Hartasánchez, <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s piliers du FAPAS. C’est ainsi qu’on ne tue plus impunément un ours<strong>dans</strong> <strong>les</strong> Cantabriques, on <strong>de</strong>vient même un paria <strong>de</strong> <strong>la</strong> société.En 1989, une affaire a constitué un tournant <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te lutte farouche. Un homme avaittué une ourse dont <strong>les</strong> p<strong>et</strong>its avaient disparu. Après une longue enquête, l’homme fut r<strong>et</strong>rouvé<strong>et</strong> <strong>les</strong> oursons (<strong>de</strong>ux femel<strong>les</strong>) furent récupérés <strong>dans</strong> une grange. La <strong>de</strong>scente <strong>de</strong> <strong>la</strong> gar<strong>de</strong> civile<strong>dans</strong> le vil<strong>la</strong>ge en question marqua beaucoup <strong>les</strong> esprits. Ambiance : un habitant qui vit <strong>la</strong>police arriver chez lui désigna son voisin : « C’est lui qui m’a accusé parce que j’ai b… safemme ! » Un autre tenta <strong>de</strong> camoufler un grand tétras empaillé grâce à une culotte <strong>de</strong> safemme, <strong>et</strong>c.Le braconnier, faute <strong>de</strong> preuves très évi<strong>de</strong>ntes, ne fut même pas condamné, à uneépoque il est vrai où l’écologie n’avait pas le même impact qu’aujourd’hui. Cependant,l’homme subit <strong>de</strong> graves troub<strong>les</strong> psychiatriques <strong>et</strong> dépensa <strong>de</strong> gros frais d’avocat. Lapopu<strong>la</strong>tion, émue par le sort <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux ours s’empara <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te histoire, on baptisa <strong>les</strong>femel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s noms <strong>de</strong> Paca 48 <strong>et</strong> To<strong>la</strong> <strong>et</strong> on trouva un enclos pour <strong>les</strong> abriter. Paca y To<strong>la</strong> sontainsi <strong>de</strong>venues <strong>de</strong>s icônes <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> l’ours, que tous appellent très affectueusementen passant <strong>de</strong>vant leur enclos <strong>de</strong> Proaza. Dans <strong>les</strong> années 1990 une autre affaire <strong>de</strong>braconnage s’est même soldée par <strong>la</strong> mort du braconnier qui mit fin à ses jours paraccumu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> problèmes personnels. Tuer aujourd’hui un ours peut être sanctionné <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxans d’emprisonnement, sauf si le casier judiciaire est vierge. L’amen<strong>de</strong> est <strong>de</strong> 30 000 euros.Ces peines sont très supérieures à cel<strong>les</strong> pratiquées en France puisque le Co<strong>de</strong> pénal prévoitun emprisonnement d’une durée <strong>de</strong> six mois maximum <strong>et</strong> une amen<strong>de</strong> <strong>de</strong> 9 000 euros.Preuve du changement d’attitu<strong>de</strong>, <strong>les</strong> éleveurs <strong>de</strong>s Asturies soutiennent trèsmajoritairement l’ours. En 1998, après <strong>la</strong> mort d’une ourse à Somiedo, <strong>les</strong> éleveurs ont faitpublier une annonce <strong>dans</strong> <strong>la</strong> presse pour affirmer que l’ours est une espèce à protéger. Autrecas, en 1999 à Cangas <strong>de</strong> Narcea, à l’ouest <strong>de</strong>s Asturies. Des gar<strong>de</strong>s qui sont allés récupérerune ourse empoisonnée (sans doute par un produit <strong>de</strong>stiné aux rats ou aux loups) <strong>dans</strong> unvil<strong>la</strong>ge ont dû signer un document attestant aux vil<strong>la</strong>geois que si l’ourse était guérie, elle seraitrelâchée là car elle était du vil<strong>la</strong>ge. Ce fut le cas <strong>et</strong> une fête eut lieu au vil<strong>la</strong>ge.Un autre succès <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te lutte a été <strong>de</strong> stimuler <strong>la</strong> création d’un corps <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s civilsspécialisés : le Servicio <strong>de</strong> Protección <strong>de</strong> <strong>la</strong> Naturaleza (SE.PRO.NA.). Le FAPAS a formé<strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s civils <strong>et</strong> leur prépare beaucoup le terrain, notamment <strong>dans</strong> <strong>la</strong> production <strong>de</strong>preuves. En outre, il existe une "Patrul<strong>la</strong> Oso", un corps <strong>de</strong> 5 gar<strong>de</strong>s spécialement dédié àl’ours, <strong>sur</strong> 140 gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong>l medio ambiente pour toutes <strong>les</strong> Asturies. Les fonctions <strong>de</strong> <strong>la</strong>patrouille ours sont :- exercer <strong>les</strong> constats <strong>de</strong> dégâts <strong>et</strong> suivre <strong>les</strong> dossiers,- suivre <strong>les</strong> ourses suitées en col<strong>la</strong>boration avec d’autres gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong>l medioambiente, <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s du FAPAS, (3 pour Asturies <strong>et</strong> León) <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fundación OsoPardo (9 pour Asturies <strong>et</strong> León),- lutter contre le braconnage,- récolter <strong>de</strong>s poils <strong>et</strong> excréments pour le suivi génétique.En outre, comme <strong>dans</strong> d’autres régions d’Espagne, il existe en Asturies un jugecompétent pour <strong>les</strong> affaires écologiques, un fiscal ambiental.Actuellement, le braconnage a disparu <strong>de</strong>s Asturies occi<strong>de</strong>nta<strong>les</strong>. Subsiste l’épineuxproblème <strong>de</strong>s coll<strong>et</strong>s en métal, <strong>les</strong> <strong>la</strong>zos. Ils sont vraiment très nombreux <strong>et</strong> déposés par <strong>de</strong>s48 Le nom <strong>de</strong> Paca est une référence directe au prénom <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme du prési<strong>de</strong>nt du FAPAS.40
paysans pour tuer <strong>les</strong> sangliers : en 2006, 55 furent trouvés lors d’une seule journée pendantune opération à <strong>la</strong>quelle participèrent plus <strong>de</strong> 70 personnes (SE.PRO.NA, Fapas, Fundaci?nOso Pardo <strong>et</strong> <strong>la</strong> gar<strong>de</strong>rie). On peut trouver un coll<strong>et</strong> le long d’une propriété, mais si lebraconnier n’est pas pris actionnant le piège, aucune condamnation n’est possible. Or, <strong>les</strong>f<strong>la</strong>grants délits sont rares. Pour autant, un habitant <strong>de</strong> Cangas <strong>de</strong>l Narcea a été condamné à1 440 euros d’amen<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong>ux ans d’interdiction <strong>de</strong> chasser pour avoir posé trois coll<strong>et</strong>s <strong>dans</strong><strong>la</strong> zone ursine (bull<strong>et</strong>in du Fapas, avril 2007).ConclusionAndré Etchelecou voyait juste lorsqu’il évoquait une <strong>sur</strong>mortalité anormale <strong>de</strong>s ours <strong>de</strong>sPyrénées occi<strong>de</strong>nta<strong>les</strong> qui fut pourtant contestée par certains. Malheureusement, aucuneautorité supérieure ne prit conscience <strong>de</strong> l’urgence d’intervenir ou ne voulut le faire. Encoreaujourd’hui, une gêne entoure l’histoire <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers ours <strong>de</strong>s Pyrénées. La communication<strong>de</strong>s rapports d’autopsie <strong>de</strong>s ours "Papillon", "Cannelle", "Palouma" <strong>et</strong> "Franska" estmanifestement chose très difficile…La <strong>protection</strong> directe <strong>de</strong> l’espèce <strong>la</strong> plus emblématique <strong>de</strong> notre faune n’a été, au fond,qu’une succession <strong>de</strong> coups, sans gran<strong>de</strong> réflexion, servie par une justice encore peu au fait<strong>de</strong>s choses <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature.L’étu<strong>de</strong> plus approfondie <strong>de</strong> l’expérience cantabrique est une nécessité pour modifiernos pratiques.41
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