie générale.63
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Rapport de Stéphan Carbonnaux comm
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LE SENS PROFOND DU RETOUR DE L’OU
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Cliché n° 1. Forêt primaire en S
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Brisons quelques tabous :- la civil
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