On notera aussi que <strong>la</strong> chasse en battue fait courir <strong>de</strong>s dangers à <strong>de</strong> nombreusespersonnes qui fréquentent <strong>les</strong> forêts.Un peu d’histoire ancienneDans notre pays, <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s premières <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> l’ours <strong>et</strong> <strong>de</strong> seshabitats vinrent <strong>de</strong>s… chasseurs. Cependant, <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s chasseurs d’aujourd’huine le savent pas, <strong>et</strong> <strong>les</strong> officiels qui le savent ne se bousculent pas pour le faire savoir. Car ils’agissait d’une autre espèce <strong>de</strong> chasseurs… C’est ainsi qu’à lire un article consacré àl’Institution Patrimoniale du Haut Béarn <strong>dans</strong> La Revue nationale <strong>de</strong> <strong>la</strong> chasse <strong>de</strong> novembre2007 133 , on pourrait croire que <strong>les</strong> <strong>de</strong>rniers prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> <strong>la</strong> fédération <strong>de</strong>s Pyrénées-At<strong>la</strong>ntiques font beaucoup pour <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>s ours, quand, sous leur prési<strong>de</strong>nce, sontmortes <strong>les</strong> <strong>de</strong>rnières femel<strong>les</strong> autochtones faute <strong>de</strong> me<strong>sur</strong>es sérieuses <strong>de</strong> <strong>protection</strong>. Etcurieusement, pas un mot, <strong>sur</strong> <strong>les</strong> vraies <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>protection</strong>s émises par <strong>de</strong>s chasseurs endéfense <strong>de</strong> l’ours !Remontons aux années 1915-1916, quand le prince Albert <strong>de</strong> Monaco, venu chasserl’ours <strong>et</strong> l’isard en Ariège eut <strong>la</strong> prescience <strong>de</strong> <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> <strong>la</strong> création <strong>de</strong> réserves <strong>de</strong> chassepour préserver le gibier, <strong>et</strong> l’ours en particulier 134 . Dès 1923, lors du premier congrèsinternational <strong>de</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature tenu à Paris, l’inspecteur <strong>de</strong>s Eaux <strong>et</strong> Forêts Salvat,attribuait <strong>la</strong> régression <strong>de</strong> l’ours (déjà !) à "l’ouverture <strong>de</strong>s routes, l’exploitation <strong>de</strong>s bois, ledébroussaillement <strong>et</strong>… <strong>la</strong> chasse" 135 », lui, <strong>de</strong>mandait l’arrêt <strong>de</strong> <strong>la</strong> chasse à l’ours <strong>et</strong> <strong>la</strong>création d’un parc national. En 1937, Bour<strong>de</strong>lle, professeur au Muséum national d’histoirenaturelle, menait <strong>la</strong> première enquête <strong>sur</strong> l’ours brun <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Pyrénées françaises qui paraît<strong>dans</strong> <strong>la</strong> revue Mammalia. Il préconisait l’instauration <strong>de</strong> vastes réserves sans chasse <strong>et</strong> sansexploitation forestière.En 1946, Jean-Émile Bénech, auteur <strong>de</strong> plusieurs ouvrages cynégétiques, s’écriait <strong>dans</strong>Fauves <strong>de</strong> France, chez Stock : « Peut-être - il est bien tard ! - quelques me<strong>sur</strong>esdraconiennes… Mais non ! Il n’est jamais trop tard. Seulement, il faudrait <strong>les</strong> prendre tout <strong>de</strong>suite. N’ont-el<strong>les</strong> pas sauvé <strong>les</strong> <strong>de</strong>rniers <strong>sur</strong>vivants <strong>de</strong>s républiques <strong>de</strong> castors ? N’assistonsnouspas aujourd’hui au miracle <strong>de</strong> leur <strong>sur</strong>vivance <strong>sur</strong> le Rhône. Qui défendra <strong>la</strong> vie <strong>de</strong>s<strong>de</strong>rniers ours pyrénéens ? »En 1954, le docteur Marcel Couturier, gran<strong>de</strong> figure <strong>de</strong> <strong>la</strong> chasse française, membrecorrespondant du Muséum national d’histoire naturelle (<strong>et</strong> nous passons bien