mètres <strong>de</strong> distance, sans que l’animal n’ait été agressif. Une serveuse d’un restaurant a évoqué<strong>de</strong>vant nous <strong>la</strong> banalité que représente le passage nocturne <strong>de</strong> l’ours aux abords du bâtiment.Il lui arrive <strong>de</strong> quitter son travail après le coucher du soleil. C<strong>et</strong>te jeune femme albanomonténégrine,mère d’une p<strong>et</strong>ite fille, est-elle plus courageuse qu’un grand gail<strong>la</strong>rdpyrénéen ? Ou bien ses origines balkaniques <strong>la</strong> condamne-t-elle à être inconsciente ? Nousposons ces questions aux agitateurs <strong>et</strong> provocateurs <strong>de</strong> fausses nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s groupesultrapastoraux <strong>et</strong> aux élus qui <strong>les</strong> soutiennent.Un ancien légionnaire nous a raconté également avoir vu <strong>de</strong>puis sa fenêtre un vieilhomme <strong>et</strong> son p<strong>et</strong>it chien <strong>sur</strong>pris par une ourse suitée. L’homme a pris son chien, effrayé,<strong>dans</strong> ses bras, <strong>et</strong> l’ourse a poursuivi tranquillement son chemin. Notons que <strong>dans</strong> ce cas ils’agit d’un passage utilisé fréquemment par une ourse entre <strong>la</strong> lisière forestière <strong>et</strong> <strong>de</strong>s prairies<strong>et</strong> bouqu<strong>et</strong>s <strong>de</strong> p<strong>et</strong>its sau<strong>les</strong> inondés où l’animal se cache <strong>et</strong> va boire. Ce passage se situe à <strong>la</strong>sortie <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Kocevje en pleine zone urbanisée, territoire p<strong>et</strong>it à p<strong>et</strong>it gagné <strong>sur</strong> celui <strong>de</strong>l’ours. L’ancien directeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> réserve <strong>de</strong> Rog (Medved aujourd’hui), M. Lado Švigelj, grandchasseur, nous a confirmé le passage très régulier <strong>de</strong> ces ours qu’il observe lui aussi.Nous avons-nous-mêmes quelques expériences <strong>et</strong> observations à ce suj<strong>et</strong>. Il nous estarrivé <strong>de</strong> passer une semaine avec plus <strong>de</strong> dix personnes, dont <strong>de</strong>s enfants, <strong>dans</strong> une maisonforestière, alors que plusieurs ours vivaient à très faible distance <strong>de</strong> nous. Nous r<strong>et</strong>rouvions<strong>de</strong>s indices <strong>de</strong> leur présence aux abords immédiats <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison, <strong>les</strong> avons entendus à <strong>de</strong>uxreprises en fin d’après-midi, nous <strong>les</strong> avons gu<strong>et</strong>tés <strong>de</strong> nuit <strong>et</strong> ne <strong>les</strong> avons jamais vus. Aumois <strong>de</strong> mai 2008, peu après le coucher du soleil, nous avons observé à quinze mètres <strong>de</strong> nous<strong>de</strong>ux ours, sans doute <strong>dans</strong> leur <strong>de</strong>uxième année, <strong>sur</strong> une route forestière. Une fois le moteur<strong>de</strong> <strong>la</strong> voiture coupé, un <strong>de</strong>s ours s’est arrêté, s’est assis <strong>et</strong> nous a regardé, a même mangéquelques herbes alors qu’il était éc<strong>la</strong>iré par <strong>les</strong> phares. Il a tranquillement repris sa route,rejoint le second <strong>et</strong> tous <strong>de</strong>ux ont fuit <strong>de</strong>vant l’arrivée d’un… quad tonitruant ! Terminons endisant qu’au terme <strong>de</strong> semaines entières en plein cœur du territoire <strong>de</strong>s ours, nous l’avons vutrois fois sans l’artifice d’un mirador <strong>et</strong> l’avons manqué plusieurs fois <strong>de</strong> peu, au vu <strong>de</strong> traces<strong>et</strong> crottes fraîches. Preuve que l’homme <strong>et</strong> l’ours