un village hmong vert du haut laos

182 L'HORIZON FAMILIAL
maison il y ait deux filles B marier. La cadette peut Ctre convoitke avant I'ainCe. Si le mariage se fait,
elle doit s'excuser auprts de son a^inCe, on dit qhwv tais laug hauv caug a offrir B genoux B sa sceur
ainte B. Cette cCrCmonie se fait bien siir aux frais du gendre qui doit fournir l'argent du dCdomma-
gement. I1 peut se monter jusqu'h une barre d'argent.
Les Hmong admettent encore la possibilitC de l'tchange restreint : Cchange de sceurs. Mais ce
n'est pas considtrt comme normal, il faut 1B encore amtnager la voie pour le mariage.
LE PRIX DE LA FIANC~E.
Les Hmong pratiquent ce qu'il est convenu d'appeler le mariage par achat. Toute union est
l'occasion d'une prestation de la famille de la ale au dCpens de la famille du garqon. L'achat n'a
pas la complexit6 qu'il revCt par exemple chez les Katchin (24) et meme chez les Lao. I1 se compose
essentiellement d'une certaine somme en barres d'argent et d'un cochon offert par le gendre B son
beau-pcre pour le repas de noce. Par contre il reprbente un dtplacement de valeurs assez consid6
rable. La plus grosse somme proposte B Pha-Hok pendant notre sCjour se montait B 14 barres d'argent,
soit 112 000 kips (1 200 F). Le prix de la fiancte varie relativement peu, on tient compte Cvidemment
de son ige et de sa beaut6 Une fille qui n'est plus de la premicre fraicheur ou qui a eu un enfant dtji
coiitera moins cher qu'un tendron de 14-15 ans dans sa premitre jeunesse. De mCme pour les veuves
qui se remarient. Le paiement se fait dans ce dernier cas B la famille du mari et non B la famille
d'origine de la femme.
A Pha-Hok les Wes ont pour ainsi dire deux cours : l'un r6em6 aux villages hmong verts origi-
naires de la province de Louang Phrabang, de l'autre c8tt du Mtkhong, qui ont adhtrt, il y a quelques
annCes, B une sorte de a charte du mariage B, l'autre B l'usage des autres parties en dehors de la
charte. Ceux de Pha-Hok y ont adhCrt du temps oii ils Ctaient encore B Nam Neun. L'initiative avait
CtC prise par un chef de canton, Xeej Nyaj; aprzs avoir convoquC tous les chefs de clan B un banquet
pour lequel il avait tuC un boeuf, il leur exposa et discuta avec eux l'ktablissement de rtgles fixes en
matitre de prix de la fiancte. Le prix normal maximum d'une fille serait fix6 B 8 barres et 7 piastres
si le gendre ne fournissait pas le cochon. S'il s'agissait d'une veuve, son prix tombait B 3 barres et
7 piastres, et dans le cas d'une divorcte en fuite B 12 onces d'argent, soit 36 piastres ou 2 barres
et 8 piastres. Ces rsgles sont encore en vigueur B Pha-Hok et avec l'afflux des Cmigrts de ce c8tC
du Mtkhong tendent B se communiquer B toute la province de Saiyaboury.
L'argent est donc pour les Hmong le principal a nerf B des Cchanges matrimoniaux. A chaque
mariage il faut affronter d'interminables et minutieuses palabres que l'expression populaire rCsume
d'un mot : has nyaj a discussions d'argent B. Les pourparlers ont lieu par l'entremise d'entremetteurs,
tus mej koob, du chinois mei kong, qui peuvent Ctre deux ou quatre selon la solennit6 qu'on veut
donner B l'affaire et le statut social des deux familles, car ces chicanes d'argent sont aussi et avant
tout des questions de face. Nous avons vu que les mariages anormaux Ctaient possibles 2 condition
d'accepter une ptnalisation. Dans la vie courante, compte tenu du dtcalage des iges B l'intkrieur d'une
mCme gtniration, ib phaaj, friquemment des jeunes gens de mCme Age se trouvent appartenir B des
niveaux gtntalogiques diffkrents. Le mariage est alors sanctionnC par une amende, puisqu'il y a faute,
txhum (du chinois ts'uo a erreur 2). Or le coat du mariage n'est 6videmment pas support6 par le
mari, jeune garGon dans la plupart des cas, mais par toute sa maisonnte. I1 se crte alors un dCsCqui-
libre dans les Cchanges, de sorte que le dCbours d'une maison pour le mariage de ses enfants mses
n'est pas forctment couvert par les rentrCes que procurent le mariage de ses filles.
(24) Cf. C1. L~~W-STRAUSS, op. cit., p. 3 15.