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un village hmong vert du haut laos

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A vrai dire, si le matCriel de travail Ctait entikrement fabriqut sur place, les 5 forges n'y suf-<br />

firaient probablement pas. Mais il faut noter qu'<strong>un</strong>e bonne partie de l'outillage vient d'ailleurs. A<br />

Louang Phrabang des artisans Yao vendent B bas prix le matiriel agricole. I1 est ramen6 a Pha-Hok<br />

par des <strong>village</strong>ois qui sont allts vendre des cochons ou de l'opium ou bien par des colporteurs qui<br />

sillonnent le pays <strong>hmong</strong> en certaines ptriodes de l'amke (cf 3.3). Ces Cchanges sont d'autant plus<br />

faciles que Hmong et Yao partagent les m&mes techniques de la forge et qu'ils pro<strong>du</strong>isent des objets<br />

identiques. Naturellement les Hmong ne savent pas extraire le minerai de fer. 11s forgent B partir de<br />

fer ou d'acier de rkcuptration.<br />

Le soufflet <strong>hmong</strong> est le m&me que celui des Yao (3). 11 se compose d'<strong>un</strong> cylindre creust dans la<br />

masse, dans lequel se meut <strong>un</strong> piston. Ce dernier est enveloppk de longues plumes de coq qui assurent<br />

1'CtanchCitt et facilitent le glissement le long <strong>du</strong> cylindre. L'air est pomp6 aux deux extrCmit6 h<br />

travers des jours rectangulaires, obturks en sens inverse par <strong>un</strong>e feuille de papier <strong>du</strong>r fix6 au-dessus<br />

des deux orifices. L'air pousst par le piston dtbouche dans <strong>un</strong> chenal exttrieur par <strong>un</strong>e sortie mCnagte<br />

en chaque extrkmitt. Refoul6 des deux cbtts (en mouvement avant et arrikre) il sort par <strong>un</strong> orifice<br />

mCdian sur lequel est emmanchk le con<strong>du</strong>it de bambou qui le mkne au foyer.<br />

I1 a donnk son nom, lwj, B la forge : lub lwj hlau. ou tsev lwj. Chaque outil, chaque ClCment de<br />

la forge, est dot6 aussi d'<strong>un</strong> nom chinois, celui qu'on emploie dans les formules magiques, tant il est vrai,<br />

comme Ccrit M. Leroi-Gourhan que e cette <strong>un</strong>ion hamonieuse des Cltments a Ctt sensible aux forgerons<br />

de tous les temps et a rehaussC le caracdre religieux qui s'attache B leur oeuvre B (4).<br />

Pour la bijouterie, le forgeron posskde <strong>un</strong> outillage sptcial, plus fin : petits marteaux, burins etc.<br />

Chac<strong>un</strong> est plus ou moins orfkvre, il faut voir dans les veilles de Nouvel An, les pkres de famille au<br />

travail, faisant bouillir l'argent avec de la soude pour lui rendre son Cclat, fondant des colliers,<br />

forgeant des bracelets. Avec <strong>un</strong>e livre d'argent, on peut faire <strong>un</strong> anneau plein ou trois anneaux creux.<br />

Lorsque le forgeron se fait armurier, il ne forge que le canon <strong>du</strong> fusil et la platine 2 silex. La<br />

crosse a CtC taillCe dans le bois au prCaIable par le destinataire <strong>du</strong> fusil. Forer <strong>un</strong> canon, tshav phom,<br />

est <strong>un</strong>e optration longue et minutieuse. I1 arrive encore qu'<strong>un</strong> canon Cclate dans la main <strong>du</strong> chasseur,<br />

comme ce fut le cas, il y a 5 ou 6 ans pour le malheureux Txwj Pov qui y perdit trois doigts de la<br />

main droite. Le forgeron utilise <strong>un</strong>e grande tarike B volant massif en bois. I1 lui faut <strong>un</strong>e semaine de<br />

travail aid6 de deux assistants pour arriver B ses fins (5).<br />

Le canon termink est fix6 sur l'affiit, petite crosse de bois fournie par le client, B l'aide de bagues<br />

de cuivre thi phom (fig. 8).<br />

Le finissage <strong>du</strong> canon, l'assemblage avec l'affiit, ne sont pas sans mettre en oeuvre l'art magique<br />

<strong>du</strong> forgeron qui confie aux divers gCnies de la forge le soin de prottger ces dtlicates optrations. 11<br />

s'en prtvaut pour signifier B son oeuvre, dks lors personnifiCe, divers interdits, comme Cclater dans<br />

les mains <strong>du</strong> chasseur, partir inopintment sur <strong>un</strong>e cible humaine, mais aussi des prescriptions, comme<br />

atteindre <strong>du</strong> premier coup le gibier.<br />

Nous reviendrons dans le contexte des reprbentations religieuses sur l'aspect magique des travaux<br />

de la forge.<br />

(3) L<strong>un</strong>et de LAJONQUI~IE (Ethnographic <strong>du</strong> Tonkin septentrional, Paris, 1906, p. 227) prksente <strong>un</strong> soufflet<br />

semblable pour les Yao. On reconnait d'ailleurs le soufflet B piston chinois, utilisk aussi bien pour la forge que,<br />

dans la maison, pour le K'ang, le chauffage central des paysans chinois.<br />

(4) A. LEROI-GOURHAN, L'Homme et la Matisre, Paris, 1943, p. 209.<br />

(5) Comparez avec L<strong>un</strong>et de Lajonquikre i propos des fusils yao : a Le canon, de petit calibre et assez long,<br />

est fait avec <strong>un</strong>e tige de fer d'abord aplatie, puis creusk en gouttikre dont les bords relevks autour d'<strong>un</strong> mandrin<br />

sont soudks au marteau B.

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