par hélicoptère), <strong>la</strong> piste pastorale semble <strong>la</strong> plus vraisemb<strong>la</strong>ble, tant ce produit a été utilisé aufil <strong>de</strong>s décennies. François Moutou, vétérinaire lui aussi <strong>et</strong> agent <strong>de</strong> l’A.F.S.S.A., note qu’àchaque interdiction d’un produit, d’une molécule, l’État autorise <strong>les</strong> éleveurs <strong>et</strong> agriculteurs àécouler <strong>les</strong> stocks. La conséquence perverse est que <strong>les</strong> personnes en cause font d’autresréserves 111 .On regr<strong>et</strong>tera une nouvelle fois que <strong>de</strong> tel<strong>les</strong> affaires s’ensablent sans jamais produire <strong>de</strong>conclusions n<strong>et</strong>tes.Illustration du cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> bromadioloneCe puissant ro<strong>de</strong>ntici<strong>de</strong> anticoagu<strong>la</strong>nt est utilisé <strong>dans</strong> <strong>la</strong> lutte contre divers rongeurs, <strong>et</strong>notamment <strong>les</strong> campagnols terrestres (Arvico<strong>la</strong> terrestris). Il est utilisé à gran<strong>de</strong> échelle<strong>de</strong>puis <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>s années 80, <strong>sur</strong>tout <strong>dans</strong> le nord-est <strong>de</strong> <strong>la</strong> France pour limiter ses popu<strong>la</strong>tions<strong>dans</strong> <strong>les</strong> prairies d’élevage. Il a causé <strong>de</strong> gros dégâts à <strong>la</strong> faune sauvage en Suisse en 1982 112 .En 2002, son utilisation est interdite contre <strong>les</strong> ragondins <strong>et</strong> <strong>les</strong> autres rongeurs.Le 8 juill<strong>et</strong> 2003, un arrêté du ministre <strong>de</strong> l’Environnement, Roselyne Bachelot, autorise<strong>de</strong> nouveau l’utilisation du produit <strong>et</strong> prévoit un p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> transition d’ici 2006. Une utilisation<strong>de</strong> ce poison est possible jusqu’en 2009 en raison <strong>de</strong> l’existence <strong>de</strong> stocks.Alors qu’on dispose <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> <strong>la</strong> lutte, on a très peu <strong>de</strong> données <strong>sur</strong> <strong>les</strong> eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> c<strong>et</strong>telutte… Des loutres <strong>et</strong> <strong>de</strong>s visons d’Europe, espèces rares <strong>et</strong> strictement protégées, ont pourtantété empoisonnés par ce produit ! Les rapaces paient également un très lourd tribut à <strong>la</strong>bromadiolone, notamment le mi<strong>la</strong>n royal. Une bonne part <strong>de</strong>s animaux sauvages faisant <strong>les</strong>frais <strong>de</strong> ce poison n’ont même pas <strong>de</strong> statut juridique : <strong>les</strong> campagnols, <strong>les</strong> musaraignes(excepté <strong>les</strong> crossopes), <strong>les</strong> souris, le loir <strong>et</strong> le lérot. Ces animaux, membres au même titre qued’autres espèces <strong>de</strong> <strong>la</strong> biodiversité, n’intéressent manifestement pas du tout <strong>les</strong> éleveurs qui sepiquent <strong>de</strong> biodiversité.Les ivermectinesCe sont <strong>de</strong>s vermifuges massivement utilisés <strong>dans</strong> le mon<strong>de</strong> entier pour traiter le bétail,<strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> vingt ans. Ils constituent <strong>la</strong> troisième génération <strong>de</strong>s anti-parasitaires agrico<strong>les</strong>fabriqués par le <strong>la</strong>boratoire Mairial. Le gros intérêt <strong>de</strong> ce produit est qu’une <strong>de</strong>s modalitésd’administration prend <strong>la</strong> forme d’une capsule à diffusion lente qui se fixe pendant quatremois <strong>dans</strong> <strong>la</strong> panse, le « bolus ». La légis<strong>la</strong>tion communautaire interdit d’administrer c<strong>et</strong>temolécule au bétail gestant <strong>et</strong> prohibe <strong>la</strong> commercialisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> vian<strong>de</strong> pendant une durée <strong>de</strong>six mois, lorsqu’un bolus a été administré. Les ivermectines sont très utilisées, notamment<strong>dans</strong> <strong>les</strong> Alpes <strong>et</strong> en Pays Basque, avec un traitement en septembre pour tuer <strong>les</strong> insectesnémato<strong>de</strong>s.Des conversations avec Jacques Cabar<strong>et</strong> (I.N.R.A., Tours) <strong>et</strong> Jean-Pierre Lumar<strong>et</strong>(Laboratoire <strong>de</strong> zoogéographie, Université Paul Valéry, Montpellier 113 ) ont apporté <strong>de</strong>s111 Jacques Cabar<strong>et</strong> (I.N.R.A. Tours) nous signale était toujours légalement utilisé en traitement <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ntes ily a quelques années à peine, au moins en Provence.112 Gérard Grolleau, « Neuchâtel : <strong>les</strong> buses empoisonnées au campagnol », Panda Nouvel<strong>les</strong>, W.W.F. Suisse,février 1983.113J.-P. Lumar<strong>et</strong> travaille au sein <strong>de</strong> l’équipe « Ecologie <strong>de</strong>s arthropo<strong>de</strong>s <strong>dans</strong> <strong>les</strong> agroécosystèmesméditerranéens » <strong>et</strong> s’intéresse au fonctionnement <strong>et</strong> dysfonctionnements <strong>de</strong>s systèmes pâturés.78
enseignements précieux <strong>sur</strong> ce suj<strong>et</strong>. Tous <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux insistent <strong>sur</strong> le grand nombre d’espècesqui profitent <strong>de</strong>s excréments du bétail <strong>et</strong> en l’occurrence <strong>de</strong>s moutons. Jean-Pierre Lumar<strong>et</strong>s’est intéressé par acci<strong>de</strong>nt à c<strong>et</strong>te question. Il nourrissait <strong>de</strong>s insectes avec <strong>de</strong>s bouses <strong>de</strong>zèbres du zoo <strong>de</strong> Montpellier quand une forte mortalité <strong>les</strong> a touchés. Une enquête adéterminé qu’on avait traité <strong>les</strong> zèbres avec un vermifuge. Plus tard, en Cévennes, une<strong>sur</strong>mortalité <strong>de</strong> bousiers a pu être attribuée au traitement <strong>de</strong> chevaux <strong>de</strong> randonnée. C’est ainsique <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s ont commencé <strong>sur</strong> <strong>les</strong> eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> ces produits <strong>sur</strong> <strong>les</strong> insectes consommateurs<strong>de</strong>s excréments d’animaux traités, <strong>les</strong> fameux insectes coprophages. Les vers <strong>de</strong> terre <strong>et</strong> <strong>les</strong>insectes némato<strong>de</strong>s du sol qui jouent pourtant un rôle important sont, eux, peu étudiés.Malheureusement aussi, J.-P. Lumar<strong>et</strong> confie que nous ne disposons pas d’une référence <strong>de</strong>l’abondance <strong>de</strong>s bousiers <strong>et</strong> autres insectes coprophages à un point zéro. On sait cependantqu’une disparition lente affecte ces espèces <strong>de</strong>puis 1975-1980.Tous <strong>les</strong> élevages utilisent <strong>les</strong> ivermectines, même l’élevage biologique à un <strong>de</strong>grémoindre certes, <strong>et</strong> <strong>les</strong> centres équestres 114 . Le produit actif ou ses métabolites rej<strong>et</strong>és par <strong>les</strong>animaux sont encore toxiques <strong>de</strong>ux à trois semaines. Aucune étu<strong>de</strong> n’est cependant menée <strong>sur</strong>une région entière tel le Pays Basque, ou <strong>sur</strong> <strong>la</strong> longue durée. Outre l’effondrement <strong>de</strong>spopu<strong>la</strong>tions d’insectes coprophages, une autre conséquence <strong>de</strong> ces produits est uneperturbation du cycle <strong>de</strong>s bouses <strong>et</strong> crottins. Lorsque <strong>les</strong> bouses sont enfouies, sous une formefractionnée, el<strong>les</strong> contribuent à modifier <strong>la</strong> structure du sol en augmentant sa stabilité <strong>et</strong> sacapacité <strong>de</strong> rétention <strong>de</strong> l’eau au bénéfice <strong>de</strong> <strong>la</strong> végétation qui profite <strong>de</strong> <strong>la</strong> minéralisationrapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te