10.07.2015 Views

Rapport historique et prospectif sur la protection de l'ours dans les ...

Rapport historique et prospectif sur la protection de l'ours dans les ...

Rapport historique et prospectif sur la protection de l'ours dans les ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

C’est pourquoi, nous préférons toujours le terme <strong>de</strong> nature, déjà défini par ailleurs.Repères <strong>historique</strong>sAvant tout, faisons ce qu’on ne fait jamais assez : reprenons <strong>les</strong> échel<strong>les</strong> <strong>de</strong> temps,comme le propose François Moutou, vétérinaire <strong>et</strong> épidémiologiste à l’Agence française <strong>de</strong>sécurité sanitaire <strong>de</strong>s aliments (A.F.S.S.A.), prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> Société française d’étu<strong>de</strong>s <strong>et</strong> <strong>de</strong><strong>protection</strong> <strong>de</strong>s mammifères (S.F.E.P.M.) <strong>et</strong> membre du comité scientifique <strong>de</strong> Ferus.La preuve <strong>la</strong> plus ancienne <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence humaine en Europe est celle d’un fragment <strong>de</strong>mandibule <strong>et</strong> d’une prémo<strong>la</strong>ire inférieure vieux <strong>de</strong> 1,2 à 1,3 million d’années, découvertsrécemment <strong>sur</strong> le site pré<strong>historique</strong> d’Atapuerca (Burgos, Espagne). L’art apparaît entre 30 <strong>et</strong>40 000 ans en Europe. La statue d’ours <strong>de</strong> <strong>la</strong> grotte <strong>de</strong> Montespan (Haute-Garonne, Pyrénées),considérée comme <strong>la</strong> plus vieille au mon<strong>de</strong>, a 15 ou 20 000 ans d’âgeLes moutons, chèvres <strong>et</strong> bœufs furent domestiquées au 9 ème millénaire avant J.-C., auProche-Orient <strong>et</strong> sont apparus en Europe occi<strong>de</strong>ntale il y a environ 7 à 7 500 ans. Dans <strong>les</strong>Pyrénées, l’élevage s’impose il y a environ 5 000 ans. Au regard <strong>de</strong> l’échelle du temps,rapportée à plus d’un million d’années, l’élevage est très mo<strong>de</strong>rne. Rappelons que <strong>la</strong>domestication est l’asservissement préférentiel <strong>et</strong> déformant d’une fraction <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature,végétale ou animale. La gran<strong>de</strong> faune sauvage, présente bien avant <strong>la</strong> colonisation humaine <strong>et</strong><strong>la</strong> domestication, était beaucoup plus riche qu’aujourd’hui.Car <strong>la</strong> civilisation agro-pastorale s’est <strong>sur</strong>tout illustrée par un appauvrissement accéléré<strong>de</strong> <strong>la</strong> faune européenne. Parmi d’autres, <strong>les</strong> travaux <strong>de</strong> Jean-Denis Vigne, directeur <strong>de</strong>recherches au C.N.R.S. <strong>et</strong> par ailleurs directeur d’un <strong>la</strong>boratoire d’archéozoologie au Muséumnational d’histoire naturelle, démontrent <strong>les</strong> eff<strong>et</strong>s importants <strong>de</strong> <strong>la</strong> société néolithique <strong>sur</strong> <strong>la</strong>nature. Dans son passionnant ouvrage Les origines <strong>de</strong> <strong>la</strong> culture. Les débuts <strong>de</strong> l’élevage 62 , <strong>et</strong>sous un chapitre intitulé « La "domestication <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature" », Jean-Denis Vigne, dressel’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> chute complète <strong>de</strong> <strong>la</strong> biodiversité <strong>de</strong>s î<strong>les</strong> méditerranéennes engagée dès lenéolithique, sous l’action <strong>de</strong>s hommes agriculteurs <strong>et</strong> éleveurs. C’est ainsi que nous apprenonsque <strong>les</strong> mammifères autochtones <strong>de</strong> Corse ont tous disparu (5 espèces dont 3 au moinsprobablement par <strong>la</strong> faute <strong>de</strong> l’homme), i<strong>de</strong>m en Crète à l’exception d’une musaraigne. J.-D.Vigne n’hésite pas à parler <strong>de</strong> « catastrophe écologique » car ces espèces endémiques ontdisparu à tout jamais. « À l’échelle du Bassin méditerranéen, c’est donc une chute globale quis’est produite. Même si l’on ne peut pas affirmer que l’extinction <strong>de</strong>s espèces <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> taille(éléphant, hippopotame nain, cervidés…) soit le fait <strong>de</strong> l’homme, il y a fort à parier que celle<strong>de</strong>s rongeurs <strong>et</strong> <strong>de</strong>s insectivores résulte, <strong>dans</strong> toutes <strong>les</strong> î<strong>les</strong> comme en Corse, <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>sdégradations du paysage liées aux activités agro-pastora<strong>les</strong> engagées dès le néolithique. »Sur le continent européen, <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> faune qui subsiste (ours, loups, lynx, gloutons <strong>et</strong>ongulés sauvages) est l’ombre <strong>de</strong> ce qu’elle fut. Le cheval sauvage <strong>et</strong> l’aurochs ou bœufsauvage ont disparu à <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> <strong>historique</strong>. Le bison a été sauvé in extremis en Pologne,l’é<strong>la</strong>n a considérablement régressé, <strong>et</strong>c.Revenons à Jean-Denis Vigne qui va encore plus loin <strong>dans</strong> sa conclusion <strong>et</strong> stimule <strong>de</strong>srecherches pour le moins excitantes : « L’histoire longue, celle qui voit plus loin que le bout<strong>de</strong> ses textes, celle qui inscrit <strong>la</strong> préhistoire <strong>dans</strong> ses préoccupations, apporte aussi matière à62 Edité par Le Pommier, 2004.49

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!