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Rapport historique et prospectif sur la protection de l'ours dans les ...

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LA MORT DES DERNIERS OURS DES PYRENEES« Tu te rends compte, si <strong>les</strong> ours qui ont été tués avaient <strong>sur</strong>vécu, on en aurait encore ici. »Dominique BoyerOn ne dit jamais assez comment sont morts <strong>les</strong> <strong>de</strong>rniers ours <strong>de</strong>s Pyrénées, pour cequ’on en sait bien évi<strong>de</strong>mment. Ceci n’a pas qu’un intérêt <strong>historique</strong>, car on verramalheureusement que <strong>la</strong> société française - ses responsab<strong>les</strong> politiques <strong>et</strong> sa justice - a bienpeu évolué au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction d’animaux aussi emblématiques <strong>et</strong> fragi<strong>les</strong>. C’est ainsique le récent procès <strong>de</strong> René Marquèze, qui a tué <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière femelle <strong>de</strong> lignée pyrénéenne, amontré toute l’inconséquence <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> officielle <strong>de</strong> l’ours.La popu<strong>la</strong>tion actuelle d’ours, très faible, n’est malheureusement pas à l’abri <strong>de</strong>nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong>structions.Entre <strong>la</strong> fin officielle <strong>de</strong> <strong>la</strong> chasse <strong>et</strong> celle <strong>de</strong>s battues administrativesLa chasse à l’ours fut interdite en 1962.Pour mémoire, entre 1942 <strong>et</strong> 1957, Gérard Caussimont comptabilise <strong>dans</strong> <strong>les</strong> archivesloca<strong>les</strong> au moins 18 ours tués en Béarn, à l’époque où M. Couturier dénombre 50 ours pour <strong>la</strong>même région <strong>dans</strong> son ouvrage <strong>de</strong> référence 30 !Les <strong>de</strong>rnières battues léga<strong>les</strong> sont organisées en 1967 <strong>et</strong> 1969 avant leur interdictiondéfinitive en 1972.Le 9 août 1967, un arrêté du préf<strong>et</strong> <strong>de</strong>s Basses-Pyrénées autorise l’organisation d’un<strong>et</strong>elle battue en vue <strong>de</strong> « détruire l’ourse adulte qui, avec son ourson, est l’auteur d’importantsdégâts aux troupeaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> haute vallée <strong>de</strong> Laruns (seule l’ourse adulte peut être tirée). » Onnote une volonté <strong>de</strong> semi <strong>protection</strong> puisqu’il n’est pas question <strong>de</strong> tirer l’ourson.Le 11 avril 1969, un nouvel arrêté préfectoral autorise une battue qui c<strong>et</strong>te fois-ci a pourobjectif <strong>de</strong> « repousser en direction du Parc national, l’ours qui a causé <strong>de</strong>s dégâts auxtroupeaux <strong>sur</strong> le territoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> commune <strong>de</strong> Licq-Athérey. » Quatre moutons avaient été tuéspar un ou <strong>de</strong>ux ours quelques jours auparavant <strong>dans</strong> un quartier situé à 500 mètres d’altitu<strong>de</strong>.Voici ce que répond le lieutenant <strong>de</strong> louv<strong>et</strong>erie au directeur départemental <strong>de</strong> l’agriculture le14 avril suivant :« (…) Sur <strong>les</strong> 20 chasseurs convoqués, 10 seulement se sont présentés au départ, cesdéfections ayant été occasionnées par le mauvais temps qui sévissait <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région. Malgré<strong>les</strong> nombreuses empreintes (d’un ours adulte <strong>et</strong> d’un jeune) relevées <strong>dans</strong> le secteur, il n’a pasété possible <strong>de</strong> <strong>les</strong> débusquer, car nous avons été obligés d’arrêter <strong>la</strong> battue à 9h, <strong>la</strong> pluie dumatin ayant dégénéré en tempête <strong>de</strong> grêle <strong>et</strong> <strong>de</strong> neige. C<strong>et</strong>te battue dont vous nous avez fait <strong>la</strong>faveur s’étant soldée par un échec, je vous serai bien reconnaissant <strong>de</strong> m’indiquer ce qu’il y alieu <strong>de</strong> faire, car <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt n’a pu être explorée. 31 »D’après le lieutenant <strong>de</strong> louv<strong>et</strong>erie Car<strong>les</strong> (quincaillier à Bedous <strong>et</strong> gran<strong>de</strong> figure <strong>de</strong> <strong>la</strong>chasse), l’interdiction <strong>de</strong>s battues administratives fut une erreur. Selon C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Berducou, quicite ces propos, Car<strong>les</strong> aurait dirigé 52 battues administratives qui se seraient soldées par <strong>la</strong>mort <strong>de</strong> 3 ours. Après maints coups <strong>de</strong> feu <strong>et</strong> beaucoup <strong>de</strong> bruit, <strong>la</strong> conclusion c<strong>la</strong>ssique <strong>de</strong> cesbattues était un repas final <strong>et</strong> <strong>la</strong> satisfaction du berger <strong>de</strong> savoir qu’on s’occupait <strong>de</strong> lui. Quan<strong>de</strong>l<strong>les</strong> ont cessé, <strong>les</strong> éleveurs <strong>et</strong> bergers ne se seraient plus sentis défendus <strong>et</strong> auraient ressorti le30 G. Caussimont, Avec le naturaliste, <strong>sur</strong> <strong>les</strong> pas <strong>de</strong> l’ours brun <strong>de</strong>s Pyrénées, Loubatières, 1997, p. 135.31 Ces documents nous été fournis par M. C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Berducou.29

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