Kunstbulletin Juli/August 2023
Unsere Juli/August Ausgabe für 2023 mit Beiträgen zu Doris Salcedo, Franz Hohler, Reena SainiKallat, Reto Müller, uvm. Unsere Juli/August Ausgabe für 2023 mit Beiträgen zu Doris Salcedo, Franz Hohler, Reena SainiKallat, Reto Müller, uvm.
Le MAMCO invite la lauréate du Prix Culturel Manor de Genève, Lou Masduraud, à investir une salle dont les larges fenêtres s’ouvrent sur la ville, sa source d’inspiration. Les pièces affleurent le sol et les murs, embarquent le regard vers des espaces cachés ou soulignent le passage de l’eau. L’artiste est fascinée par les systèmes de circulation. Nadia El Beblawi Le Prix Culturel Manor 2023 a récompensé sept jeunes talents dont deux Romandes, Aurélie Strumans (Valais) et Lou Masduraud (Genève). Pour la genevoise, c’est l’occasion de concevoir une première exposition personnelle dans une institution et de dévoiler une pratique singulière. À contrario du white cube, elle a préféré une surface ouverte sur l’extérieur. Le voisinage et la rue s’invitent ainsi dans l’espace d’exposition. C’est que l’artiste a une prédilection pour les zones de passage, de transition d’un endroit à un autre. Des lieux de circulation où peuvent s’engager des jeux d’observation, comme ces deux percées qui laissent entrevoir les cimaises des salles alentours. Allusion aussi au MAMCO qui utilise la cage d’escaliers pour exposer des œuvres. Lou Masduraud travaille par séries, des intérêts qui la tiennent dans le temps et qu’elle module selon les contextes. Inspirée par les réseaux de nos villes liés aux activités humaines, elle interroge nos comportements urbains et les inégalités qui en découlent. Ses dispositifs pointent des normes sociétales, s’attachent aux interstices, aux espaces cachés et pourtant essentiels au vivre ensemble. Les pièces prennent des configurations singulières, se révèlent délicates et filiformes dans la série des ‹Cabinets de contorsion›, sorte de squelette désarticulé dans sa version ‹Danse macabre›, 2022, présentée au Grütli, affublé de plumes et de filaments métalliques s’entortillant en notes de musique ou développant des tiges de fleurs. Des plans d’évasion Les installations spécifiques interrogent l’histoire d’un lieu, ses normes et ses fantasmes. À Mayday à Bâle ‹Wet Man›, 2022, s’insère dans un ancien vestiaire de dockers. L’artiste développe toute une machinerie de douches, un système où l’eau s’égoutte, se transvase d’un baril à un autre, mouille des maillots de corps et un torse en céramique. L’œuvre est protéiforme. Elle poursuit une prise de conscience de ce qui nous régit tout en laissant une place à l’imaginaire. L’intervention de réverbères publics participe à cette réflexion. En effet, l’éclairage des villes est révélateur de nos modes de vie nocturne au fil de l’histoire. L’agencement des dispositifs et la colométrie lumineuse témoignent de la gestion de nos comportements et d’une certaine inégalité. Un aspect que Lou Masduraud aborde dans cette exposition en détournant un réverbère, plaçant la tête à l’envers et utilisant un bras arqué. L’idée de renversement domine ce travail. Un geste particulièrement fort dans la série des soupiraux. Ces ouvertures pratiquées en bas des bâtiments pour donner un peu d’air et de lumière en sous-sol inspirent des ‹Plans d’évasion› que l’artiste FOKUS // LOU MASDURAUD 71
entame dès 2019. Les deux soupiraux exposés au MAMCO sont pour la première fois à échelle humaine, une façon d’instaurer une dimension sculpturale tout en plaçant le visiteur dans une situation à la limite de la réalité et de la fiction. Au-delà de la symbolique de ce qui peut être observé sans être vu, cette série s’appuie sur une réflexion formelle. Les grilles moulées en bronze à l’aide d’un four maçonné par l’artiste portent les traces du processus de fabrication. Le développement de ses propres outils de production et l’acquisition de savoir-faire artisanaux sont des gestes autant économiques que politiques. Une autonomie de production acquise tout en exerçant pour l’occasion le métier de fondeur, largement associé au genre masculin. Les sculptures produites dans ce contexte ont des formes et une matérialité irrégulière Lou Masduraud (*1990, Montpellier) vit à Genève 2009–2012 DNAP, Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon 2012–2014 Master Fine Arts, HEAD Genève Expositions personnelles (sélection) 2022 ‹Parallels›, CAN, Neuchâtel ; ‹Wet Men›, Mayday, Bâle ; ‹Cabinets de contorsion (danse macabre)›, Art au Centre, Maison des arts du Grütli 2021 ‹Systm soupir›, La Maison Populaire, Montreuil Expositions collectives (sélection) 2023 ‹Biennale Sol!