situation en zone à ours ont droit à trois rotations gratuites. Ainsi Jeannine Loustau, bergèreavec son frère à l’estive <strong>de</strong> Lapassa (Aspe), déc<strong>la</strong>re : « "Pour nous, c’est super ! On nepourrait plus s’en passer. C’est bien <strong>et</strong>… c’est grâce à l’I.P.H.B." dit-elle presqu’ens’excusant. »A <strong>la</strong> question du journaliste : « Les héliportages étaient au départ une compensation parrapport à <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> l’ours… », Didier Hervé, directeur <strong>de</strong> l’I.P.H.B. répond : « Au départ,oui. Puis, il y a eu un basculement parce que l’économie pastorale s’est développée. Lescontraintes par rapport aux ours existent toujours, mais c’est <strong>sur</strong>tout <strong>la</strong> nécessité du berger quiest là <strong>et</strong> à <strong>la</strong>quelle il faut répondre. Les bergers ont besoin <strong>de</strong> matériel pour fabriquer lefromage. »Voilà une bonne illustration <strong>de</strong> <strong>la</strong> récupération par l’I.P.H.B. qui réalise <strong>de</strong>s missionsautrefois créées par le F.I.E.P., <strong>et</strong> qui <strong>les</strong> détournent complètement <strong>de</strong> leur raison première.Rappelons qu’il ne reste que trois ou quatre ours <strong>dans</strong> toutes <strong>les</strong> Pyrénées occi<strong>de</strong>nta<strong>les</strong>.Le vrai problème n’a jamais été l’ours« Il serait bon <strong>de</strong> rappeler que le kilo <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> mouton produit en France est ach<strong>et</strong>é22 francs au producteur. Le même kilo <strong>de</strong> mouton néo-zé<strong>la</strong>ndais arrive en France à 13 francs.Huit ours en plus ou en moins ne changeront pas le fait que <strong>la</strong> production française ne couvreplus que 50% <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation nationale contre 75% il y a 20 ans » Ainsi s’exprimeFrançois Moutou <strong>dans</strong> une l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> janvier 1994 adressée au cabin<strong>et</strong> du ministère <strong>de</strong>l’Environnement, au moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> signature <strong>de</strong> <strong>la</strong> "Charte du développement durable <strong>de</strong>svallées béarnaises <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> l’ours". C<strong>et</strong>te question est toujours aussi brû<strong>la</strong>nte.Une autre question tabou est celle <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies du bétail. Le 8 avril <strong>de</strong>rnier, nousapprenions que le Premier Ministre annonçait un déblocage <strong>de</strong> 6 millions d’euros d’ai<strong>de</strong> auxéleveurs pour faire face à <strong>la</strong> gravité <strong>de</strong> l’épizootie <strong>de</strong> fièvre catarrhale ovine. Le 20 mars, M.Barnier, ministre <strong>de</strong> l’Agriculture annonçait que le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> vaccination en cours était le plusimportant jamais mis en p<strong>la</strong>ce en France. Dans <strong>les</strong> seu<strong>les</strong> Pyrénées-At<strong>la</strong>ntiques, sontconcernés 330 000 bovins <strong>et</strong> 600 000 ovins 50 !Pour occulter ce problème <strong>de</strong> fond, <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> politiques <strong>et</strong> syndicaux ont toujoursattisé <strong>la</strong> haine <strong>de</strong> l’ours, avec <strong>la</strong> complicité <strong>de</strong> nombreux médias qui raffolent <strong>de</strong> titresven<strong>de</strong>urs. Ainsi, <strong>les</strong> attaques d’ours ont toujours été <strong>sur</strong>estimées. En nombre d’une part. De1968 à 1991, le prélèvement <strong>de</strong> l’ours représente en moyenne 0,1% du cheptel présent <strong>dans</strong> <strong>la</strong>zone à ours <strong>de</strong>s Pyrénées occi<strong>de</strong>nta<strong>les</strong> (1039 attaques pour 1681 bêtes tuées en 24 ans) 51 . Il esttrès inférieur à <strong>la</strong> mortalité par acci<strong>de</strong>nt, ma<strong>la</strong>die <strong>et</strong> attaques <strong>de</strong>s chiens. En intensité d’autrepart. Comme pour tous <strong>les</strong> prédateurs, l’homme exagère ce qui est reproché au sauvage pourpardonner ce qui revient au domestique, son chien par exemple. Combien d’histoires qui noussont rapportées <strong>de</strong> bonnes sources, toujours ora<strong>les</strong>, où l’ours a le bon dos <strong>et</strong> le chien est oubliéou puni discrètement.La peur fantasmatique <strong>de</strong> l’ours d’origine slovène est également nourrie par <strong>les</strong>adversaires <strong>de</strong> l’ours. Les plus acharnés sont même <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s défenseurs <strong>de</strong>s ours <strong>de</strong>sPyrénées qu’ils contribuèrent à faire éliminer ! Ainsi, l’ancien maire <strong>de</strong> Bielle, ex-conseillergénéral du canton du Haut-Ossau <strong>et</strong> ex-prési<strong>de</strong>nt du puissant Syndicat du Haut Ossau,50 Source Sud-Ouest Béarn <strong>et</strong> Soule.51 F.I.E.P., L. Né<strong>de</strong>lec, op.cit., 1994.44
