Cliché n°1. P<strong>la</strong>teau pastoral (2000 mètres) en haute vallée d’Aspe avec au fond le Pic du midi d’Ossau,juill<strong>et</strong> 2007. Est-ce <strong>la</strong> seule « montagne vivante » ? (Isabelle Rama<strong>de</strong>).Un tel mythe n’est pas cantonné au seul mon<strong>de</strong> pastoral. Même certains défenseurs <strong>de</strong>l’ours adhèrent à une vision plus ou moins analogue. C’est ainsi qu’on peut lire <strong>dans</strong> <strong>la</strong>p<strong>la</strong>qu<strong>et</strong>te <strong>de</strong> présentation du F.I.E.P., en légen<strong>de</strong> d’un cliché <strong>de</strong> C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Dendal<strong>et</strong>che : « Quand<strong>la</strong> montagne se vi<strong>de</strong>ra définitivement <strong>de</strong> troupeaux <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> faune disparaîtra <strong>et</strong> <strong>la</strong> tristessep<strong>la</strong>nera <strong>sur</strong> <strong>les</strong> hauts pâturages. » Ces propos datent <strong>de</strong> <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> l’année 1978. Beaucoup plusrécemment, on pouvait entendre <strong>sur</strong> France Culture, à l’été 2006, Catherine Brun<strong>et</strong>, anciennemembre <strong>de</strong> l’Association <strong>de</strong> cohabitation pastorale <strong>et</strong> Farid Benhammou, géographe, docteuren sciences <strong>de</strong> l’environnement, chercheur spécialisé <strong>dans</strong> <strong>les</strong> re<strong>la</strong>tions entre <strong>les</strong> hommes <strong>et</strong> <strong>la</strong>gran<strong>de</strong> faune, se p<strong>la</strong>indrent <strong>de</strong> <strong>la</strong> diminution <strong>de</strong> l’élevage, <strong>de</strong>s forêts qui gagnent, <strong>de</strong> <strong>la</strong> frichequi envahirait <strong>les</strong> vil<strong>la</strong>ges, espérant ainsi un développement <strong>de</strong> l’élevage grâce aux jeunes qui<strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt à s’installer.De leur côté, <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> politiques, quel que soit leur parti, ne cessent <strong>de</strong>s’inquiéter. Voici ce qu’écrivait le sénateur Gérard Bailly <strong>dans</strong> son rapport déjà cité :« Le développement, à gran<strong>de</strong> échelle, <strong>de</strong> <strong>la</strong> déprise agricole que connaissent diversesparties du territoire constitue un évènement majeur <strong>dans</strong> l’histoire écologique <strong>de</strong> <strong>la</strong> France,dont nos concitoyens n’ont pas encore pris <strong>la</strong> me<strong>sur</strong>e. L’extension progressive <strong>de</strong>s <strong>sur</strong>facesqui r<strong>et</strong>ournent à <strong>la</strong> friche puis à <strong>la</strong> forêt aboutit à une transformation <strong>de</strong>s paysages <strong>et</strong> <strong>de</strong>sécosystèmes sans équivalent <strong>de</strong>puis le mouvement <strong>de</strong> déforestation qu’a connu <strong>la</strong> France auMoyen-Âge. En silence, certaines parties du territoire r<strong>et</strong>rouvent l’apparence qu’el<strong>les</strong> avaientavant l’intervention <strong>de</strong>s moines <strong>de</strong> Cluny. Si d’aucuns étaient tentés <strong>de</strong> se réjouir <strong>de</strong> ce quileur apparaîtrait comme un juste r<strong>et</strong>our à <strong>la</strong> nature, il est urgent, tout au contraire, pour votremission d’information, <strong>de</strong> souligner <strong>les</strong> dangers d’un mouvement difficilement réversible quiconstitue un véritable r<strong>et</strong>our en arrière aux conséquences incalcu<strong>la</strong>b<strong>les</strong>. 