un village hmong vert du haut laos

CLANS ET LIGNAGES
3.4. CLANS ET LIGNAGES.
Lorsque nous les avons rencontrb, au dCbut du chapitre prkctdent, nous avons dCfini les clans
hmong comme a des classes matrimoniales exogamiques D, c'ttait I'aspect qui nous inttressait en
regard de la parenti et du mariage. Le fait qu'ils soient dtsignCs par un terme chinois, Xeem, donne
2 penser aussi que le systgme actuel des clans et du mariage chez les Hmong a CtC fortement influenct
par le voisinage avec la socittt chinoise. La principale diffkrence entre Xeem hmong et Sing chinois
c'est que d'un c8tk nous trouvons 438 noms pour 15 ou 16 en hmong (l). Cette diffirence nurnCrique
peur s'expliquer sans doute par le rapport de populations, quoi qu'il en soit leur nombre restreint
fait de la sociCtC hrnong un champ privilkgit pour Ctudier leur fonction, Ctude que nous limiterons
prtsentement ii l'tchelle du village.
La tradition mythique fait remonter les clans, non pas B la crtation de l'homme, mais au dtluge,
aprb qu'un frkre et une sceur, seuls rescapb de la catastrophe, eurent repris pied sur la terre vidCe
de tous ses habitants. a 11s ne trouvaient plus personne sur terre. Pourtant il leur fallait bien consti-
tuer une famille. Mais il n'y avait plus trace d'homme. 11s se dirent : a Nous sommes frkre et aur,
nous ne pouvons pas nous marier. Que chacun parte de son c8tt pour trouver un conjoint et fonder
une famille ! D. Aprb avoir cherchk partout sans trouver personne ils se rendirent compte qu'ils ttaient
vraiment seuls. 11s se dirent : a Si nous n'avons pas d'enfants, nous n'aurons point de moyen pour
fonder une famille D.
Le frkre dit : a On va faire rouler une meule du haut de cette pente-12, si les deux pierres restent
collkes l'une B l'autre, on se marie, si elles se sCparent ce sera le signe que nous ne devons pas nous
marier D.
La meule une fois lancke, le frkre, malignement, courut devant, laissant sa sceur en arrikre. I1
trouva les deux pierres de la meule Ccarttes l'une de l'autre. Mais tandis que sa sceur accourait, il
les rajusta trgs vite ensemble. Quand elle fut arrivte elle vit la meule intacte. Son frkre lui dit : a C'est
le ciel qui nous dit de nous marier B.
11s se marigrent et eurent bientht un enfant. C'ktait un &tre Ctrange, sans bras ni jambe, ressem-
blant B une citrouille blanche. DCconcertCs, ils allkrent interroger Saub (2) pour lui demander ce
qu'ils devaient faire. Saub leur rkpondit : e Puisqu'il n'a qu'un tronc sans bras ni jambes, qu'une
bouche pour manger mais pas de bras pour travailler, mieux vaut le couper. Coupez-le en plusieurs
morceaux ! 2.
11s s'exCcut6rent et allkrent disperser les morceaux par la campagne. 11s en jetkrent sur les roseaux,
sur les arbres, sur toutes sortes de plantes. Quand ils eurent fini de disperser ces morceaux de chair,
au lendemain on vit surgir des gens de chaque endroit, par toute la plaine et qui fondaient des
f amilles.. .
Chacune des plantes ainsi fertilisies donna naissance 2 un clan. Ceux qui sortaient des roseaux
(I) Cf. le Pai Kia Sing, a Les Norns des Cent Familles .,
compile sous la dynastie des Song.
(2) NOUS n'avons pas la place ici d'ivoquer ce personnage central de la mythologie hrnong, dont le r61e
principal semble avoir kt6 d'enseigner aux hornmes, dis les origines, la facon de faire les choses.