peuvent évoluer <strong>sur</strong> un même territoire, àcondition bien évi<strong>de</strong>mment <strong>de</strong> respecter <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> élémentaires <strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce.Si <strong>de</strong>s conflits entre <strong>de</strong>s hommes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s ours ont eu lieu <strong>et</strong> auront lieu en Slovénie, ilssont bien peu nombreux. Ils obéissent d’une part à l’invasion du domaine <strong>de</strong> l’ours par <strong>les</strong>hommes qui édifient <strong>de</strong>s maisons près <strong>de</strong> passages ou s’aventurent trop près <strong>de</strong>s femel<strong>les</strong>suitées. D’autre part, ils sont causés par l’arrivée <strong>dans</strong> <strong>les</strong> territoires habités par l’ours <strong>de</strong>personnes n’ayant aucune expérience <strong>de</strong> ces animaux, <strong>et</strong> qui par ignorance en ontpeur 167 . Enfin, ils proviennent <strong>de</strong> prédations, faib<strong>les</strong>, <strong>de</strong> l’ours <strong>sur</strong> le bétail. Cependant, le loupcause plus <strong>de</strong> problèmes que l’ours <strong>et</strong> un p<strong>et</strong>it éleveur <strong>de</strong> moutons nous a confirmé que nil’ours ni le loup n’attaquaient son troupeau mais <strong>les</strong> grands corbeaux oui. Nous avonsd’ailleurs passé dix jours <strong>dans</strong> un hameau où plusieurs personnes possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s moutonsautour <strong>de</strong> leurs propriétés, alors que <strong>les</strong> ours vivent <strong>de</strong> part <strong>et</strong> d’autre <strong>de</strong>s maisons, traversentle hameau <strong>la</strong> nuit pour aller notamment manger <strong>de</strong>s fruits <strong>dans</strong> <strong>les</strong> vergers, <strong>de</strong>s <strong>la</strong>rves <strong>de</strong>fourmis ou <strong>de</strong> l’ail <strong>de</strong>s ours, très abondant. On ne relève aucun dégât <strong>sur</strong> <strong>les</strong> bêtesdomestiques.Au diable <strong>les</strong> clichés ! L’ours vit en bonne intelligence avec <strong>les</strong> hommes <strong>dans</strong> <strong>les</strong>territoires <strong>de</strong> Slovénie <strong>et</strong> ne prolifère pas. Les Slovènes sont très conscients <strong>de</strong>s réalitésqu’imposent <strong>la</strong> vie aux côtés <strong>de</strong>s ours. Les ours ont un régime alimentaire c<strong>la</strong>ssique par167 Living with bears, op.cit. Un <strong>de</strong> nos amis slovènes confirme ces dires.124
apport aux autres ours d’Europe, essentiellement végétarien. Les chasseurs appâtent <strong>les</strong> ourspour <strong>les</strong> faire venir aux p<strong>la</strong>ces <strong>sur</strong> <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> ils seront tirés, <strong>et</strong> pour réduire <strong>les</strong> conflits avec<strong>les</strong> activités humaines. Une réserve <strong>de</strong> chasse autorise le dépôt <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>. Miha Adamic écritqu’il serait très dur <strong>de</strong> prouver que <strong>les</strong> apports <strong>de</strong> nourriture sont <strong>la</strong> raison principaled’attitu<strong>de</strong>s nouvel<strong>les</strong> vis-à-vis <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions <strong>et</strong> <strong>de</strong> leurs biens. Il estime que <strong>la</strong> distributionspatiale <strong>de</strong>s vil<strong>la</strong>ges <strong>et</strong> hameaux, mêlés à <strong>la</strong> forêt, favorise <strong>la</strong> venue <strong>de</strong>s ours en quête <strong>de</strong> restes<strong>la</strong>issés par <strong>les</strong> hommes ou d’autres sources <strong>de</strong> nourriture 168 .La Slovénie est un pays très