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Rapport historique et prospectif sur la protection de l'ours dans les ...

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2008). Rappelons que personne n’a vu ces ours qui n’ont manifestement pas commis <strong>de</strong> dégâtsinvraisemb<strong>la</strong>b<strong>les</strong>.Il est donc d’une nécessité absolue que l’État tienne désormais un autre discoursvraiment appuyé <strong>sur</strong> <strong>la</strong> biologie <strong>de</strong> l’ours. Dans un reportage diffusé <strong>sur</strong> France 3 en avril2008, Madame Véronique Castro, directrice <strong>de</strong> cabin<strong>et</strong> du préf<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’Ariège, déc<strong>la</strong>rait qu<strong>et</strong>out le mon<strong>de</strong> peut être un peu <strong>sur</strong>pris, que <strong>la</strong> localisation d’un animal sauvage n’est pas facile(puisque c’est un forestier qui a découvert <strong>de</strong>s traces <strong>et</strong> a prévenu l’E.T.O.), cherchait àras<strong>sur</strong>er <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion qui peut s’a<strong>la</strong>rmer <strong>et</strong> espère que <strong>la</strong> localisation se fera le plusrapi<strong>de</strong>ment possible. Un tel discours par trop frileux n’est pas propre à ras<strong>sur</strong>er <strong>les</strong>popu<strong>la</strong>tions. La meilleure réponse à ces comportements normaux est <strong>de</strong> renseigner <strong>la</strong>popu<strong>la</strong>tion <strong>sur</strong> <strong>les</strong> mœurs réel<strong>les</strong>, <strong>et</strong> non supposées, <strong>de</strong> l’ours.En réalité, l’ours sait vivre au contact immédiat <strong>de</strong>s hommesLa vision <strong>la</strong> plus proche <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité, en tout cas pour <strong>les</strong> Pyrénées, est celle que l’ondécouvre <strong>dans</strong> <strong>la</strong> Cordillère cantabrique ou en Slovénie. C’est celle d’un ours très proche <strong>de</strong>l’homme, presque un commensal qui ne fera jamais <strong>de</strong> mal à personne si on observe <strong>de</strong>sconseils <strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce <strong>et</strong> si on le <strong>la</strong>isse tranquille.On oublie trop souvent que l’ours n’est pas franchement montagnard, qu’il est unp<strong>la</strong>ntigra<strong>de</strong> préférant marcher <strong>sur</strong> le p<strong>la</strong>t, lou pè-<strong>de</strong>scaùs comme le nomme <strong>les</strong> Gascons. Lafréquentation <strong>de</strong> pentes à 30 ou 40 <strong>de</strong>grés, comme c’est son habitu<strong>de</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Pyrénées, n’estpas une fatalité, <strong>et</strong> d’ailleurs <strong>sur</strong> ces terrains, il prend très souvent <strong>les</strong> sentiers comme nous.C’est <strong>la</strong> persécution qui a poussé l’ours à se r<strong>et</strong>rancher <strong>dans</strong> <strong>les</strong> massifs <strong>les</strong> plus sauvages, <strong>les</strong>plus inaccessib<strong>les</strong> <strong>de</strong>s Pyrénées. Comme nous le fait remarquer Dominique Boyer, l’ours n’apas été par p<strong>la</strong>isir se terrer <strong>dans</strong> <strong>les</strong> coins <strong>les</strong> plus rai<strong>de</strong>s, <strong>les</strong> plus "pourris" <strong>de</strong> <strong>la</strong> haute valléed’Aspe. Jean Céd<strong>et</strong>, ancien gar<strong>de</strong> du Parc national l’exprime fort bien : « Je méditelonguement <strong>sur</strong> le seul droit, le seul espoir que l’homme a <strong>la</strong>issé à l’ours : le droit <strong>de</strong> secacher. »C<strong>et</strong>te idée d’un ours "génétiquement" reclus <strong>dans</strong> <strong>la</strong> haute montagne a tellementimprégné <strong>les</strong> esprits que <strong>de</strong> nombreux habitants <strong>de</strong>s Pyrénées finissent par le croire.« "L’ours ? Il peut venir. De toute façon, il ne restera pas longtemps. Ce n’est pas sonterritoire ici", rigole le vieux Jean-Paul, enfant du pays, coiffé du bér<strong>et</strong> traditionnel. Arbas estsitué trop bas <strong>dans</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ine pour que l’ours y séjourne. À peine lâché, il préférera rejoindre<strong>de</strong>s zones plus pentues <strong>et</strong> plus sauvages. » Ces phrases sont extraites d’un article « Débathouleux <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Pyrénées » en ligne <strong>sur</strong> le site du parti <strong>de</strong>s Verts <strong>de</strong> Belfort. El<strong>les</strong> illustrentl’ignorance <strong>de</strong> l’urbain, qui ne connaît <strong>de</strong> l’ours que le film <strong>de</strong> Jean-Jacques Annaud, <strong>et</strong> celledu rural qui a oublié ce que ses parents ou grands-parents, eux, savaient très bien : à savoirque <strong>les</strong> ours vivaient <strong>sur</strong> <strong>les</strong> hauteurs d’Arbas <strong>dans</strong> <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong> Paloumère ! D’ailleurs, pourl’époque récente, Marcel Couturier signale <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> l’ours <strong>dans</strong> <strong>les</strong> massifs proches duCagire <strong>et</strong> du Gar en 1932. Si c<strong>et</strong>te présence était exceptionnelle à l’époque en raison <strong>de</strong> <strong>la</strong>persécution <strong>de</strong> l’espèce, il n’empêche que le Cagire fut un haut lieu ursin <strong>et</strong> pourrait lere<strong>de</strong>venir. Quiconque a visité <strong>la</strong> Slovénie du sud ou <strong>les</strong> Asturies sait que l’ours vivra <strong>de</strong>main<strong>dans</strong> <strong>la</strong> région d’Arbas où il trouvera une nourriture abondante <strong>et</strong> quantité <strong>de</strong> refuges.De même, <strong>la</strong> visite <strong>de</strong>s abords <strong>de</strong>s vil<strong>la</strong>ges <strong>de</strong>s Pyrénées est une réalité <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s tempstrès anciens. Ceux qui agitent le spectre d’ours <strong>de</strong>venus excessivement familiers <strong>et</strong> doncdangereux sont acculturés ou mentent, ou <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux. Tous <strong>les</strong> récits pyrénéens font état d’ours117

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