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Rapport historique et prospectif sur la protection de l'ours dans les ...

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La doctrine exprimée au "Grenelle <strong>de</strong> l’environnement"Voici ce qu’on peut lire <strong>dans</strong> le rapport du groupe "Préserver <strong>la</strong> biodiversité <strong>et</strong> <strong>les</strong>ressources naturel<strong>les</strong>" : « L’importance, notamment économique <strong>et</strong> culturelle, <strong>de</strong> <strong>la</strong>biodiversité apparaît <strong>de</strong> plus en plus c<strong>la</strong>irement à tous, au même titre que celle <strong>de</strong> préserverune stabilité climatique minimale. La diversité biologique <strong>et</strong> <strong>les</strong> ressources naturel<strong>les</strong>vivantes, produites par <strong>les</strong> écosystèmes, contribuent directement à plus <strong>de</strong> 40% <strong>de</strong> l’économiemondiale. 70 » C’est une vision très utilitariste <strong>de</strong> <strong>la</strong> biodiversité au service assez exclusif <strong>de</strong>sbesoins humains qui s’exprime ici. Elle rejoint une doctrine <strong>de</strong> <strong>la</strong> conservation exprimée parune frange d’écologues qui soutiennent que <strong>les</strong> « anciennes métho<strong>de</strong>s définissant <strong>les</strong> priorités<strong>de</strong>vraient être abandonnées, au profit d’une approche m<strong>et</strong>tant l’accent <strong>sur</strong> <strong>la</strong> sauvegar<strong>de</strong>d’écosystèmes précieux pour l’homme. » C’est <strong>la</strong> stratégie dite <strong>de</strong>s « services écologiques »qui aboutit à c<strong>et</strong>te conclusion foncièrement égoïste : « Il faut d’abord protéger <strong>les</strong>écosystèmes là où <strong>la</strong> biodiversité offre <strong>de</strong>s services aux personnes qui en ont besoin. »L’impérialisme <strong>de</strong> l’espèce humaine est ainsi remis au goût du jour sous <strong>de</strong>s auspiceshumanitaires. Rien d’étonnant à ce que le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s affaires manifeste son enthousiasmepour c<strong>et</strong>te approche, comme le confie <strong>les</strong> auteurs 71 !Un préambule intitulé « une vision partagée pour <strong>la</strong> biodiversité », donné en annexe dumême rapport, reflète bien <strong>de</strong>s contradictions.« La conservation <strong>de</strong> <strong>la</strong> biodiversité ne peut ainsi plus se réduire à <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong>sespèces sauvages <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s réserves naturel<strong>les</strong>. Elle doit sauvegar<strong>de</strong>r <strong>les</strong> grands écosystèmes<strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète appréhendés comme <strong>la</strong> base <strong>et</strong> le support <strong>de</strong> notre développement. "Il ne s’agitdonc plus <strong>de</strong> geler une nature sauvage, maintenue <strong>dans</strong> son état primitif, à l’abri <strong>de</strong>sinterventions humaines. Au contraire, il faut préserver <strong>la</strong> capacité évolutive <strong>de</strong>s processusécologiques. Ce<strong>la</strong> implique d’harmoniser <strong>la</strong> préservation <strong>de</strong>s réserves naturel<strong>les</strong> avec <strong>les</strong>zones exploitées par l’homme, <strong>dans</strong> une gestion variée du territoire. Dans une telleconception, l’homme n’est pas extérieur à <strong>la</strong> nature, il en fait partie, il est membre actif d’unenature à <strong>la</strong>quelle il peut faire du bien, s’il se conduit <strong>de</strong> manière avisée, s’il en fait bon usage.C’est l’idée même <strong>de</strong> développement durable : il ne s’agit pas d’étendre <strong>la</strong> logique <strong>de</strong>production à l’environnement, mais au contraire <strong>de</strong> comprendre que nos activitéséconomiques sont incluses <strong>dans</strong> notre environnement naturel. 72 " Ceci est d’autant plus vrai enFrance où tous <strong>les</strong> paysages, réputés naturels ou non, sont le fruit d’une coévolution du travail<strong>de</strong> <strong>la</strong> nature <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’homme.L’homme a divorcé <strong>de</strong>puis longtemps <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature : il doit maintenant se réconcilieravec elle, <strong>dans</strong> le cadre d’un progrès <strong>et</strong> d’un développement rénovés. Il faut sauver l’homme<strong>et</strong> <strong>la</strong> nature ensemble. Il nous faut signer un nouveau pacte avec <strong>la</strong> diversité du vivant. (…) I<strong>les</strong>t urgent d’agir : nous sommes sans doute <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière génération à pouvoir maintenir encore<strong>la</strong> majeure partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> diversité biologique, mais, compte tenu du rythme d’érosion, nousn’avons que peu d’années pour inverser <strong>la</strong> tendance. »La première contradiction est <strong>de</strong> reconnaître le divorce <strong>de</strong> l’homme <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature, <strong>et</strong> <strong>de</strong>poser <strong>les</strong> grands écosystèmes comme base <strong>et</strong> support <strong>de</strong> notre développement. Nous estimons70 Introduction, page 9.71 P<strong>et</strong>er Kareiva, directeur scientifique <strong>de</strong> l’organisation Nature Conservancy <strong>et</strong> Michelle Marvier, professeur àl’Université <strong>de</strong> Santa C<strong>la</strong>ra (Californie), directrice <strong>de</strong> l’Institut <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s environnementa<strong>les</strong>, « Repenserl’écologie », Pour <strong>la</strong> Science, février 2008.72 C<strong>et</strong>te phrase est empruntée à Catherine Larrère <strong>et</strong> Raphaël Larrère, Du bon usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature, Pour unephilosophie <strong>de</strong> l’environnement, Aubier, 1997.54

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