›, MO.CO., Montpellier ; ‹Antéfutur›, CAPC Bordeaux ; ‹Hannah Villiger – Amaze Me›, Muzeum Susch 2021 ‹Les flammes›, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris ; ‹Kiefer Hablitzel | Göhner Kunstpreis›, Kunsthaus Langenthal Lou Masduraud · Plan d’évasion (Lady Godiva), 2021, céramique émaillée, textile, 30 x 67 x 9 cm, CAN Neuchâtel, Courtesy FRAC-Artothèque Nouvelle-Aquitaine. Photo : Sébastien Verdon 72 Kunstbulletin 7-8/2023
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Le MAMCO invite la lauréate du Prix Culturel Manor de Genève,<br />
Lou Masduraud, à investir une salle dont les larges fenêtres<br />
s’ouvrent sur la ville, sa source d’inspiration. Les pièces affleurent<br />
le sol et les murs, embarquent le regard vers des espaces cachés<br />
ou soulignent le passage de l’eau. L’artiste est fascinée par les<br />
systèmes de circulation. Nadia El Beblawi<br />
Le Prix Culturel Manor <strong>2023</strong> a récompensé sept jeunes talents dont deux Romandes,<br />
Aurélie Strumans (Valais) et Lou Masduraud (Genève). Pour la genevoise, c’est l’occasion<br />
de concevoir une première exposition personnelle dans une institution et de dévoiler<br />
une pratique singulière. À contrario du white cube, elle a préféré une surface ouverte<br />
sur l’extérieur. Le voisinage et la rue s’invitent ainsi dans l’espace d’exposition.<br />
C’est que l’artiste a une prédilection pour les zones de passage, de transition d’un<br />
endroit à un autre. Des lieux de circulation où peuvent s’engager des jeux d’observation,<br />
comme ces deux percées qui laissent entrevoir les cimaises des salles alentours.<br />
Allusion aussi au MAMCO qui utilise la cage d’escaliers pour exposer des œuvres.<br />
Lou Masduraud travaille par séries, des intérêts qui la tiennent dans le temps<br />
et qu’elle module selon les contextes. Inspirée par les réseaux de nos villes liés aux<br />
activités humaines, elle interroge nos comportements urbains et les inégalités qui<br />
en découlent. Ses dispositifs pointent des normes sociétales, s’attachent aux interstices,<br />
aux espaces cachés et pourtant essentiels au vivre ensemble. Les pièces<br />
prennent des configurations singulières, se révèlent délicates et filiformes dans la<br />
série des ‹Cabinets de contorsion›, sorte de squelette désarticulé dans sa version<br />
‹Danse macabre›, 2022, présentée au Grütli, affublé de plumes et de filaments métalliques<br />
s’entortillant en notes de musique ou développant des tiges de fleurs.<br />
Des plans d’évasion<br />
Les installations spécifiques interrogent l’histoire d’un lieu, ses normes et ses<br />
fantasmes. À Mayday à Bâle ‹Wet Man›, 2022, s’insère dans un ancien vestiaire de<br />
dockers. L’artiste développe toute une machinerie de douches, un système où l’eau<br />
s’égoutte, se transvase d’un baril à un autre, mouille des maillots de corps et un torse<br />
en céramique. L’œuvre est protéiforme. Elle poursuit une prise de conscience de ce<br />
qui nous régit tout en laissant une place à l’imaginaire. L’intervention de réverbères<br />
publics participe à cette réflexion. En effet, l’éclairage des villes est révélateur de<br />
nos modes de vie nocturne au fil de l’histoire. L’agencement des dispositifs et la colométrie<br />
lumineuse témoignent de la gestion de nos comportements et d’une certaine<br />
inégalité. Un aspect que Lou Masduraud aborde dans cette exposition en détournant<br />
un réverbère, plaçant la tête à l’envers et utilisant un bras arqué.<br />
L’idée de renversement domine ce travail. Un geste particulièrement fort dans la<br />
série des soupiraux. Ces ouvertures pratiquées en bas des bâtiments pour donner<br />
un peu d’air et de lumière en sous-sol inspirent des ‹Plans d’évasion› que l’artiste<br />
FOKUS // LOU MASDURAUD<br />
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