d’autres titres),fait paraître à compte d’auteur une volumineuse monographie : L’Ours brun. Au cours <strong>de</strong> savie, M. Couturier a publié d’autres travaux du même type <strong>sur</strong> le chamois ou <strong>les</strong> coqs <strong>de</strong>bruyère. Il évaluait alors <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion d’ours <strong>de</strong>s Pyrénées françaises à 70 têtes. « Ce nombrevarie d’ailleurs beaucoup pendant <strong>la</strong> belle saison, en raison du va-<strong>et</strong>-vient <strong>de</strong>s animaux entre<strong>la</strong> France <strong>et</strong> l’Espagne, <strong>et</strong> vice versa. » Pour <strong>les</strong> Pyrénées espagno<strong>les</strong>, justement, il estime que<strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion d’ours y serait inférieure à celle du versant nord. À titre <strong>de</strong> comparaison, i<strong>les</strong>timait que <strong>la</strong> Slovénie abritait alors 75 ours <strong>et</strong> <strong>la</strong> Croatie voisine (<strong>les</strong> popu<strong>la</strong>tions sontreliées), 200 individus.133 Laurent Ferrière, « Gestion en montagne, l’histoire <strong>de</strong> l’IPHB », La Revue nationale <strong>de</strong> <strong>la</strong> chasse, novembre2007, pages 72-75. Un article très mauvais, sans référence sérieuse, avec <strong>de</strong>s oublis majeurs, <strong>de</strong>s faits erronés…134 C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Dendal<strong>et</strong>che, La Cause <strong>de</strong> l’ours, Sang <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre, 1993.135 C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Dendal<strong>et</strong>che, op.cit.96
Rappelons que M. Couturier a chassé l’ours <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Pyrénées <strong>et</strong> qu’il a tué son premierours à Urdos grâce à André <strong>et</strong> Jean-Bernard Apiou, fils <strong>de</strong> Bernard Apiou, tous chasseursd’ours.Quant aux réserves, Couturier écrivait : « Ainsi n’existe-t-il en France qu’une seuleréserve d’ours, celle du Pic du Midi d’Ossau. Il est donc <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus haute utilité d’en créer <strong>de</strong>nouvel<strong>les</strong> dont l’obj<strong>et</strong> sera <strong>de</strong> protéger c<strong>et</strong>te espèce. » Et il évoquait avec précision <strong>les</strong>secteurs en question pour conclure : « La question <strong>de</strong>s réserves à ours en France est aussiimportante que celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> réglementation <strong>de</strong> <strong>la</strong> chasse au fauve. L’une ne vaut rien sansl’autre. Rien ne s’oppose vraiment à ce qu’el<strong>les</strong> soient harmonieusement conjuguées <strong>et</strong> alliéespour <strong>la</strong> meilleure <strong>protection</strong> <strong>de</strong> l’espèce. » (Nouvel<strong>les</strong> réserves à créer, pages 722-723).À <strong>la</strong> même époque, <strong>et</strong> forts <strong>de</strong> ces constats, <strong>de</strong>s chasseurs éc<strong>la</strong>irés, tels Maître Chavanne,prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Association <strong>de</strong>s chasseurs <strong>de</strong> montagne, aidé <strong>de</strong> Maître Gilbert <strong>et</strong> <strong>de</strong> M.Champ<strong>et</strong>ier <strong>de</strong> Ribes, vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> même association, obtenaient en 1958 du ministère<strong>de</strong> l’Agriculture, via le Conseil supérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> chasse, <strong>la</strong> première interdiction <strong>de</strong> <strong>la</strong> chasse àl’ours. Celle-ci sera conditionnée à l’in<strong>de</strong>mnisation <strong>de</strong>s dégâts <strong>de</strong>s ours au bétail, queChavanne a manifestement engagé seul dès 1955 136 . Les chasseurs souscriront par <strong>la</strong> suite uneas<strong>sur</strong>ance auprès <strong>de</strong> <strong>la</strong> compagnie suisse Winterthur. Le contrat sera dénoncé <strong>de</strong>vantl’augmentation <strong>de</strong>s coûts 137 .Il est bon <strong>de</strong> savoir que <strong>la</strong> Fédération <strong>de</strong>s chasseurs <strong>de</strong>s Basses-Pyrénées, présidée alorspar M. Faure, avait <strong>de</strong>mandé le maintien <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> l’ours pendant <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>chasse à l’isard, soit un mois au lieu <strong>de</strong> ramener l’autorisation à une seule journée. C’est ceque nous apprend un article <strong>de</strong> presse <strong>de</strong> l’époque qui ajoutait : « cependant, l’Association <strong>de</strong>schasseurs <strong>de</strong> montagne était hostile à ce vœu, <strong>et</strong> son opinion <strong>de</strong>vait prévaloir en haut lieu,d’autant plus qu’elle s’engageait à régler <strong>la</strong> totalité <strong>de</strong>s dégâts dûment constatés, sous réserveque <strong>les</strong> expertises aient lieu en accord avec elle, étant bien entendu que <strong>dans</strong> le cas d’"ourscarnassier", <strong>de</strong>s battues seraient organisées. Depuis, après un échange <strong>de</strong> points <strong>de</strong> vue <strong>et</strong> <strong>de</strong>correspondance, rien n’a été changé, <strong>et</strong> ce n’est pas parce que c<strong>et</strong>te année <strong>de</strong>ux ours ont ététués au cours <strong>de</strong> battues que <strong>la</strong> menace qui pèse <strong>sur</strong> <strong>les</strong> troupeaux s’est éloignée. Car l’espècen’est pas, loin <strong>de</strong> là, en voie <strong>de</strong> disparition. 138 »Un tel article est symptomatique <strong>de</strong> l’exagération médiatique <strong>de</strong> tout ce qui se rapporteau sauvage <strong>et</strong> à l’ours en particulier. Non seulement, <strong>les</strong> dégâts commis par l’ours en 1954<strong>dans</strong> <strong>les</strong> trois vallées béarnaises sont très faib<strong>les</strong> à lire le compte-rendu détaillé du journaliste(22 brebis, 3 bovins <strong>et</strong> 2 chèvres), à une époque où l’ours est bien en voie <strong>de</strong> disparition, ceque refusaient d’adm<strong>et</strong>tre <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> locaux, politiques <strong>et</strong> cynégétiques. Les chasseursselon C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Berducou se m<strong>et</strong>taient au service <strong>de</strong> <strong>la</strong> société agropastorale par p<strong>la</strong>isir <strong>de</strong>chasser. « Si l’ours avait été considéré comme un vrai gibier on en aurait toujours » analyseC<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Berducou. Aurait-on vraiment réussi <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Pyrénées ce que <strong>de</strong>s Espagnols firent àSomiedo en créant une réserve où l’ours était en eff<strong>et</strong> chassé <strong>et</strong> donc « géré » <strong>et</strong> protégé ?136 C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Berducou, « Le rôle <strong>de</strong> l’Office national <strong>de</strong> <strong>la</strong> chasse <strong>et</strong> <strong>de</strong>s organisations cynégétiques en faveur <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong><strong>de</strong> l’ours brun », Bull<strong>et</strong>in <strong>de</strong> l’O.N.C., spécial ours brun <strong>de</strong>s Pyrénées, n°142, janvier 1990.137 C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Berducou, « Les rô<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’Office national <strong>de</strong> <strong>la</strong> chasse <strong>et</strong> <strong>de</strong>s organisations cynégétiques en faveur <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong><strong>de</strong> l’ours brun », Bull<strong>et</strong>in mensuel <strong>de</strong> l’O.N.C., n°142, pp. 5-13, janvier 1990138 Georges Naychent, « La chasse à l’ours est fermée afin d’as<strong>sur</strong>er <strong>la</strong> <strong>sur</strong>vivance <strong>de</strong> l’espèce, ce qui n’est pas du goût <strong>de</strong>sbergers dont <strong>les</strong> troupeaux sont régulièrement décimés », La Dépêche du Midi, 2 janvier 1955.97
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