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Rapport historique et prospectif sur la protection de l'ours dans les ...

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La <strong>de</strong>rnière doctrine à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong> : le « risque zéro » !On sait tous que <strong>la</strong> vie suppose le risque <strong>et</strong> <strong>la</strong> mort, mais aux ours on ne veut plus rienpardonner. C’est ainsi qu’est née une doctrine du fameux <strong>et</strong> impossible « risque zéro ».Dominique Boyer, lui, nous dit que <strong>la</strong> première <strong>de</strong>s choses serait d’accepter que l’oursmange <strong>de</strong> temps à autre <strong>de</strong>s brebis, à l’opposé du « risque zéro ». C<strong>et</strong>te réflexion n’est pasneuve mais elle passe très mal auprès <strong>de</strong>s autorités. Il est donc temps <strong>de</strong> s’emparer <strong>de</strong> c<strong>et</strong>teévi<strong>de</strong>nce qu’on lisait en 1964 <strong>dans</strong> Le Courrier <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature :« En adm<strong>et</strong>tant que <strong>de</strong> temps à autre, une ourse suitée ou un ours âgé tue <strong>de</strong>s bêtesdomestiques, <strong>la</strong> contre-valeur argent <strong>de</strong> quelques moutons ne représentent rien à côté <strong>de</strong> <strong>la</strong>valeur scientifique, esthétique, culturelle <strong>et</strong> touristique que représente <strong>la</strong> <strong>sur</strong>vivance <strong>de</strong>s ours<strong>dans</strong> notre pays. 54 »Revenant d’une sortie <strong>sur</strong> une estive <strong>de</strong> <strong>la</strong> haute vallée d’Aspe, autrefois très réputéepour <strong>les</strong> observations d’ours qu’on pouvait y faire, le même D. Boyer nous dit : « aujourd’hui,on dirait Alcatraz ! » Les clôtures <strong>et</strong> autres systèmes <strong>de</strong> <strong>protection</strong> fleurissent comme jamais.Un berger qui fut longtemps <strong>sur</strong> c<strong>et</strong>te estive nous confiait un jour, <strong>dans</strong> une discussion àbâtons rompus en pleine montagne, que l’ours n’avait jamais commis <strong>de</strong> dégâts <strong>sur</strong> sontroupeau, car il prenait <strong>les</strong> précautions qui s’imposaient. Il est arrivé à ce berger <strong>de</strong> voir l’oursà l’orée du bois alors qu’il trayait ses brebis. Peut-être ce berger répond-il à c<strong>et</strong>te réflexion dusénateur Bailly, grand défenseur <strong>de</strong> l’élevage, notant que l’élevage se caractérise par <strong>de</strong>sconditions <strong>de</strong> travail diffici<strong>les</strong>, qui supposent une gran<strong>de</strong> disponibilité, notamment pouras<strong>sur</strong>er le gardiennage, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s compétences techniques qui ne s’improvisent pas 55 . En termesmoins diplomatiques, nous dirons que l’élevage est un métier. Entre le véritable élevage <strong>et</strong>une quasi divagation, il existe un gouffre.Ce fumeux « risque zéro », qui part d’un bon sentiment (mais on ne fait rien <strong>de</strong> bon avec<strong>de</strong> bons sentiments…) sert en réalité <strong>la</strong> vraie doctrine, dangereuse, développée chez <strong>les</strong> grandsélus du Haut Béarn, gauche <strong>et</strong> droite confondus. Pour ces élus proches du lobby agropastoral,pas le berger qui fabrique du fromage <strong>sur</strong> l’estive, non celui <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s usines à <strong>la</strong>it, lepastoralisme s’étant développé ces <strong>de</strong>rnières décennies (faut-il rappeler <strong>et</strong> marteler que c’esten partie grâce à l’ours <strong>et</strong> <strong>sur</strong> son dos), il ne faut plus aujourd’hui ajouter <strong>de</strong> contraintes,comme l’apport <strong>de</strong> nouveaux ours d’origine slovène.Nous combattons farouchement une telle manière <strong>de</strong> voir <strong>les</strong> choses, d’ailleurs àl’opposé <strong>de</strong>s volontés <strong>de</strong> bergers fromagers qui souhaitent cohabiter avec l’ours mais quidoivent se taire aujourd’hui. Ils représentaient un tiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> profession au début <strong>de</strong> <strong>la</strong>décennie 80, cinq ans après <strong>les</strong> débuts du F.I.E.P. 56 Ils sont bien plus nombreux qu’on nel’imagine mais, excepté <strong>de</strong>ux d’entre eux en Béarn, <strong>les</strong> autres se taisent sous <strong>la</strong> pressionsociale <strong>et</strong> sous celle <strong>de</strong>s maires <strong>et</strong> responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong>s commissions syndica<strong>les</strong> qui détiennent lepouvoir <strong>de</strong> louer <strong>les</strong> estives. Combien nous disent qu’ils ne peuvent s’exprimer librement. Unvisiteur trop pressé ne s’en rendra pas compte : c<strong>et</strong>te société est c<strong>la</strong>nique avec tout ce qu’el<strong>les</strong>uppose <strong>de</strong> solidarité <strong>et</strong> <strong>de</strong>… persécution. Un berger emblématique comme Joseph Paroix, quia travaillé avec le F.I.E.P., a écrit <strong>de</strong> superbes pages <strong>sur</strong> son métier <strong>et</strong> <strong>sur</strong> l’ours, est même<strong>de</strong>venu un opposant aux réintroductions <strong>et</strong> a d’ailleurs réc<strong>la</strong>mé le r<strong>et</strong>rait du Béarn <strong>de</strong> l’ours54 « Il faut sauver nos <strong>de</strong>rniers ours », n°12, 1964.55 <strong>Rapport</strong> précité, page 93.56 Jean-Pierre Farthouat, <strong>Rapport</strong> <strong>de</strong> synthèse <strong>sur</strong> le problème <strong>de</strong> ma sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion d’ours bruns (Ursus arctos)<strong>de</strong>s Pyrénées occi<strong>de</strong>nta<strong>les</strong>, janvier 1981, page 11 (enquête <strong>de</strong> M. Dal<strong>la</strong> Rosa).46

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