matière organique. Un recyc<strong>la</strong>ge plus lent, c’est aussi à terme moins <strong>de</strong>superficie pour l’herbe. Comme le note Vincent Vignon, c<strong>et</strong>te évolution participe àl’expansion <strong>de</strong>s espèces nitrophi<strong>les</strong> qui banalisent encore plus <strong>les</strong> pâturages. YvesThonnérieux, <strong>de</strong> son côté souligne qu’en Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne, l’effondrement spectacu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong>salou<strong>et</strong>tes semble étroitement corrélé à <strong>la</strong> généralisation <strong>de</strong>s ivermectines. Il en serait <strong>de</strong> mêmechez <strong>les</strong> rhinolophes, une espèce <strong>de</strong> chauve souris insectivore dont le régime alimentaire estcomposé <strong>de</strong> bousiers. Quid pour <strong>les</strong> sangliers consommateurs <strong>de</strong> gros scarabées, <strong>et</strong> donc <strong>sur</strong> <strong>la</strong>consommation <strong>de</strong> leur vian<strong>de</strong> 115 ? Jacques Cabarr<strong>et</strong> signale <strong>de</strong>s résistances importantesapparues en Argentine où <strong>les</strong> produits sont utilisés presque une fois par mois. En Australie,<strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> <strong>de</strong>struction à gran<strong>de</strong> échelle ont obligé d’importer <strong>de</strong>s insectes ! Si <strong>de</strong>s résistancesse généralisaient, J. Cabar<strong>et</strong> <strong>et</strong> J.-P. Lumar<strong>et</strong> annoncent bien <strong>de</strong>s difficultés.Le <strong>la</strong>boratoire <strong>de</strong> Jean-Pierre Lumar<strong>et</strong> est le seul à travailler à c<strong>et</strong>te question sérieuse <strong>et</strong>difficile. C’est dit-il, le « grand écart » entre <strong>les</strong> recherches fondamenta<strong>les</strong>, <strong>les</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong>subventions, <strong>et</strong>c. Sa position est d’agir auprès <strong>de</strong> tous : l’éleveur consommateur <strong>de</strong> produits, levétérinaire prescripteur <strong>de</strong> ces produits, présentés par un commercial… Ne voyant pascomment supprimer ces traitements <strong>dans</strong> un mon<strong>de</strong> tel que le nôtre, il évoque <strong>la</strong> «part dufeu » <strong>et</strong> <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> protoco<strong>les</strong> que <strong>les</strong> industries <strong>de</strong>vraient suivre au sein <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong>l’O.C.D.E.À force <strong>de</strong> travail <strong>et</strong> <strong>de</strong> persuasion, un programme <strong>de</strong> recherches à été <strong>la</strong>ncé en Queyras.Il s’agit <strong>de</strong> quantifier <strong>les</strong> pratiques <strong>de</strong>s éleveurs (qui furent <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs pour col<strong>la</strong>borer) <strong>de</strong>connaître <strong>les</strong> produits utilisés, <strong>les</strong> animaux traités <strong>et</strong> <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s relevés à différents niveauxd’altitu<strong>de</strong>. Enfin, il s’agit <strong>de</strong> croiser <strong>les</strong> informations du Parc <strong>et</strong> <strong>de</strong>s vétérinaires pour faire <strong>de</strong>scalculs <strong>de</strong> risque. C’est ainsi qu’on pourra estimer le risque sanitaire en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong>114 La randonnée équestre est responsable <strong>de</strong> <strong>la</strong> disparition <strong>de</strong> très nombreux scarabées <strong>dans</strong> <strong>les</strong> arrières dunes duLanguedoc.115 Yves Thonnérieux, « Ivermectine. Menace <strong>sur</strong> <strong>la</strong> faune sauvage », Le Courrier <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature, septembreoctobre2002.79
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Le Parc ne sait que faire pour prot
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Jean Lassalle, conseiller général
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