« Il n’existe pas <strong>de</strong> données c<strong>la</strong>ires <strong>dans</strong> <strong>la</strong> littérature scientifique. L’ours est une espèceà grand domaine (plusieurs centaines <strong>de</strong> km2, variable selon <strong>les</strong> individus) <strong>et</strong> à faible <strong>de</strong>nsitéd’individus. Il a besoin <strong>de</strong> vastes forêts réparties <strong>sur</strong> plusieurs milliers <strong>de</strong> kilomètres carrés.La popu<strong>la</strong>tion d’ours brun <strong>la</strong> plus proche d’un point <strong>de</strong> vue écologique, est <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tionsituée en Espagne <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Monts Cantabriques. Répartie actuellement en <strong>de</strong>ux noyaux, c<strong>et</strong>tepopu<strong>la</strong>tion (note : <strong>de</strong> 120 à 150 ours) occupe une aire totale d’environ 5 500 km2. C<strong>et</strong>te<strong>sur</strong>face d’habitat peut constituer un ordre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur pour le maintien <strong>de</strong> l’espèce. 156 »On n’a pas d’idée précise du territoire habité par l’ours ou potentiel pour l’ours <strong>sur</strong> leversant sud <strong>de</strong>s Pyrénées, dixit Frédéric Decaluwe <strong>de</strong> l’E.T.O.Ces éléments scientifiques démontrent ce que nous vérifions <strong>de</strong>puis le renforcement <strong>de</strong>1996. À savoir que l’ours, mammifère très "p<strong>la</strong>stique", a su réoccuper <strong>les</strong> anciens territoires<strong>de</strong>s ours <strong>de</strong> lignée pyrénéenne, al<strong>la</strong>nt même jusqu’à reprendre <strong>les</strong> mêmes sentiers, démontranttoute l’intelligence proverbiale <strong>de</strong> <strong>la</strong> bête.Les incursions connues <strong>de</strong> l’ours hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> haute montagne, loin d’être anorma<strong>les</strong>, sontau contraire le signe <strong>de</strong> <strong>la</strong> vitalité <strong>de</strong> l’espèce. Si el<strong>les</strong> s’accompagnent du hourvari <strong>de</strong>séléments ultrapastoraux, c’est en raison <strong>de</strong> l’attitu<strong>de</strong> provocatrice <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers soutenus par<strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong> file politiques ou du syndicalisme agricole. L’emballement médiatique fait lereste. Faut-il se moquer quand en 1993 (pas en 1893 !), <strong>la</strong> presse locale <strong>de</strong>s Pyrénées-At<strong>la</strong>ntiques se faisait l’écho d’une bête, <strong>la</strong> fameuse "bête <strong>de</strong> Nay", qui fut tour à tour unelionne, un lynx, une gen<strong>et</strong>te, un chien, qui se perdait <strong>dans</strong> <strong>les</strong> champs <strong>de</strong> maïs, effrayant unepartie <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion ? Les ressorts <strong>de</strong> <strong>la</strong> peur n’ont finalement pas évolué <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>smillénaires. Faut-il condamner certains individus pour propagation <strong>de</strong> fausse nouvellelorsqu’en 2008 on essaie d’apeurer <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> l’agglomération toulousaine parce qu’unours <strong>de</strong>scendrait <strong>de</strong> <strong>la</strong> montagne pour se rendre au Capitole ?Bien avant <strong>les</strong> incursions médiatisées à outrance <strong>de</strong>s ours "Balou" <strong>et</strong> "Sarousse", un oursissu du premier renforcement <strong>de</strong> 1996-1997 était venu en piémont pyrénéen sans tohu-bohuimbécile. C’était au printemps 2000, donc, que <strong>les</strong> traces d’un ours avaient été repérées ausud-est <strong>de</strong> Saint-Gau<strong>de</strong>ns, en rive droite <strong>de</strong> <strong>la</strong> Garonne. L’animal avait d’ailleurs pousséjusqu’au fleuve (altitu<strong>de</strong>, environ 300 m) <strong>et</strong> avait attaqué une ruche. Personne ne l’a vu !Notons que l’ours avait dû utiliser le couvert forestier presque continu, même s’il est parfoisétroit, entre <strong>la</strong> montagne <strong>et</strong> le piémont. Ce comportement est tout à fait normal, s’est reproduit<strong>et</strong> se reproduira à l’avenir.Les incursions <strong>de</strong>s ours issus du renforcement <strong>de</strong> 2006 en piémont (rive droite <strong>de</strong> <strong>la</strong>vallée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Lèze, région du Volvestre en Haute-Garonne) sont <strong>de</strong> <strong>la</strong> même nature. Enautomne, c’était le cas en 2006, el<strong>les</strong> correspon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s recherches <strong>de</strong> nourriture abondanteen piémont. Au printemps, comme en avril 2008 <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région <strong>de</strong> Foix, el<strong>les</strong> signent <strong>la</strong>facilité pour l’ours <strong>de</strong> trouver sa nourriture à basse altitu<strong>de</strong> lorsque <strong>la</strong> végétation n’a pasencore démarré ou tar<strong>de</strong> à le faire en montagne. Dans une France qui a oublié que l’oursn’était pas un strict animal <strong>de</strong> montagne, il est facile pour <strong>les</strong> ultrapastoraux <strong>de</strong> crier au danger<strong>et</strong> d’effrayer <strong>les</strong> Toulousains comme il le font (« L'ours slovène Balou r<strong>et</strong>ourne t'il à Toulouse,comme il l'a déjà tenté ? » ainsi commence un communiqué <strong>de</strong> presse <strong>de</strong> l’A.S.P.A.P. du 10 avril156 Eléments provenant <strong>de</strong> <strong>la</strong> « Pré-fiche » Natura 2000 - document non validé - Espèce 1354 : Ursus arctos,Ours brun, rédaction par l’E.T.O. 1999.116
2008). Rappelons que personne n’a vu ces ours qui n’ont manifestement pas commis <strong>de</strong> dégâtsinvraisemb<strong>la</strong>b<strong>les</strong>.Il est donc d’une nécessité absolue que l’État tienne désormais un autre discoursvraiment appuyé <strong>sur</strong> <strong>la</strong> biologie <strong>de</strong> l’ours. Dans un reportage diffusé <strong>sur</strong> France 3 en avril2008, Madame Véronique Castro, directrice <strong>de</strong> cabin<strong>et</strong> du préf<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’Ariège, déc<strong>la</strong>rait qu<strong>et</strong>out le mon<strong>de</strong> peut être un peu <strong>sur</strong>pris, que <strong>la</strong> localisation d’un animal sauvage n’est pas facile(puisque c’est un forestier qui a découvert <strong>de</strong>s traces <strong>et</strong> a prévenu l’E.T.O.), cherchait àras<strong>sur</strong>er <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion qui peut s’a<strong>la</strong>rmer <strong>et</strong> espère que <strong>la</strong> localisation se fera le plusrapi<strong>de</strong>ment possible. Un tel discours par trop frileux n’est pas propre à ras<strong>sur</strong>er <strong>les</strong>popu<strong>la</strong>tions. La meilleure réponse à ces comportements normaux est <strong>de</strong> renseigner <strong>la</strong>popu<strong>la</strong>tion <strong>sur</strong> <strong>les</strong> mœurs réel<strong>les</strong>, <strong>et</strong> non supposées, <strong>de</strong> l’ours.En réalité, l’ours sait vivre au contact immédiat <strong>de</strong>s hommesLa vision <strong>la</strong> plus proche <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité, en tout cas pour <strong>les</strong> Pyrénées, est celle que l’ondécouvre <strong>dans</strong> <strong>la</strong> Cordillère cantabrique ou en Slovénie. C’est celle d’un ours très proche <strong>de</strong>l’homme, presque un commensal qui ne fera jamais <strong>de</strong> mal à personne si on observe <strong>de</strong>sconseils <strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce <strong>et</strong> si