frappés <strong>de</strong> découvrir ces vallées très marquées par l’empreinte <strong>de</strong> l’homme, que recolonisent<strong>les</strong> ours, rappelons le, grâce aux noyaux <strong>historique</strong>s <strong>et</strong> aux réserves <strong>de</strong> chasse. Ils s’approchentmême jusqu’à 6 kilomètres du centre ville d’Oviedo pour manger <strong>les</strong> premières cerises aumois <strong>de</strong> mai ! Là, personne ne <strong>les</strong> voit, on ne relève que leurs empreintes.Pour rendre le propos plus vivant, voici <strong>de</strong>s extraits du compte-rendu du premier séjour,effectué en compagnie <strong>de</strong> Denis Bouissou, administrateur <strong>de</strong> FERUS.Mardi 12 février 2008. Très beau temps sans un nuage <strong>et</strong> température très douce. C’estun temps inhabituel pour <strong>les</strong> Asturies. Nous <strong>de</strong>vrions trouver <strong>de</strong> <strong>la</strong> neige à 7 ou 800 mètres <strong>et</strong>autour <strong>de</strong> nous <strong>les</strong> somm<strong>et</strong>s (1 200 à 1 700 m) sont vierges. La sécheresse sévit <strong>de</strong>puis unmoment. Un vil<strong>la</strong>ge <strong>de</strong>s Asturies est même privé d’eau !Passons <strong>la</strong> journée avec Roberto Hartasánchez qui a voulu nous montrer une valléeparmi <strong>les</strong> plus anthropisées du coin, <strong>et</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong>quelle l’ours regagne <strong>de</strong>s territoires perdus 159 .La vallée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Trubia (Proaza) était autrefois très agricole car dix fois plus peuplée, avecencore <strong>de</strong> nombreuses prairies, certaines en voie <strong>de</strong> colonisation par <strong>les</strong> genêts <strong>et</strong> bruyères, <strong>et</strong>qui est <strong>sur</strong>tout boisée <strong>de</strong> chênes (dont <strong>de</strong>s chênes verts) <strong>et</strong> <strong>de</strong> châtaigniers.Jusqu’en 2000/2004, le Fapas ne trouvait que <strong>de</strong>s traces, <strong>et</strong> connaissait l’existenced’une femelle dont <strong>les</strong> portées ne <strong>sur</strong>vivaient pas. Les oursons étaient victimes <strong>de</strong>s nombreuxcoll<strong>et</strong>s en métal <strong>de</strong>stinés aux sangliers, <strong>et</strong> <strong>la</strong> mère fréquentait souvent une décharge.Aujourd’hui, on a repéré plus <strong>de</strong> 15 ours <strong>dans</strong> <strong>la</strong> vallée, parmi <strong>les</strong>quels 3 femel<strong>les</strong>reproductrices dont <strong>les</strong> portées <strong>sur</strong>vivent. Ces ours vivent au contact <strong>de</strong>s vil<strong>la</strong>ges, aussipeuplés que ceux <strong>de</strong>s Pyrénées, mais aujourd’hui très attractifs en raison <strong>de</strong> l’image positive<strong>de</strong> l’ours.Roberto Hartasánchez ajoute que personne au début, y compris <strong>les</strong> spécialistes, n’a cruà <strong>la</strong> nouvelle <strong>de</strong> l’existence <strong>de</strong> femel<strong>les</strong> reproductrices <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te vallée. Leur associationinsiste beaucoup d’ailleurs pour faire tomber le mythe, dit-il, <strong>de</strong> l’ours très sauvage quivivrait loin <strong>de</strong>s hommes, <strong>et</strong> qui serait donc, par définition, incapable <strong>de</strong> vivre à son contact.Ce qui est faux, <strong>sur</strong>tout <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Asturies, ajoute-t-il. Voici une anecdote intéressante. Laveille, Luis García Fernán<strong>de</strong>s, nous montrait à <strong>la</strong> sortie d’un vil<strong>la</strong>ge une maison, au bord <strong>de</strong><strong>la</strong> route principale que nous empruntions : « Vous voyez, le 31 décembre il y a <strong>de</strong>ux ans, unours est venu griffer c<strong>et</strong>te porte. Le propriétaire, absent ce soir-là, s’en est rendu compte enrentrant chez lui. » C<strong>et</strong>te histoire n’a pas fait scandale <strong>dans</strong> une vallée où <strong>les</strong> habitants sonthabitués, <strong>de</strong> nouveau, à c<strong>et</strong>te présence.Roberto Hartasánchez nous a expliqué que le Fapas, s’appuyant <strong>sur</strong> l’histoire <strong>de</strong>l’occupation du territoire par <strong>les</strong> hommes <strong>et</strong> <strong>les</strong> ours (<strong>et</strong> notamment <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>de</strong>rnièresdécennies), cherche à s’approcher <strong>de</strong>s conditions que <strong>les</strong> ours ont connus avant <strong>la</strong> rupturequ’a été <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> l’économie agro-pastorale autarcique. En pratique, le Fapas réalise unnourrissage assisté <strong>et</strong> ponctuel <strong>de</strong>s ourses suitées aux moments critiques <strong>de</strong> leur vie, pourpallier l’absence actuelle <strong>de</strong> cadavres <strong>de</strong> vaches <strong>dans</strong> <strong>la</strong> montagne, en application <strong>de</strong> règ<strong>les</strong>communautaires édictées en 2001 suite à <strong>la</strong> crise <strong>de</strong> <strong>la</strong> vache dite folle. Selon le service <strong>de</strong>salertes sanitaires du gouvernement <strong>de</strong>s Asturies, plus <strong>de</strong> 17 000 cadavres ont été récupéréspuis incinérés (dont 6 à 7 000 viennent <strong>de</strong>s territoires ursins, commentaire <strong>de</strong> VincentVignon). Le Fapas dépose ainsi <strong>de</strong>s cadavres <strong>de</strong> chevaux <strong>et</strong> d’ânes <strong>de</strong> façon aléatoire, non159 Ce sont <strong>les</strong> ours <strong>les</strong> plus proches <strong>de</strong> l’Océan. Autrefois, ils al<strong>la</strong>ient très près <strong>de</strong> <strong>la</strong> côte en suivant <strong>les</strong> fonds <strong>de</strong>vallée couverts <strong>de</strong> châtaigniers. L’eucalyptus, espèce d’arbre allocthone <strong>et</strong> sans valeur biologique, amalheureusement pris beaucoup <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>puis.120
loin <strong>de</strong>s sites fréquentés par <strong>les</strong> ourses suitées, au moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> sortie <strong>de</strong>s tanières <strong>et</strong> àl’automne.Une autre vision serait <strong>de</strong> ne pas intervenir du tout, comme s’il n’y avait pas eud’hommes <strong>dans</strong> <strong>les</strong> montagnes cantabriques ces cinq <strong>de</strong>rniers millénaires. C’est, dit-il, <strong>la</strong>vision <strong>de</strong> certains universitaires d’Oviedo qui reprochent au Fapas ses actions. Pour cesbiologistes, il s’agit d’actions artificiel<strong>les</strong>, ce à quoi le Fapas répond qu’il s’agit alors d’unartifice vieux <strong>de</strong> 5 ou 6 000 ans, qui n’est donc plus un artifice à part entière. RobertoHartasánchez ajoute que <strong>dans</strong> le cas d’une p<strong>et</strong>ite popu<strong>la</strong>tion d’ours, ce qui est le cas <strong>dans</strong> <strong>la</strong>chaîne <strong>de</strong>s Cantabriques, <strong>la</strong> priorité est <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>r à recouvrir un bon effectif. C’est pourquoi,l’assistance alimentaire, <strong>dans</strong> le contexte asturien, leur paraît indispensable. Ils disent qu’ilsabandonneront c<strong>et</strong>te manière <strong>de</strong> faire lorsque <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> communautaires auront étémodifiées. (Relevons <strong>de</strong> notre côté que l’activité pastorale est un artifice qui a profondémentbouleversé l’équilibre <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature, s’accompagnant d’une réduction du nombre <strong>de</strong>s grandsherbivores sauvages dont <strong>les</strong> cadavres profitent à l’ours <strong>et</strong> aux mammifères strictementcarnivores).