30.01.2013 Views

un village hmong vert du haut laos

un village hmong vert du haut laos

un village hmong vert du haut laos

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

L'HORIZON FAMILIAL 167<br />

naturellement aller se plaindre B son pbe qui se trouve habiter le m&me <strong>village</strong>. Au lieu de cela<br />

c'est B la vieille Vaaj, la tante de Neej Tsu, notable <strong>du</strong> clan de son mari, les Tmg, qu'elle est venue<br />

conter l'affaire. Vaaj, solide veuve de 60 ans, la console de son mieux. Le lendemain aprks-midi<br />

elle ira attendre Npuag Neeb sur le chemin au retour <strong>du</strong> ray. ElIe lui parlera strieusement. I1 n'y aura<br />

pas de procbs.<br />

Comme on peut le voir par cet exemple, la solidaritd <strong>village</strong>oise tvite souvent que les choses<br />

empirent entre les tpoux. C'est le devoir des ressortissants des deux clans, celui <strong>du</strong> mari et celui de<br />

la femme, d'apaiser les conflits et d'aider le mCnage en difficult&<br />

La situation se complique lorsque la femme se trouve non pas maitresse de maison chez elle,<br />

mais bru, nyaab, dans la maison des parents de son mari (5). Elle est alors dans la dtpendance absolue<br />

de son beau-pbre et de sa belle-mkre qui peuvent Iui rendre la vie impossible. La bru est touiours<br />

la premikre levee, celle qui, au premier chant <strong>du</strong> coq, va raviver les feux et commence B dkcortiquer<br />

le riz au pilon. Toutes ses actions, et celles de son mari, sont subordonntes aux inttrets <strong>du</strong> maitre<br />

et de la maitresse de maison qui lui font faire le <strong>du</strong>r apprentissage de la discipline & I'intCrieur de la<br />

grande maisonnte. Son seul recours est de dtcider son mari B c sortir de la maison B nqeg tsev. Mais<br />

<strong>un</strong> acte de cette importance demande <strong>un</strong>e certaine maturitk, c'est pourquoi on trouve rarement des<br />

couples trks je<strong>un</strong>es vivant en famille conjugale.<br />

A difaut de se IibCrer de la collectivitC, il lui faut se sournettre, s'enfuir ou mourir. La menace<br />

de suicide est souvent brandie par les femmes au cours des scknes coniugales. I1 arrive qu'elle soit<br />

extcutte. Le 22 juin 1966 la femme de Thoob, <strong>un</strong> orphelin recueilli par son oncle Xaiv Tooj,<br />

disparaissait dans les rays aprh avoir annonce qu'elle allait chercher de I'eau. Elle avait eu <strong>un</strong><br />

diffkrent avec son mari quelques jours plus t6t et avait annonce son intention de manger de I'opium.<br />

On devait la retrouver pen<strong>du</strong>e par son turban B <strong>un</strong> arbre, cinq jours aprks sa disparition.<br />

Naturellement la plupart des beaux-parents Cvitent d'entrer en conffit avec leur bru. Les femmes<br />

de la maison, belle-mkre, belles-scleurs, autres brus, s'efforcent d'accueillir la nouvelle venue et de<br />

l'initier sans heurt aux divers travaux domestiques. En fait tout dtpend de sa propre aptitude<br />

B s7intCgrer dans la collectivitt en montrant sa bonne volontC dans les tiches comm<strong>un</strong>es. L'indivi-<br />

<strong>du</strong>aliste, la paresseuse, I'Ctourdie sont impitoyablement brimkes.<br />

Cette C<strong>du</strong>cation sCvbre s'explique en partie par la je<strong>un</strong>esse des je<strong>un</strong>es filles qui se marient<br />

(14-15 ans). Elles sont encore des petites ales au lendemain de leur noce. Les beaux-parents prennent<br />

en m&n <strong>un</strong>e partie nCgligCe de 1'6<strong>du</strong>cation des ales : les devoirs B I'intCrieur de la maison. En effet les<br />

mkres, qui savent bien ce qui attend leur fille dans le manage, leur laissent jusqu'h ce jour <strong>un</strong>e grande<br />

libertk. Et c'est ce contraste surtout, sans transition, qui rend si pCnible les premiers mois de la<br />

vie de bru.<br />

Chaque femme, B mesure que ses enfants ont grandi, est appelte B devenir B la fois m2re d'<strong>un</strong>e<br />

fille qui quitte la maison et belle-m2re d'<strong>un</strong>e fille qui entre dans la maison. Pour I'<strong>un</strong>e, elle n'aura<br />

que regret et apprbhension, tandis que les coutumes et les ntcessitks de la vie en comm<strong>un</strong> la porteront<br />

B <strong>un</strong>e plus grande sCvCritC pour I'autre. Ce double r61e illustre parfaitement la position de la femme<br />

dans la famille <strong>hmong</strong>. Venue <strong>du</strong> dehors eIIe reqoit la <strong>du</strong>re formation des brus aux modes de vie<br />

propres B la maison qui I'a prise en charge. C'est B elle d'acquerir les coutumes, les penstes, le sens<br />

moral de son entourage. Lorsque, le moment venu avec l'%ge, elle doit se sCparer de ses filles, elle<br />

retrouve dans son angoisse tous les tourments qu'elle a, par le passe, vCcus. Mise en presence d'<strong>un</strong>e<br />

trks je<strong>un</strong>e fille toute nayve, intro<strong>du</strong>ite dans la maisonnte, elle exerce en retour la mCme skvtritt qui<br />

s'exerqa jadis contre elle ...<br />

(5) Cette situation est <strong>un</strong> thhme r€current des chansons de je<strong>un</strong>es filles. On dit : Txrrj kev 14n Izias nynnh<br />

u le destin de bru chez les autres B.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!