équipé, <strong>les</strong> gens roulent vite <strong>sur</strong> <strong>les</strong> routes au vo<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>voitures <strong>de</strong> cylindrée souvent bien plus importante qu’en France, <strong>et</strong> l’ours paie ainsi un lourdtribut aux trafics routier <strong>et</strong> ferroviaire puisque 103 individus ont été tués entre 2002 <strong>et</strong> 2006(voir ci-après).Ceux qui préten<strong>de</strong>nt que <strong>dans</strong> ce pays on aurait trouvé un équilibre durable <strong>dans</strong> <strong>la</strong>séparation <strong>de</strong>s zones à ours <strong>et</strong> <strong>de</strong>s activités humaines, pour promouvoir un "cantonnement"<strong>de</strong>s ours, mentent. Comme partout, <strong>les</strong> hommes tentent <strong>de</strong> partager au mieux leur territoireavec l’espace vital <strong>de</strong>s ours.Les menaces pesant <strong>sur</strong> l’espace vital <strong>de</strong> l’oursMalgré une p<strong>la</strong>sticité étonnante, l’ours ne s’accommo<strong>de</strong> pas <strong>de</strong> certains travaux <strong>et</strong>dérangements <strong>sur</strong> son territoire, <strong>et</strong> notamment <strong>dans</strong> ses zones refuge où il hiverne, sereproduit, se nourrit à l’automne.Dans <strong>la</strong> pré-fiche mentionnée plus haut, l’Equipe Technique Ours a évalué l’état <strong>de</strong>l’habitat comme favorable, malgré <strong>les</strong> pressions <strong>et</strong> menaces suivantes. Nous <strong>les</strong> reprenons ànotre compte.- Activités agrico<strong>les</strong> <strong>et</strong> forestières : gestion forestière, élimination <strong>de</strong>s sous-étages,élimination <strong>de</strong>s arbres morts ou dépérissants, déboisement, brû<strong>la</strong>ge (feux pastoraux).- Activités minières : menaces- Infrastructures- routes <strong>et</strong> autoroutes : menaces- amélioration <strong>de</strong> l’accès du site : menaces- Loisirs <strong>et</strong> tourisme- complexe <strong>de</strong> ski : menaces- sports <strong>et</strong> loisirs <strong>de</strong> nature : menaces.La gestion forestière défavorable à l’oursSi <strong>la</strong> forêt regagne du terrain <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Pyrénées, mais peu <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Pyrénées occi<strong>de</strong>nta<strong>les</strong>en raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> pression <strong>de</strong>s feux pastoraux (commentaire personnel recueilli à <strong>la</strong> D.D.A.F.<strong>de</strong>s P.-A.), ce n’est pas sans exciter <strong>de</strong>s convoitises. Et <strong>dans</strong> certains cas, l’ours, mais aussi legrand tétras <strong>et</strong> d’autres espèces sensib<strong>les</strong>, souffrent d’une exploitation <strong>de</strong> leurs refuges. On lenote partout y compris <strong>dans</strong> <strong>les</strong> grands espaces russes. Dans le Caucase septentrional, <strong>de</strong>schercheurs décrivent <strong>les</strong> conséquences négatives <strong>de</strong> certaines coupes <strong>dans</strong> <strong>de</strong>s hêtraiesd’engraissement automnal, d’hélibardage qui effraient <strong>les</strong> animaux 169 .168 Living with bears, op. cit., pp. 167 <strong>et</strong> s.169 Bobyr <strong>et</strong> Koudatkine, « L’ours brun <strong>dans</strong> le Caucase septentrional », in Les ours en U.R.S.S., Académie <strong>de</strong>ssciences, 1991.125
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Rapport de Stéphan Carbonnaux comm
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Bouchet, la principale raison de la
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Le Parc ne sait que faire pour prot
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octobre 1992, rende sa décision et
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