L’OURS ET LE TOURISME« Los amigos <strong>de</strong>l oso y <strong>de</strong>l FAPAS son nuestros amigos. 192 »Le couple <strong>de</strong> propriétaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> casa rural, "La Sinriel<strong>la</strong>", vallée <strong>de</strong> Proaza,Asturies, avril 2008Il n’est pas <strong>dans</strong> notre propos <strong>de</strong> défendre le tourisme, qui a ses professionnels <strong>et</strong> sessyndicats pour le faire, d’autant que le tourisme <strong>de</strong> masse présente <strong>de</strong>s aspects néfastes pour <strong>la</strong><strong>protection</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature <strong>et</strong> celle <strong>de</strong> l’ours en particulier. Non, il s’agit <strong>de</strong> dénoncer icil’affirmation selon <strong>la</strong>quelle l’ours ne serait pas bon pour le tourisme familial <strong>dans</strong> <strong>les</strong>Pyrénées, ferait fuir <strong>les</strong> gens <strong>de</strong>puis <strong>les</strong> <strong>de</strong>rniers lâchers d’ours d’origine slovène.Effrayer <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion : un boomerang imbécileDès avant <strong>les</strong> lâchers du printemps 2006, <strong>les</strong> groupes ultra pastoraux ont tenté d’effrayer<strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. Ainsi, à sa création au début <strong>de</strong> l’année 2006, l’A.S.P.A.P. écrivait : « Mais pireque tout, nous sommes <strong>de</strong> plus en plus nombreux à être inqui<strong>et</strong>s quant au risque majeurd’acci<strong>de</strong>nts <strong>sur</strong> <strong>les</strong> habitants <strong>et</strong> <strong>sur</strong> <strong>les</strong> utilisateurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> montagne. Nous signalonsrégulièrement aux autorités l’importance <strong>de</strong> ce risque. Faut-il attendre qu’un drame seproduise pour réagir ? (danger accru pendant <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux années d’al<strong>la</strong>itement <strong>de</strong> l’ourson,danger du patou face aux randonneurs). Quel serait l’impact d’un tel acci<strong>de</strong>nt <strong>sur</strong> <strong>la</strong>fréquentation touristique <strong>de</strong> notre département ? 193 »Dans un autre document, ils préten<strong>de</strong>nt que « <strong>les</strong> professionnels du tourisme sontinqui<strong>et</strong>s, ils reçoivent déjà <strong>de</strong> très nombreux courriers <strong>de</strong> vacanciers qui renoncent auxPyrénées à cause <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence d’ours. Le tourisme familial - très important <strong>dans</strong> notre région- pourrait se détourner <strong>de</strong>s Pyrénées à <strong>la</strong> première attaque d’ours <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s personnes. Car lerisque existe, <strong>sur</strong>tout en cas <strong>de</strong> femelle suitée. »Avant d’en venir au fond, remarquons que <strong>la</strong> prétendue dangerosité <strong>de</strong> l’ours passecomme l’argument principal <strong>de</strong> l’opposition <strong>de</strong> l’A.S.P.A.P., avant <strong>la</strong> soit disantincompatibilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence <strong>de</strong>s ours avec le pastoralisme exposé au point précé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> leurdocument. Il est bien écrit : « Mais pire que tout… » Ceci n’est en rien étonnant <strong>de</strong> <strong>la</strong> partd’une telle association qui agite <strong>les</strong> peurs <strong>les</strong> plus faci<strong>les</strong> <strong>dans</strong> le but officieux <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r unlobby. M. Bruno Besche-Commenge le révé<strong>la</strong>it presque explicitement à <strong>la</strong> fin d’une émissiondiffusée <strong>sur</strong> France