on le <strong>la</strong>isse tranquille.On oublie trop souvent que l’ours n’est pas franchement montagnard, qu’il est unp<strong>la</strong>ntigra<strong>de</strong> préférant marcher <strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>t, lou pè-<strong>de</strong>scaùs comme le nomme <strong>les</strong> Gascons. Lafréquentation <strong>de</strong> pentes à 30 ou 40 <strong>de</strong>grés, comme c’est son habitu<strong>de</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Pyrénées, n’estpas une fatalité, <strong>et</strong> d’ailleurs <strong>sur</strong> ces terrains, il prend très souvent <strong>les</strong> sentiers comme nous.C’est <strong>la</strong> persécution qui a poussé l’ours à se r<strong>et</strong>rancher <strong>dans</strong> <strong>les</strong> massifs <strong>les</strong> plus sauvages, <strong>les</strong>plus inaccessib<strong>les</strong> <strong>de</strong>s Pyrénées. Comme nous le fait remarquer Dominique Boyer, l’ours n’apas été par p<strong>la</strong>isir se terrer <strong>dans</strong> <strong>les</strong> coins <strong>les</strong> plus rai<strong>de</strong>s, <strong>les</strong> plus "pourris" <strong>de</strong> <strong>la</strong> haute valléed’Aspe. Jean Céd<strong>et</strong>, ancien gar<strong>de</strong> du Parc national l’exprime fort bien : « Je méditelonguement <strong>sur</strong> le seul droit, le seul espoir que l’homme a <strong>la</strong>issé à l’ours : le droit <strong>de</strong> secacher. »C<strong>et</strong>te idée d’un ours "génétiquement" reclus <strong>dans</strong> <strong>la</strong> haute montagne a tellementimprégné <strong>les</strong> esprits que <strong>de</strong> nombreux habitants <strong>de</strong>s Pyrénées finissent par le croire.« "L’ours ? Il peut venir. De toute façon, il ne restera pas longtemps. Ce n’est pas sonterritoire ici", rigole le vieux Jean-Paul, enfant du pays, coiffé du bér<strong>et</strong> traditionnel. Arbas estsitué trop bas <strong>dans</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ine pour que l’ours y séjourne. À peine lâché, il préférera rejoindre<strong>de</strong>s zones plus pentues <strong>et</strong> plus sauvages. » Ces phrases sont extraites d’un article « Débathouleux <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Pyrénées » en ligne <strong>sur</strong> le site du parti <strong>de</strong>s Verts <strong>de</strong> Belfort. El<strong>les</strong> illustrentl’ignorance <strong>de</strong> l’urbain, qui ne connaît <strong>de</strong> l’ours que le film <strong>de</strong> Jean-Jacques Annaud, <strong>et</strong> celledu rural qui a oublié ce que ses parents ou grands-parents, eux, savaient très bien : à savoirque <strong>les</strong> ours vivaient <strong>sur</strong> <strong>les</strong> hauteurs d’Arbas <strong>dans</strong> <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong> Paloumère ! D’ailleurs, pourl’époque récente, Marcel Couturier signale <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> l’ours <strong>dans</strong> <strong>les</strong> massifs proches duCagire <strong>et</strong> du Gar en 1932. Si c<strong>et</strong>te présence était exceptionnelle à l’époque en raison <strong>de</strong> <strong>la</strong>persécution <strong>de</strong> l’espèce, il n’empêche que le Cagire fut un haut lieu ursin <strong>et</strong> pourrait lere<strong>de</strong>venir. Quiconque a visité <strong>la</strong> Slovénie du sud ou <strong>les</strong> Asturies sait que l’ours vivra <strong>de</strong>main<strong>dans</strong> <strong>la</strong> région d’Arbas où il trouvera une nourriture abondante <strong>et</strong> quantité <strong>de</strong> refuges.De même, <strong>la</strong> visite <strong>de</strong>s abords <strong>de</strong>s vil<strong>la</strong>ges <strong>de</strong>s Pyrénées est une réalité <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s tempstrès anciens. Ceux qui agitent le spectre d’ours <strong>de</strong>venus excessivement familiers <strong>et</strong> doncdangereux sont acculturés ou mentent, ou <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux. Tous <strong>les</strong> récits pyrénéens font état d’ours117
