<strong>de</strong>s espèces sauvages, <strong>la</strong> nature ne s’y exprime pas librement. Ceci dit, <strong>les</strong> p<strong>la</strong>ntes, <strong>les</strong>insectes, <strong>les</strong> repti<strong>les</strong>, <strong>les</strong> amphibiens <strong>et</strong> <strong>les</strong> mammifères <strong>de</strong> nos pays sont aussi sauvagesqu’avant <strong>la</strong> colonisation humaine. Nous ne <strong>les</strong> contrôlons pas, simplement ils vivent <strong>dans</strong> <strong>de</strong>smilieux qui sont très différents <strong>de</strong>s milieux réellement naturels.L’extrême majorité <strong>de</strong> nos contemporains n’a ainsi qu’une vision très restreinte <strong>de</strong> <strong>la</strong>nature. Elle se limite alors aux jardins, aux parcs urbains, aux alentours <strong>de</strong>s vil<strong>la</strong>ges ou <strong>de</strong>sexploitations agrico<strong>les</strong> <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ine <strong>et</strong> <strong>de</strong> montagne. De plus en plus <strong>de</strong> personnes, il est vrai,parcourent nos parcs nationaux ou <strong>de</strong>s réserves naturel<strong>les</strong>, mais sans s’écarter <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong>gran<strong>de</strong> randonnée ou <strong>de</strong> sentiers balisés qui mènent à <strong>de</strong>s cabanes d’observation. Excepté uneminorité qui s’éprend véritablement <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature, elle reste pour <strong>la</strong> plupart une terraincognitae. Devant un massif forestier abritant une forêt primaire, <strong>de</strong>s ours, <strong>de</strong>s loups, <strong>de</strong>slynx <strong>et</strong> quantité d’autres bêtes sauvages, une peintre slovène nous disait : « Ici, c’est Marspour <strong>les</strong> gens ! » C’est un sentiment analogue que nous ressentons lorsque nous évoquons nossorties <strong>dans</strong> <strong>la</strong> nature pyrénéenne ou mieux encore <strong>dans</strong> <strong>les</strong> forêts d’Europe centrale <strong>et</strong>orientale.En réalité, <strong>la</strong> méconnaissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature règne chez <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong> nos élites politiques,artistiques <strong>et</strong> scientifiques, incapab<strong>les</strong> jusqu’à présent <strong>de</strong> développer une autre culture <strong>de</strong> nosrapports avec <strong>la</strong> nature. C’est pourquoi un haut fonctionnaire, ingénieur <strong>et</strong> chercheur commeJean <strong>de</strong> Kervasdoué ose écrire <strong>dans</strong> un <strong>de</strong> ses ouvrages : « L’homme ne peut pas entrer <strong>dans</strong>une forêt primitive, y compris en zone tempérée, sans une mach<strong>et</strong>te ou une débroussailleusepour tracer son chemin. La nature ne nous attendait pas ! 7 » Comment un homme très cultivé,directeur <strong>de</strong>s hôpitaux, membre <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong>s technologies, qui a consacré sa vie auxsecteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’environnement, nous révèle son éditeur, peut-il proférer pareil<strong>les</strong>ottise qui fait rire tous ceux qui ont, au moins une fois <strong>dans</strong> leur vie, pénétré <strong>dans</strong> une forêtprimitive. Concluons que M. <strong>de</strong> Kervasdoué n’a jamais été <strong>dans</strong> une forêt naturelle <strong>et</strong> qu’ilpropage <strong>les</strong> fantasmes occi<strong>de</strong>ntaux qui collent à <strong>la</strong> forêt.7 Les prêcheurs <strong>de</strong> l’apocalypse, Pour en finir avec <strong>les</strong> délires écologiques <strong>et</strong> sanitaires, Plon, 2007, page 34.6
Cliché n° 1. Forêt primaire en Slovénie, juin 2007. Marie, 11 ans, aura bien du mal à saisir <strong>les</strong> propos <strong>de</strong> M. <strong>de</strong>Kersvadoué. (Cliché n°1 : S. Carbonnaux).Une telle ignorance nourrit <strong>la</strong> peur <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature aussi bien chez <strong>les</strong> personnes vivant à <strong>la</strong>ville ou à <strong>la</strong> campagne. La civilisation occi<strong>de</strong>ntale s’est construite <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s sièc<strong>les</strong>, même<strong>de</strong>s millénaires, <strong>sur</strong> <strong>la</strong> peur <strong>et</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature. Des auteurs aussi différents queRobert Hainard (Et <strong>la</strong> nature ?), Robert Harrison (Forêts. Essai <strong>sur</strong> l’imaginaire occi<strong>de</strong>ntal),François Terrasson (La Peur <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature) ou Dominique Venner 8 ont disséqué quelquesraisons profon<strong>de</strong>s <strong>de</strong> ces comportements. Réfractaire à l’enten<strong>de</strong>ment humain, <strong>la</strong> naturenourrit <strong>la</strong> peur <strong>et</strong> un vieux fond <strong>de</strong> jalousie. Observateur <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature <strong>de</strong>puis près <strong>de</strong> 30 ans,mais aussi <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong>s hommes avec <strong>la</strong> nature, nous partageons ces analyses.Par ailleurs, il est courant d’entendre que l’homme est partie intégrante <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature. M.Besche-Commenge défend c<strong>et</strong>te position 9 en partant d’une phrase <strong>de</strong> l’association cata<strong>la</strong>neDEPANA : « L’ours brun est partie intégrante <strong>de</strong> l’écosystème pyrénéen dont il n’altère pasl’équilibre. Ce que l’on ne peut dire <strong>de</strong> l’homme », phrase qu’il réfute bien entendu. De notrecôté, nous souscrivons au jugement <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te association cata<strong>la</strong>ne. Qui <strong>de</strong> l’homme ou <strong>de</strong>l’ours a vécu le premier <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Pyrénées, <strong>dans</strong> un écosystème équilibré ? C’est l’ours. Ungrand mammifère qui passe presque inaperçu malgré sa taille <strong>et</strong> dont <strong>les</strong> besoins sontminimes.Et c’est bien l’homme qui est venu bouleverser l’écosystème. Nulle idéologie, simpleobservation. Car l’homme, contrairement à ce que suggèrent <strong>les</strong> opposants radicaux à l’ours,n’a jamais vécu à l’état <strong>de</strong> nature. S’il est évi<strong>de</strong>mment un mammifère terrestre, il se comportecomme un être culturel, le plus souvent en opposition avec <strong>la</strong> nature. Nous sommes d’accordavec c<strong>et</strong>te analyse <strong>de</strong> Robert Hainard qui écrivait que vu <strong>de</strong> Sirius, l’homme appartient eneff<strong>et</strong> à <strong>la</strong> nature, mais que vu <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> <strong>sur</strong>face <strong>de</strong> <strong>la</strong> Terre, il est un être qui s’est extrait <strong>de</strong> <strong>la</strong>8 Lire « Fascination <strong>et</strong> peur <strong>de</strong> <strong>la</strong> sauvagerie » in actes du symposium La chasse, <strong>de</strong>rnier refuge du sauvage ?,Privat, 2007.9 « Une conception "écologique" <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature <strong>et</strong> <strong>de</strong>s hommes contradictoire avec <strong>la</strong> défense <strong>et</strong> le respect <strong>de</strong><strong>de</strong>ux », 2006.7
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