Culture en 2007.Invoquer <strong>la</strong> peur <strong>de</strong> <strong>la</strong> bête sauvage, c’est nous ressortir le P<strong>et</strong>it chaperon rouge auXXIème siècle. Et c’est chose aisée, car <strong>la</strong> peur <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature règne chez bon nombre <strong>de</strong>personnes issues <strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> ou <strong>de</strong>s campagnes, fruit d’une civilisation occi<strong>de</strong>ntale qui s’estconstruite <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s sièc<strong>les</strong>, même <strong>de</strong>s millénaires, <strong>sur</strong> <strong>la</strong> peur <strong>et</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> <strong>la</strong>nature. Il n’est pas rare <strong>de</strong> croiser <strong>sur</strong> <strong>les</strong> chemins <strong>de</strong> montagne <strong>de</strong>s randonneurs urbainseffrayés par une couleuvre comme il est encore fréquent <strong>de</strong> voir <strong>de</strong>s paysans <strong>les</strong> tuer d’uncoup <strong>de</strong> bâton (observation personnelle). Combien <strong>de</strong> chasseurs craignent <strong>les</strong> sangliers quisont effectivement agressifs lorsqu’on <strong>les</strong> chasse <strong>et</strong> bien plus s’ils sont poursuivis par <strong>de</strong>schiens ou lorsqu’ils sont b<strong>les</strong>sés. Qui, à part une poignée <strong>de</strong> passionnés ou <strong>de</strong>…braconniers,connaît <strong>la</strong> nature <strong>la</strong> nuit, un moment pourtant essentiel <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> nombre d’espèces ?192 « Les amis <strong>de</strong> l’ours <strong>et</strong> du FAPAS sont nos amis. »193 Appel à cotisation <strong>de</strong> l’A.S.P.A.P., 17 février 2006.138
La très gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong> nos contemporains n’a ainsi qu’une vision très restreinte <strong>de</strong> <strong>la</strong>nature. Elle se limite alors aux jardins, aux parcs urbains ou aux alentours <strong>de</strong>s vil<strong>la</strong>ges. Lesplus aventureux parcourent nos parcs nationaux ou <strong>de</strong>s réserves naturel<strong>les</strong> sans s’écarter <strong>de</strong>schemins <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> randonnée ou <strong>de</strong> sentiers qui mènent à <strong>de</strong>s cabanes d’observation. Un<strong>et</strong>oute p<strong>et</strong>ite minorité s’éprend véritablement <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature, quand elle reste pour <strong>la</strong> plupart un<strong>et</strong>erra incognitae. Devant un massif forestier abritant une forêt primaire, <strong>de</strong>s ours, <strong>de</strong>s loups <strong>et</strong><strong>de</strong>s lynx <strong>et</strong> quantité d’autres bêtes, une peintre slovène nous disait : « Ici, c’est Mars pour <strong>les</strong>gens ! »Craindre l’ours est donc chose compréhensible chez l’homme mo<strong>de</strong>rne coupé d’uncontact avec <strong>la</strong> nature, qui plus est d’une nature complète avec ses grands prédateurs. Leseff<strong>et</strong>s médiatiques <strong>de</strong> telle ou telle affaire n’arrangent rien bien évi<strong>de</strong>mment. Un amiornithologue nous racontait qu’à l’été 2007 il fut appelé par un inspecteur d’académie qui lui<strong>de</strong>mandait s’il n’était pas dangereux <strong>de</strong> se rendre <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Pyrénées avec ses enfants à cause<strong>de</strong>s… vautours ! D’un autre côté, on voit <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> gens prêts à observer <strong>de</strong>s animauxsauvages, il est vrai parfois inconsciemment comme nous le confiait un forestier slovène àpropos d’une famille française qui cherchait à approcher … une ourse <strong>et</strong> ses p<strong>et</strong>its.Les Pyrénéens seraient très inspirés d’étudier l’expérience italienne <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Abruzzes,celle <strong>de</strong>s Slovènes ou encore celle <strong>de</strong>s Espagnols <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Asturies. Ils y constateraient quel’homme vit au contact <strong>de</strong>s ours, parfois aussi <strong>de</strong>s loups <strong>et</strong> <strong>de</strong>s lynx également, sans craindred’acci<strong>de</strong>nts. On compte <strong>de</strong>ux cas d’acci<strong>de</strong>nts <strong>sur</strong> un <strong>de</strong>mi-siècle en Slovénie, <strong>de</strong>s casrarissimes qui trouvent leur origine <strong>dans</strong> une faute humaine ou une gran<strong>de</strong> malchance (commecelle <strong>de</strong> prendre une pierre <strong>sur</strong> <strong>la</strong> tête en montagne). Le <strong>de</strong>rnier en date est celui d’un hommeparti couper du bois le 24 février 2000 aux abords d’un vil<strong>la</strong>ge avec son chien. Celui-ci estmanifestement allé provoquer une femelle <strong>dans</strong> sa tanière puis est revenu <strong>dans</strong> <strong>les</strong> jambes <strong>de</strong>son maître, poursuivi par l’ourse ! L’homme a été b<strong>les</strong>sé assez sérieusement au bras droit,puis a été hospitalisé jusqu’au 14 mars, date à <strong>la</strong>quelle il a complètement récupéré <strong>de</strong>l’attaque 194 . Notons que <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> personnes fréquentent <strong>la</strong> forêt slovène en quête <strong>de</strong>champignons, pour le traditionnel piégeage <strong>de</strong>s loirs ou pour y chasser, donc <strong>sur</strong>tout àl’automne lorsque <strong>les</strong> ours (5 à 700) sont très actifs <strong>et</strong> engraissent avant l’hiver. Le reste <strong>de</strong>l’année, <strong>les</strong> Slovènes sont nombreux à parcourir <strong>la</strong> forêt à pied.Dans <strong>les</strong> Asturies, <strong>les</strong> hommes vivent <strong>de</strong> manière analogue à celle <strong>de</strong>s Pyrénéens sansdéplorer d’acci<strong>de</strong>nts. Les Pyrénéens constateraient aussi que <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong> entières viennentdésormais observer c<strong>et</strong>te gran<strong>de</strong> faune <strong>et</strong> louent <strong>de</strong>s gîtes, achètent <strong>dans</strong> <strong>les</strong> épiceries loca<strong>les</strong>,se ren<strong>de</strong>nt au restaurant, <strong>et</strong>c., bref font vivre une économie locale <strong>et</strong> ses produits <strong>de</strong> qualité.Nous avons constaté personnellement combien <strong>la</strong> région <strong>de</strong> Somiedo où vivent <strong>de</strong> nombreuxours attire <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong> avec enfants, dont certaines viennent spécifiquement observer <strong>les</strong> ours,<strong>les</strong> voient !, <strong>et</strong> s’en reviennent régulièrement aux mêmes gîtes <strong>et</strong> restaurants. Il s’agitincontestablement d’une évolution <strong>de</strong>s mœurs qui ne fera sans doute que s’accentuer <strong>et</strong>touchera <strong>de</strong> plus en plus nos montagnes <strong>de</strong>s Pyrénées.L’ours facteur <strong>de</strong> déso<strong>la</strong>tion générale, <strong>de</strong> <strong>la</strong> lèpre <strong>et</strong> du choléra !Le ressort <strong>de</strong> <strong>la</strong> peur déjà usé (car fort heureusement il s’use), <strong>les</strong> ultrapastorauxcherchent ainsi à démontrer que l’entr<strong>et</strong>ien <strong>et</strong> le maintien d’espaces ouverts par l’activité194 B. Kryštufek, H. I. Griffiths, « Anatomy of a human bear conflict. Case study from Slovenia in 1999-2000”,Living with bears, A <strong>la</strong>rge European carnivore in a shrinking world, L.D.S., Ljubljana, 2003, pp. 127 <strong>et</strong> s.139
