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un village hmong vert du haut laos

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grande toltrance, a juste titre, car ce n'est que trop souvent la seule pro<strong>du</strong>ction des paysans <strong>hmong</strong><br />

qui puisse etre ven<strong>du</strong>e, donc procurer le minimum d'argent nCcessaire aux achats a l'extkrieur <strong>du</strong><br />

<strong>village</strong>. Pour ceux de Pha-Hok, en dehors <strong>du</strong> troc qu'ils peuvent faire avec les colporteurs qui passent<br />

par le <strong>village</strong>, il reste souvent d'assez importantes quantitts d'opium i Ccouler h l'exttrieur. Les<br />

<strong>village</strong>ois ne sont jamais prolixes de dCtails sur la faqon dont ils Ccoulent leur opium. I1 est bien difficile<br />

de reconstruire tous les circuits. Certains collecteurs Chinois viennent de Pha-Khong, dans la province<br />

de Louang Phrabang. A Saiyaboury, il est difficile de suivre les transactions qui nk se font jamais au<br />

grand jour. Le principal collecteur en opium, X., honorable commerGant de la place, a des agents<br />

dans chac<strong>un</strong> des <strong>village</strong>s qui l'inttressent. Ainsi, A Pha-Hok, Y. est le principal intermkdiaire des<br />

collecteurs d'opium. 11 est souvent assist6 par Z., ancien chef <strong>du</strong> <strong>village</strong>. Une autre partie de l'opium est<br />

con<strong>du</strong>ite jusqu'8 Louang Phrabang par les pro<strong>du</strong>cteurs eux-mCmes. Mais vendre son opium en ville<br />

tout seul n'est pas toujours facile. Seule Vientiane possgde assez de fumeries pour qu'<strong>un</strong> paysan faisant<br />

<strong>du</strong> porte a porte (portes qu'on lui a indiqutes, il va sans dire) puisse vendre sa marchandise. Et encore,<br />

il arrive que les prix soient plus bas que dans son <strong>village</strong>.<br />

C'est pourquoi, les gros pro<strong>du</strong>cteurs ne sont pas press& de vendre leur opium. 11s attendent<br />

que les prix s'tlkvent a mesure qu'on s'tloigne <strong>du</strong> temps de la rtcolte. Une once d'opium valant<br />

600 kips en ftvrier-mars, sera ven<strong>du</strong>e dans le mCme <strong>village</strong> 900 kips en dkcembre-janvier de la mCme<br />

annte. La rtcolte s'accumule dans de grands sacs en jute pen<strong>du</strong>s dans la chambre <strong>du</strong> maitre de maison.<br />

Si on ne l'a'pas ven<strong>du</strong> dans l'annte l'opium vieilli jouit d'<strong>un</strong> prestige supirieur, les fumeurs le prtfkrent.<br />

On peut le garder ainsi 3 a 4 ans et en tirer <strong>un</strong> binifice substanciel.<br />

Le commerGant chez les Hmong ttait a l'origine <strong>un</strong> Chinois. On retrouve sa trace dans tous les<br />

mots ayant trait au commerce : a cher D kim kim, <strong>du</strong> chinois kouei, a bon march6 w pheej yig, <strong>du</strong><br />

chinois p'ien yi et surtout le couple antonyme, mum a acheter w, muag a vendre w, mai/mai en chinois.<br />

11s sont parfois doublCs de mots <strong>hmong</strong>, comme yuav qui signifie aussi a acheter B. Dans les transac-<br />

tions on trouve deux possibilitb, a Cchanger w pauv, on dit parfois &changer de l'argent B, pauv nyaj<br />

(contre <strong>un</strong>e denrte tvidemment donc a vendre B), et a payer w, them nyaj.<br />

La guerre civile laotienne a certainement beaucoup restreint la circulation des colporteurs<br />

chinois ou lao, sinon on les verrait comme en Thailande aller s'installer dans les <strong>village</strong>s <strong>hmong</strong>, soit<br />

d'<strong>un</strong>e faqon permanente, en prenant des femmes <strong>hmong</strong>, soit temporairement au moment de la rtcolte<br />

de l'opium. Cependant, malgrt l'apport certain de l'influence chinoise en ce domaine, les paysans<br />

<strong>hmong</strong> se rtvhlent tout aussi capables. I1 s'agit d'<strong>un</strong>e forme ClCmentaire de commerce, <strong>un</strong> va-et-vient<br />

de colporteur achetant ici <strong>un</strong>e chose pour la vendre 18. Le capital de base est fourni par la rtcolte<br />

d'opium. Au point de vue psychologique, il semble que le commerce reprtsente pour les Hmong,<br />

comme pour les Chinois ou pour les Yao, <strong>un</strong>e voie normale d'ascension sociale pour <strong>un</strong> paysan (I1).<br />

I1 est souvent l'apanage des chefs de <strong>village</strong> qui y trouvent <strong>un</strong>e source supplkmentaire d'enrichissement,<br />

donc la confirmation de leur statut social.<br />

A Pha-Hok, ceux qui font <strong>du</strong> commerce d'<strong>un</strong>e faqon permanente, sans avoir pour autant aban-<br />

donnC leurs activitCs agricoles se situent tous parmi les anciens. I1 faut compter aussi cew qui sont des-<br />

cen<strong>du</strong>s s'ttablir B Nala, abandonnant toute activitt agricole, pour se consacrer <strong>un</strong>iquement au commerce.<br />

L'abandon de l'agriculture pour l'ttat de commerqant i demeure reste pour beaucoup <strong>un</strong> idCal de vie.<br />

Peu avant notre depart <strong>du</strong> <strong>village</strong> Neej Tsu exprimait le dtsir de quitter dtfinitivement le <strong>village</strong> pour<br />

aller slCtablir 2 Nala.<br />

Les voies commerciales sont intimement likes 2 l'organisation politique. Lorsque nous sommes<br />

arrivts pour la premikre fois a Pha-Hok, le chef de <strong>village</strong> connu de la prtfecture provinciale de<br />

Saiyaboury ttait Y., en rtalitt le principal collecteur d'opium <strong>du</strong> <strong>village</strong>. L'autoritC effective Ctait<br />

(11) Notons que la hitrarchie normative des classes sociales Ctablie par les empereurs Han puis Tang mettaient<br />

le commerGant au-dessous <strong>du</strong> paysan, au dernier rang de la sociCt6.

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