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Rapport historique et prospectif sur la protection de l'ours dans les ...

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La très gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong> nos contemporains n’a ainsi qu’une vision très restreinte <strong>de</strong> <strong>la</strong>nature. Elle se limite alors aux jardins, aux parcs urbains ou aux alentours <strong>de</strong>s vil<strong>la</strong>ges. Lesplus aventureux parcourent nos parcs nationaux ou <strong>de</strong>s réserves naturel<strong>les</strong> sans s’écarter <strong>de</strong>schemins <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> randonnée ou <strong>de</strong> sentiers qui mènent à <strong>de</strong>s cabanes d’observation. Un<strong>et</strong>oute p<strong>et</strong>ite minorité s’éprend véritablement <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature, quand elle reste pour <strong>la</strong> plupart un<strong>et</strong>erra incognitae. Devant un massif forestier abritant une forêt primaire, <strong>de</strong>s ours, <strong>de</strong>s loups <strong>et</strong><strong>de</strong>s lynx <strong>et</strong> quantité d’autres bêtes, une peintre slovène nous disait : « Ici, c’est Mars pour <strong>les</strong>gens ! »Craindre l’ours est donc chose compréhensible chez l’homme mo<strong>de</strong>rne coupé d’uncontact avec <strong>la</strong> nature, qui plus est d’une nature complète avec ses grands prédateurs. Leseff<strong>et</strong>s médiatiques <strong>de</strong> telle ou telle affaire n’arrangent rien bien évi<strong>de</strong>mment. Un amiornithologue nous racontait qu’à l’été 2007 il fut appelé par un inspecteur d’académie qui lui<strong>de</strong>mandait s’il n’était pas dangereux <strong>de</strong> se rendre <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Pyrénées avec ses enfants à cause<strong>de</strong>s… vautours ! D’un autre côté, on voit <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> gens prêts à observer <strong>de</strong>s animauxsauvages, il est vrai parfois inconsciemment comme nous le confiait un forestier slovène àpropos d’une famille française qui cherchait à approcher … une ourse <strong>et</strong> ses p<strong>et</strong>its.Les Pyrénéens seraient très inspirés d’étudier l’expérience italienne <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Abruzzes,celle <strong>de</strong>s Slovènes ou encore celle <strong>de</strong>s Espagnols <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Asturies. Ils y constateraient quel’homme vit au contact <strong>de</strong>s ours, parfois aussi <strong>de</strong>s loups <strong>et</strong> <strong>de</strong>s lynx également, sans craindred’acci<strong>de</strong>nts. On compte <strong>de</strong>ux cas d’acci<strong>de</strong>nts <strong>sur</strong> un <strong>de</strong>mi-siècle en Slovénie, <strong>de</strong>s casrarissimes qui trouvent leur origine <strong>dans</strong> une faute humaine ou une gran<strong>de</strong> malchance (commecelle <strong>de</strong> prendre une pierre <strong>sur</strong> <strong>la</strong> tête en montagne). Le <strong>de</strong>rnier en date est celui d’un hommeparti couper du bois le 24 février 2000 aux abords d’un vil<strong>la</strong>ge avec son chien. Celui-ci estmanifestement allé provoquer une femelle <strong>dans</strong> sa tanière puis est revenu <strong>dans</strong> <strong>les</strong> jambes <strong>de</strong>son maître, poursuivi par l’ourse ! L’homme a été b<strong>les</strong>sé assez sérieusement au bras droit,puis a été hospitalisé jusqu’au 14 mars, date à <strong>la</strong>quelle il a complètement récupéré <strong>de</strong>l’attaque 194 . Notons que <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> personnes fréquentent <strong>la</strong> forêt slovène en quête <strong>de</strong>champignons, pour le traditionnel piégeage <strong>de</strong>s loirs ou pour y chasser, donc <strong>sur</strong>tout àl’automne lorsque <strong>les</strong> ours (5 à 700) sont très actifs <strong>et</strong> engraissent avant l’hiver. Le reste <strong>de</strong>l’année, <strong>les</strong> Slovènes sont nombreux à parcourir <strong>la</strong> forêt à pied.Dans <strong>les</strong> Asturies, <strong>les</strong> hommes vivent <strong>de</strong> manière analogue à celle <strong>de</strong>s Pyrénéens sansdéplorer d’acci<strong>de</strong>nts. Les Pyrénéens constateraient aussi que <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong> entières viennentdésormais observer c<strong>et</strong>te gran<strong>de</strong> faune <strong>et</strong> louent <strong>de</strong>s gîtes, achètent <strong>dans</strong> <strong>les</strong> épiceries loca<strong>les</strong>,se ren<strong>de</strong>nt au restaurant, <strong>et</strong>c., bref font vivre une économie locale <strong>et</strong> ses produits <strong>de</strong> qualité.Nous avons constaté personnellement combien <strong>la</strong> région <strong>de</strong> Somiedo où vivent <strong>de</strong> nombreuxours attire <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong> avec enfants, dont certaines viennent spécifiquement observer <strong>les</strong> ours,<strong>les</strong> voient !, <strong>et</strong> s’en reviennent régulièrement aux mêmes gîtes <strong>et</strong> restaurants. Il s’agitincontestablement d’une évolution <strong>de</strong>s mœurs qui ne fera sans doute que s’accentuer <strong>et</strong>touchera <strong>de</strong> plus en plus nos montagnes <strong>de</strong>s Pyrénées.L’ours facteur <strong>de</strong> déso<strong>la</strong>tion générale, <strong>de</strong> <strong>la</strong> lèpre <strong>et</strong> du choléra !Le ressort <strong>de</strong> <strong>la</strong> peur déjà usé (car fort heureusement il s’use), <strong>les</strong> ultrapastorauxcherchent ainsi à démontrer que l’entr<strong>et</strong>ien <strong>et</strong> le maintien d’espaces ouverts par l’activité194 B. Kryštufek, H. I. Griffiths, « Anatomy of a human bear conflict. Case study from Slovenia in 1999-2000”,Living with bears, A <strong>la</strong>rge European carnivore in a shrinking world, L.D.S., Ljubljana, 2003, pp. 127 <strong>et</strong> s.139

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