Conclusion :Artiste compl<strong>et</strong>, <strong>de</strong>ssinateur, sculpteur <strong>et</strong> graveur <strong>sur</strong> bois, naturaliste, précurseur <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature dès <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>s années 1920, philosophe fondamental <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong>l’homme <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature, le genevois Robert Hainard livrait une vision hors-piste <strong>de</strong> <strong>la</strong>civilisation agropastorale :« On s’inquiète, avec raison, <strong>de</strong> <strong>la</strong> perturbation du climat par <strong>les</strong> activités humaines.Mais on prend <strong>de</strong>s références immédiates. Il semblerait qu’avant l’ère industrielle, il y a <strong>de</strong>uxsièc<strong>les</strong>, tout était innocence <strong>et</strong> harmonie. Pourtant, <strong>la</strong> civilisation agro-pastorale a détruit plusqu’elle n’a <strong>la</strong>issé à détruire. Différence capitale, ces transformations se sont produites avecune lenteur qui a permis <strong>de</strong>s compensations plus ou moins bonnes.La déforestation <strong>de</strong> l’Amazonie, l’incendie <strong>de</strong>s forêts, ce<strong>la</strong> s’est produit à bien plusgran<strong>de</strong> échelle en Europe, en Asie. Mais <strong>de</strong> façon beaucoup moins brusque, <strong>et</strong> avec bonneconscience, un zèle messianique. Quelle transformation que celle du climat méditerranéen !L’inquiétu<strong>de</strong> que nous cause <strong>la</strong> brutalité actuelle a un eff<strong>et</strong> rétroactif. Elle <strong>de</strong>vrait rem<strong>et</strong>tre enquestion <strong>la</strong> civilisation agro-pastorale. Nous en sommes loin. Pour nous, un écologiste doittout naturellement élever <strong>de</strong>s chèvres ou <strong>de</strong>s moutons, jardiner. C’est ce<strong>la</strong>, pour nous, ler<strong>et</strong>our à <strong>la</strong> nature. Pourtant, l’industrie est sans doute plus naturelle à l’homme quel’agriculture, elle est bien antérieure.L’abandon du préjugé néolithique nous perm<strong>et</strong>trait d’envisager <strong>de</strong>s solutions plussimp<strong>les</strong> <strong>et</strong> plus hardies. 127 »Une personnalité aussi différente que Vera a exprimé une vision que nousapprouvons également :« Perm<strong>et</strong>tre à <strong>la</strong> nature sauvage <strong>de</strong> se développer <strong>de</strong> nouveau est très important pour <strong>la</strong>culture <strong>de</strong> <strong>la</strong> conservation, autant que pour sauvegar<strong>de</strong>r <strong>la</strong> biodiversité. De plus, <strong>la</strong> naturesauvage nous montre le cadre <strong>dans</strong> lequel notre paysage culturel s’est développé. C’estseulement par <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature sauvage que nous pouvons comprendre notrepaysage culturel. 128 »La défense du pastoralisme qui serait nécessaire à <strong>la</strong> conservation <strong>de</strong> <strong>la</strong> biodiversitéexprime <strong>dans</strong> <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s cas une vision idéologique. Celle d’une nature ras<strong>sur</strong>ante,maîtrisée par l’homme. Activité très mo<strong>de</strong>rne, le pastoralisme entr<strong>et</strong>ient une certaine diversité<strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> vie, c’est tout. De nombreux naturalistes soulignent avec raison quel’artificialisation <strong>de</strong>s milieux, conséquence <strong>de</strong>s activités humaines, <strong>la</strong> diffusion <strong>de</strong>s bioci<strong>de</strong>s<strong>dans</strong> l’air <strong>et</strong> <strong>dans</strong> l’eau sont <strong>de</strong>s phénomènes autrement plus préoccupants que l’abandon <strong>de</strong>spâturages. Par ailleurs, il est temps d’abor<strong>de</strong>r sans tabous <strong>les</strong> impacts <strong>historique</strong>s <strong>et</strong> présentsdu pastoralisme <strong>sur</strong> nos milieux naturels.Le r<strong>et</strong>our <strong>de</strong> l’ours, du loup, du lynx ou d’autres prédateurs n’a jamais entraîné unechute <strong>de</strong> <strong>la</strong> biodiversité. Nous rej<strong>et</strong>ons c<strong>et</strong>te biodiversité à <strong>la</strong> carte que certains éleveursvoudraient imposer <strong>dans</strong> nos montagnes, en particulier <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Pyrénées où isards <strong>et</strong> vautoursseraient acceptés quand on rej<strong>et</strong>terait <strong>les</strong> prédateurs par essence "nuisible". Nous estimons en127 Le Mon<strong>de</strong> plein, Editions Melchior, 1991. Epuisé mais téléchargeable <strong>sur</strong> le site <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fondation Hainard :www.hainard.ch128 Traduction par nos soins. « Allowing the wil<strong>de</strong>rness to <strong>de</strong>velop once again is very important for culturalconservation, as well for safeguarding biodiversity. After all, the wil<strong>de</strong>rness shows us the framework withinwhich our cultural <strong>la</strong>ndscape <strong>de</strong>veloped. It is only by knowing the wil<strong>de</strong>rness that we can un<strong>de</strong>rstand ourcultural <strong>la</strong>ndscape. » Ce sont <strong>les</strong> <strong>de</strong>rnières lignes <strong>de</strong> son ouvrage Grazing ecology and forest history.92