- Page 1 and 2:
Rapport de Stéphan Carbonnaux comm
- Page 3 and 4:
SOMMAIREI Le sens profond du retour
- Page 5 and 6:
LE SENS PROFOND DU RETOUR DE L’OU
- Page 7 and 8:
Cliché n° 1. Forêt primaire en S
- Page 9 and 10:
Brisons quelques tabous :- la civil
- Page 11 and 12:
« Une forêt sans ours n’est pas
- Page 13 and 14:
Bouchet, la principale raison de la
- Page 15 and 16:
Le Parc ne sait que faire pour prot
- Page 17 and 18:
1978. Publication du rapport L’ou
- Page 19 and 20:
1984. Le "Plan Ours" est lancé par
- Page 21 and 22:
Jean Lassalle, conseiller général
- Page 23 and 24:
octobre 1992, rende sa décision et
- Page 25 and 26:
patrimoniale. Si les associations d
- Page 27 and 28:
27 mai. Une "Marche pour l’ours"
- Page 29 and 30:
LA MORT DES DERNIERS OURS DES PYREN
- Page 31 and 32:
venir que des Pyrénées (la logiqu
- Page 33 and 34:
1994. En novembre, lors d’une bat
- Page 35 and 36:
Cette bonne volonté n’a jamais p
- Page 37 and 38:
« réalité depuis des siècles ic
- Page 39 and 40:
Une autre conclusion qui a sonné c
- Page 41 and 42:
paysans pour tuer les sangliers : e
- Page 43 and 44:
le Tiers-Monde) sur ce "Progrès",
- Page 45 and 46:
Baylaucq écrivait : « L'ours brun
- Page 47 and 48:
"Néré". C’est le retour au clan
- Page 49 and 50:
C’est pourquoi, nous préférons
- Page 51 and 52:
institution a été très imprudemm
- Page 53 and 54:
valeur de l’élevage ovin ne peut
- Page 55 and 56:
de notre côté que le divorce évo
- Page 57 and 58:
(surtout composée d’aurochs), le
- Page 59 and 60:
Les parcs nationaux ne sont pas en
- Page 61 and 62:
On aura donc compris que ces groupe
- Page 63 and 64:
ce point, se trouver menacés par l
- Page 65 and 66: - Le pastoralisme et la biodiversit
- Page 67 and 68: Cliché n° 4 Cliché n° 5Asturies
- Page 69 and 70: et surtout les femelles deviennent
- Page 71 and 72: diversifiées : cerf, chevreuil, ch
- Page 73 and 74: de terrain, que les observations mo
- Page 75 and 76: cette biodiversité aux oubliettes
- Page 77 and 78: Ferus. En 1996, à Sofia-Antipolis
- Page 79 and 80: enseignements précieux sur ce suje
- Page 81 and 82: Dendaletche dans son Guide du natur
- Page 83 and 84: productiviste qui lui convient mal
- Page 85 and 86: La question des feux courants ou fe
- Page 87 and 88: onces, genêts où seuls les sangli
- Page 89 and 90: L’impact des feux sur la petite f
- Page 91 and 92: - Au moins pour un certain temps, i
- Page 93 and 94: outre que la reconstitution de popu
- Page 95 and 96: diminué, alors qu’entre temps la
- Page 97 and 98: Rappelons que M. Couturier a chass
- Page 99 and 100: Devant le refus de l’Etat de cré
- Page 101 and 102: Voici ce que Jean Lauzet, naturalis
- Page 103 and 104: - En Italie, le Parc national des A
- Page 105 and 106: -¿De qué manera?De quelle manièr
- Page 107 and 108: prioritaire au titre de la Directiv
- Page 109 and 110: France de prendre « les mesures de
- Page 111 and 112: Le témoignage de M. Didier Hervé
- Page 113 and 114: L’ESPACE VITAL POUR L’OURS DANS
- Page 115: Slovénie, Slovaquie et Suède. Ell
- Page 119 and 120: Depuis quelques années à peine, l
- Page 121 and 122: loin des sites fréquentés par les
- Page 123 and 124: Cette région est un grand karst bo
- Page 125 and 126: apport aux autres ours d’Europe,
- Page 127 and 128: Aujourd’hui, alors que le "Plan O
- Page 129 and 130: d’énergie pourrait avoir de fâc
- Page 131 and 132: place par le F.I.E.P., en Haut-Béa
- Page 133 and 134: Notons que contrairement à la popu
- Page 135 and 136: Abruzzes serait à l’origine de l
- Page 137 and 138: Chose en apparence paradoxale, le r
- Page 139 and 140: La très grande majorité de nos co
- Page 141 and 142: Pyrénées, l’ours n’est pas pr
- Page 143 and 144: POUR UN OURS LIBRE SANS PUCE NI COL
- Page 145: Mai 2008FERUSBP 11413 718 Allauch C