À noter que Francisco Purroy, professeur <strong>de</strong> biologie à l’Université <strong>de</strong> León, membre<strong>de</strong> leur comité scientifique, vali<strong>de</strong> <strong>les</strong> travaux du Fapas (nous l’avons rencontré le <strong>de</strong>rnierjour <strong>et</strong> avons vérifié qu’il soutenait en eff<strong>et</strong> l’association <strong>de</strong> très longue date). On litd’ailleurs <strong>dans</strong> le bull<strong>et</strong>in <strong>de</strong> septembre 2006 du Fapas (n°77) que <strong>les</strong> analyses <strong>de</strong>s contenus<strong>de</strong>s excréments d’ours étudiés par Purroy, Clevenger <strong>et</strong> leur équipe démontrent <strong>la</strong> présenceconstante <strong>de</strong> restes <strong>de</strong> charogne <strong>de</strong> bêtes domestiques, entre 5 <strong>et</strong> 12% du volume <strong>de</strong>sexcréments (publications <strong>de</strong> 1991 <strong>et</strong> 1992). Dans un rapport d’octobre 2006 160 , é<strong>la</strong>boré parAlfonso Hartasánchez <strong>et</strong> Francisco Purroy, on lit que le suivi photographique <strong>de</strong>s charognes,en 2004 <strong>et</strong> 2005, <strong>dans</strong> un territoire peuplé d’ours solitaires adultes <strong>et</strong> jeunes <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxfemel<strong>les</strong> reproductrices, prouve <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> attractivité <strong>de</strong> ces charognes pour <strong>les</strong> ours (70%<strong>de</strong>s cadavres sont consommés).(…)Sur <strong>la</strong> finca (propriété agricole), <strong>de</strong>s arbres ont été rep<strong>la</strong>ntés <strong>sur</strong> une pente assez rai<strong>de</strong>où <strong>les</strong> hommes cultivaient autrefois du blé. Dans une grange ouverte, <strong>de</strong>s ruches ont étéinstallées à l’étage <strong>et</strong> nous constatons que le couvercle <strong>de</strong> certaines d’entre el<strong>les</strong> a étésoulevé. C’est le travail <strong>de</strong> l’ours dont nous trouvons une crotte séchée (<strong>de</strong> janvier semble-til)pleine <strong>de</strong> restes <strong>de</strong> couvain. Et <strong>sur</strong>prise, <strong>la</strong> tanière est à quelques centaines <strong>de</strong> mètres <strong>de</strong>nous, à moins <strong>de</strong> 500 mètres d’altitu<strong>de</strong>… Dans un creux, un cadavre d’âne a été déposé en find’automne/début d’hiver pour vérifier si l’ourse irait s’alimenter. Ce ne fut pas le cas <strong>et</strong>l’animal s’est contenté d’un peu <strong>de</strong> couvain. Un appareil photographique est p<strong>la</strong>cé près ducadavre.Pourquoi <strong>de</strong>s ruches <strong>de</strong>stinées à l’ours ? On constate <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Asturies, où l’oursattaque <strong>les</strong> ruches, autrefois plus nombreuses, que <strong>les</strong> dégâts aux ruchers ont grimpé <strong>de</strong> façonbrutale <strong>de</strong>puis l’obligation d’envoyer <strong>les</strong> cadavres bovins à l’équarrissage. De 12, <strong>les</strong> dégâtssont passés à 500 ruches par an ! La métho<strong>de</strong> du Fapas consiste donc à pallier l’absenced’une ressource mais <strong>sur</strong>tout à éviter <strong>les</strong> conflits entre <strong>les</strong> hommes <strong>et</strong> <strong>les</strong> ours.Outre <strong>les</strong> vautours, voyons <strong>de</strong>s grands corbeaux, <strong>de</strong>s corneil<strong>les</strong> <strong>et</strong> geais. Des hellébores<strong>et</strong> viol<strong>et</strong>tes sont en fleurs. Les nois<strong>et</strong>iers aussi.Le vil<strong>la</strong>ge est à moins <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux kilomètres du site <strong>de</strong> <strong>la</strong> tanière. On nous montre unemaison <strong>et</strong> le pommier qui en est voisin : l’ours est venu l’automne passé manger <strong>de</strong>s fruits<strong>dans</strong> l’arbre…160 Informe sobre <strong>la</strong> importancia <strong>de</strong> <strong>la</strong>s carroñas <strong>de</strong> ganado doméstico para el oso pardo cantábrico, FAPAS <strong>et</strong>Universidad <strong>de</strong> León, 10 pages.121
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