- Page 1 and 2:
Rapport de Stéphan Carbonnaux comm
- Page 3 and 4:
SOMMAIREI Le sens profond du retour
- Page 5 and 6:
LE SENS PROFOND DU RETOUR DE L’OU
- Page 7 and 8:
Cliché n° 1. Forêt primaire en S
- Page 9 and 10:
Brisons quelques tabous :- la civil
- Page 11 and 12:
« Une forêt sans ours n’est pas
- Page 13 and 14:
Bouchet, la principale raison de la
- Page 15 and 16:
Le Parc ne sait que faire pour prot
- Page 17 and 18:
1978. Publication du rapport L’ou
- Page 19 and 20:
1984. Le "Plan Ours" est lancé par
- Page 21 and 22:
Jean Lassalle, conseiller général
- Page 23 and 24:
octobre 1992, rende sa décision et
- Page 25 and 26:
patrimoniale. Si les associations d
- Page 27 and 28:
27 mai. Une "Marche pour l’ours"
- Page 29 and 30:
LA MORT DES DERNIERS OURS DES PYREN
- Page 31 and 32:
venir que des Pyrénées (la logiqu
- Page 33 and 34:
1994. En novembre, lors d’une bat
- Page 35 and 36:
Cette bonne volonté n’a jamais p
- Page 37 and 38:
« réalité depuis des siècles ic
- Page 39 and 40:
Une autre conclusion qui a sonné c
- Page 41 and 42:
paysans pour tuer les sangliers : e
- Page 43 and 44:
le Tiers-Monde) sur ce "Progrès",
- Page 45 and 46:
Baylaucq écrivait : « L'ours brun
- Page 47 and 48:
"Néré". C’est le retour au clan
- Page 49 and 50:
C’est pourquoi, nous préférons
- Page 51 and 52:
institution a été très imprudemm
- Page 53 and 54:
valeur de l’élevage ovin ne peut
- Page 55 and 56:
de notre côté que le divorce évo
- Page 57 and 58:
(surtout composée d’aurochs), le
- Page 59 and 60:
Les parcs nationaux ne sont pas en
- Page 61 and 62:
On aura donc compris que ces groupe
- Page 63 and 64:
ce point, se trouver menacés par l
- Page 65 and 66:
- Le pastoralisme et la biodiversit
- Page 67 and 68:
Cliché n° 4 Cliché n° 5Asturies
- Page 69 and 70:
et surtout les femelles deviennent
- Page 71 and 72:
diversifiées : cerf, chevreuil, ch
- Page 73 and 74:
de terrain, que les observations mo
- Page 75 and 76:
cette biodiversité aux oubliettes
- Page 77 and 78:
Ferus. En 1996, à Sofia-Antipolis
- Page 79 and 80:
enseignements précieux sur ce suje
- Page 81 and 82:
Dendaletche dans son Guide du natur
- Page 83 and 84:
productiviste qui lui convient mal
- Page 85 and 86:
La question des feux courants ou fe
- Page 87 and 88: onces, genêts où seuls les sangli
- Page 89 and 90: L’impact des feux sur la petite f
- Page 91 and 92: - Au moins pour un certain temps, i
- Page 93 and 94: outre que la reconstitution de popu
- Page 95 and 96: diminué, alors qu’entre temps la
- Page 97 and 98: Rappelons que M. Couturier a chass
- Page 99 and 100: Devant le refus de l’Etat de cré
- Page 101 and 102: Voici ce que Jean Lauzet, naturalis
- Page 103 and 104: - En Italie, le Parc national des A
- Page 105 and 106: -¿De qué manera?De quelle manièr
- Page 107 and 108: prioritaire au titre de la Directiv
- Page 109 and 110: France de prendre « les mesures de
- Page 111 and 112: Le témoignage de M. Didier Hervé
- Page 113 and 114: L’ESPACE VITAL POUR L’OURS DANS
- Page 115 and 116: Slovénie, Slovaquie et Suède. Ell
- Page 117 and 118: 2008). Rappelons que personne n’a
- Page 119 and 120: Depuis quelques années à peine, l
- Page 121 and 122: loin des sites fréquentés par les
- Page 123 and 124: Cette région est un grand karst bo
- Page 125 and 126: apport aux autres ours d’Europe,
- Page 127 and 128: Aujourd’hui, alors que le "Plan O
- Page 129 and 130: d’énergie pourrait avoir de fâc
- Page 131 and 132: place par le F.I.E.P., en Haut-Béa
- Page 133 and 134: Notons que contrairement à la popu
- Page 135 and 136: Abruzzes serait à l’origine de l
- Page 137: Chose en apparence paradoxale, le r
- Page 141 and 142: Pyrénées, l’ours n’est pas pr
- Page 143 and 144: POUR UN OURS LIBRE SANS PUCE NI COL
- Page 145: Mai 2008FERUSBP 11413 718 Allauch C