Bay<strong>la</strong>ucq écrivait : « L'ours brun <strong>de</strong>s Pyrénées est fin, très élégant, <strong>la</strong> robe c<strong>la</strong>ire <strong>et</strong> <strong>la</strong> têtefine. L'ours slovène est énormément massif <strong>et</strong> grand, <strong>la</strong> tête ron<strong>de</strong> <strong>et</strong> le pe<strong>la</strong>ge presque noir.L'ours brun <strong>de</strong>s Pyrénées est presque totalement herbivore ; il tue pour son équilibrehormonal. Son organisme lui réc<strong>la</strong>me <strong>de</strong> <strong>la</strong> vian<strong>de</strong> à <strong>la</strong> pousse <strong>de</strong> l'herbe excessivementazotée, en juin en montagne ; <strong>et</strong> fin septembre, gavé <strong>de</strong> fruits d'une flore riche d'été il éprouveun besoin <strong>de</strong> consommation <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>. Les pertes occasionnées par <strong>les</strong> 7 ours <strong>de</strong>s Pyrénéespeuvent s'évaluer à une moyenne <strong>de</strong> 44 brebis par an. L'ours slovène tue en permanence ; c'estainsi que 4 ours ont tué en un an 269 brebis en en ont fait disparaître 1066, soit un total <strong>de</strong>1335 / 4 = 333 brebis par ours. L'ours brun <strong>de</strong>s Pyrénées est peu chasseur. L'ours slovène estun carnassier. De par sa puissance il est à même d'éliminer <strong>les</strong> mâ<strong>les</strong> pyrénéens <strong>et</strong> donc <strong>de</strong>détruire <strong>l'ours</strong> <strong>de</strong>s pyrénées. 52 » Fichtre !Ce fantasme n’atteint pas simplement <strong>les</strong> pires adversaires <strong>de</strong> Lou Moussu, maiscertains bergers plutôt favorab<strong>les</strong>. Ainsi, <strong>sur</strong> le marché biologique <strong>de</strong> Pau, nous avions en2003 ou 2004 eu c<strong>et</strong>te conversation assez sidérante avec une productrice <strong>de</strong> fromagesympathique <strong>et</strong> sincère originaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> vallée d’Ossau :- Que pensez-vous <strong>de</strong> l’ours <strong>dans</strong> nos montagnes ?- Celui <strong>de</strong>s Pyrénées ne nous pose pas <strong>de</strong> problèmes, mais celui <strong>de</strong> Slovénie c’est paspareil…- Avez-vous subi <strong>de</strong>s dégâts ?- Non, mais <strong>de</strong>s amis ariégeois nous ont envoyé <strong>de</strong>s photos, <strong>et</strong> ce n’est pas joli.- Je veux bien vous croire car un cadavre d’animal n’est pas joli à regar<strong>de</strong>r, mais ici enBéarn, l’ours Néré qui est d’origine slovène, après avoir commis pas mal <strong>de</strong> dégâts là où <strong>les</strong>troupeaux ne sont pas gardés, eh bien il est très calme. Alors que l’ours "Papillon" qui étaitbien béarnais, lui il a tué pas mal <strong>de</strong> moutons à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> sa vie quand il était très diminuéphysiquement.- silence…- Oui, mais l’ours slovène il est pas pareil…Même constat sous <strong>la</strong> plume du journaliste Txomin Laxalt en 2005 :« La réintroduction <strong>de</strong> l’ours, qui alimente <strong>les</strong> conversations <strong>sur</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>et</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong>cafés <strong>de</strong> Laruns, nourrissant <strong>de</strong>s peurs ancestra<strong>les</strong>, inquiète plus que <strong>les</strong> perspectiveséconomiques. "L’ours pyrénéen, à <strong>la</strong> limite, on le connaît, <strong>et</strong> il connaît son environnement, onpourrait faire avec. Mais pas avec l’ours slovène, sa réintroduction serait une catastrophe",affirme-t-il catégorique. L’heure sonne du changement <strong>de</strong> pâture <strong>dans</strong> ce pré, au pied <strong>de</strong>spremiers <strong>la</strong>c<strong>et</strong>s du Pourtal<strong>et</strong>. Il endosse son blouson <strong>et</strong> se saisit du bâton. Baptiste trotte-menu,fait <strong>de</strong> même. Dans c<strong>et</strong>te famille, on est berger <strong>de</strong> père en fils. 53 »On ajoutera que <strong>les</strong> perspectives économiques, el<strong>les</strong>, inquiètent sérieusement <strong>la</strong>popu<strong>la</strong>tion non pastorale qui est très majoritaire <strong>dans</strong> <strong>les</strong> vallées, <strong>et</strong> dont certains disentofficieusement toute leur colère face aux attitu<strong>de</strong>s du mon<strong>de</strong> pastoral choyé par <strong>les</strong> autoritésquand <strong>les</strong> autres souffrent en silence. On remarquera c<strong>et</strong>te volonté, « à <strong>la</strong> limite », <strong>de</strong> faireavec <strong>les</strong> ours <strong>de</strong>s Pyrénées alors qu’il ne reste plus que trois ou quatre mâ<strong>les</strong> <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> mort <strong>de</strong>l’ourse "Cannelle".52 « Le Béarn : <strong>les</strong> vallées d'Aspe, d'Ossau <strong>et</strong> Barétous où <strong>de</strong>s hommes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s femmes s'aventurent <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>dans</strong>e<strong>de</strong>s Ours », mars 2001.53 « Le berger, l’âme <strong>de</strong>s estives », Pyrénées Magazine, juill<strong>et</strong>-août 2005.45
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