67 »Ce même sénateur, manifestement suj<strong>et</strong> aux peurs millénaristes, estime que le r<strong>et</strong>our duloup, du lynx <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’ours constitue une véritable catastrophe pour <strong>les</strong> activités d’élevage,interdirait l’entr<strong>et</strong>ien <strong>de</strong> vastes <strong>sur</strong>faces herbagères situées en zone <strong>de</strong> montagne, ce<strong>la</strong>entraînant un appauvrissement <strong>de</strong>s écosystèmes. « Alors que <strong>la</strong> société est <strong>de</strong> plus en plusprompte à rem<strong>et</strong>tre en cause <strong>les</strong> excès d’un agriculture intensive <strong>et</strong> productiviste, <strong>la</strong> mise en67 Op.cit. page 38.52
valeur <strong>de</strong> l’élevage ovin ne peut être que favorablement accueillie. (…) L’élevage ovin estune production intrinsèquement liée à l’herbe, qui contribue à l’entr<strong>et</strong>ien du paysage <strong>et</strong> à <strong>la</strong><strong>protection</strong> <strong>de</strong> l’environnement. 68 »Au niveau local, <strong>les</strong> mêmes craintes s’expriment. Voici un exemple parmi d’autres.Bruno Lepore, maire <strong>de</strong> Saint-Pé-<strong>de</strong>-Bigorre (Hautes-Pyrénées), par ailleurs conseillergénéral, peut tenir <strong>les</strong> propos suivants pour justifier son opposition au r<strong>et</strong>our <strong>de</strong> l’ours :« Le pastoralisme <strong>sur</strong> St-Pé est sérieusement menacé. Or si <strong>les</strong> pâturages disparaissent,c’est tout l’équilibre du paysage qui se trouve perturbé. À quoi bon, <strong>dans</strong> ce cas, soutenir <strong>de</strong>sprogrammes environnementaux ? » 69Notons que <strong>la</strong> déprise agricole en zone <strong>de</strong> montagne a commencé bien avant l’arrivée<strong>de</strong>s ours d’origine slovène, qu’elle porte <strong>sur</strong>tout <strong>sur</strong> <strong>les</strong> zones dites intermédiaires <strong>de</strong> l’étagemontagnard <strong>et</strong> que l'abandon <strong>de</strong> certaines pratiques, telle que <strong>la</strong> fauche <strong>de</strong>s fougères pour <strong>la</strong>litière animale hivernale, a accéléré ce processus, comme on l’apprend <strong>sur</strong> <strong>les</strong> archives enligne du Parc national <strong>de</strong>s Pyrénées.Alors, faute <strong>de</strong> pastoralisme, point <strong>de</strong> salut pour le paysage, <strong>la</strong> nature <strong>et</strong> <strong>la</strong> biodiversité ?Cliché n°2. Slovénie, juin 2007. Soixante ans après <strong>la</strong> fin du pâturage par <strong>les</strong> moutons, <strong>la</strong> forêt revient <strong>sur</strong> <strong>les</strong>versants. N’est-ce pas une « montagne vivante » ? (S. Carbonnaux).La position <strong>de</strong> l’État en matière <strong>de</strong> biodiversitéEn France, l’État, comme il a été dit plus haut, a cherché jusqu’à présent à maintenirquantités d’usages dits traditionnels en liant leur avenir à celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> biodiversité. Ce qui <strong>dans</strong>certaines situations est un véritable casse-tête. Ainsi, comme le souligne François Rama<strong>de</strong>, <strong>la</strong>défense <strong>de</strong> <strong>la</strong> pêche française par <strong>les</strong> gouvernements successifs se heurte aux limitesimp<strong>la</strong>cab<strong>les</strong> <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> poissons (appelés "stocks" avant <strong>la</strong> rupture…).68 Op.cit. page 96.69 Empreinte Ours, L<strong>et</strong>tre d’information semestrielle <strong>de</strong> l’État <strong>sur</strong> le programme <strong>de</strong> restauration <strong>et</strong> <strong>de</strong>conservation <strong>de</strong> l’ours brun <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Pyrénées, n°3, juin 2007.53
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