outre que <strong>la</strong> reconstitution <strong>de</strong> popu<strong>la</strong>tions d’ongulés sauvages, aux <strong>de</strong>nsités norma<strong>les</strong>, est unepriorité, comme celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> restauration d’une guil<strong>de</strong> complète <strong>de</strong>s prédateurs, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux étant<strong>de</strong>s conditions d’une meilleure harmonie <strong>de</strong>s écosystèmes. Toutes <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s sérieuses ledémontrent.Soutenir le pastoralisme pour maintenir <strong>de</strong>s paysages ouverts est un choix culturel quine doit pas rechercher une caution scientifique qui fait très souvent défaut. « On peutd’ailleurs se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si le maintien <strong>de</strong>s paysages dits traditionnels au nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong><strong>de</strong> <strong>la</strong> biodiversité ne reflète pas aussi <strong>la</strong> volonté inconsciente <strong>de</strong>s déci<strong>de</strong>urs actuels <strong>de</strong>conserver <strong>les</strong> paysages <strong>de</strong> <strong>la</strong> France <strong>de</strong>s années 1950, celle justement qui a accompagné leurenfance. 129 » Poser <strong>la</strong> question du maintien <strong>de</strong> l’élevage ovin en montagne, du moins d’unélevage aussi important avec toutes ses conséquences écologiques, n’est pas une hérésie. Enpratique, comme l’énonce Hervé Brustel, entomologiste à l’École <strong>de</strong> Purpan (Toulouse), lechoix est :- pour <strong>les</strong> espaces pastoraux gagnés <strong>sur</strong> <strong>la</strong> forêt, sous <strong>la</strong> limite normale forestière, <strong>de</strong><strong>la</strong>isser <strong>la</strong> forêt reprendre ou <strong>de</strong> maintenir le pastoralisme. Mais pour quel<strong>les</strong> forêts ? Devieil<strong>les</strong> forêts à terme, <strong>et</strong> donc très riches, ou <strong>de</strong> jeunes forêts exploitées ?- pour <strong>les</strong> milieux au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> <strong>la</strong> limite potentielle <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt, <strong>de</strong> maintenir ou non lepâturage.En outre, nous jugeons que nos territoires dits protégés, notamment ceux <strong>de</strong>s parcsnationaux, ne <strong>de</strong>vraient pas êtres soumis à un pastoralisme aussi fort. Sinon, qu’entend-on parespace protégé ? Les espaces <strong>la</strong>issés en libre évolution sont rarissimes <strong>dans</strong> notre pays à <strong>la</strong>différence <strong>de</strong>s pays voisins. La Suisse peut s’enorgueillir d’un Parc national à l’avant-gar<strong>de</strong><strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature, d’autant qu’il a été créé au tout début du XXe siècle.L’Allemagne possè<strong>de</strong> le Bayerischer Wald qui se prolonge en République tchèque par le Parcnational <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong> Bohème ou Šumava (Choumava). Soixante-dix pour cent <strong>de</strong>s 24 250hectares sont <strong>la</strong>issés en libre évolution 130 . La Slovénie compte plus <strong>de</strong> 1 000 hectares <strong>de</strong> forêtsprimaires, une <strong>sur</strong>face importante pour un si p<strong>et</strong>it pays. Il est temps que <strong>les</strong> protecteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong>nature agissent en France pour un équilibre entre une nature jardinée, gérée, défendable quan<strong>de</strong>lle est assumée, <strong>et</strong> une nature sauvage riche d’une faune complète, dont l’ours estl’incarnation suprême.129 Alex C<strong>la</strong>mens, « De <strong>la</strong> <strong>protection</strong> du loup à <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s paysages. 2 ème partie : Quel environnementsouhaitons-nous protéger ? » Le Courrier <strong>de</strong> <strong>la</strong> Nature, n°234, juill<strong>et</strong>-août 2007.130 Jean-C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Génot, « Un parc national pas comme <strong>les</strong> autres : le Bayerischer Wald en Allemagne »,Naturalité n°1, février 2007.93
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Rapport de Stéphan Carbonnaux comm
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