Daumier, peintre et lithographe - Histoire et Patrimoine du Vexin

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de Paris, tout concourait à y attirer les artistes et les écrivains, tous
ceux qui, pour créer, ont besoin de repos, de silence et de rêve.
Au l.'i (lu quai d'Anjou, vivaient alors ensemble Daubigny,
Trimolct le caricaturiste, qui était aussi un peintre de talent, GcofTroy-
Dccbaume et Steinhcil, le sculpteur et le peintre-verrier, qui collaborèrent
patiemment à la restauration de nos cathédrales. L'hôtel Lauzun
abritait, avec Théophile Gautier et Baudelaire, le célèbre club des
flaschischins dont la préface des Fleurs du Mal nous donne une si
piltorescjuc description et qui insjiira à Daumier une planche des
Beaux jours de la vie. Chose peut surprenante, l'un des deux Fumeurs
de hadchiss { 1 ) ressemble étrangement à Baudelaire :
— Ah ! quel plaisir orienlal, dit-il, je commence à éprouver... Il
me semble que je trotte .sur un chameau...
A quoi l'autre répond — : Et moi, je crois recevoir une bastonnade.
Le statuaire Michel Pascal était logé, lui aussi, chez la Grande
Mademoiselle — Michel Pascal dont le beau médaillon de Daumier
inspira à Baudelaire ces octosyllabes :
Celui dont nous t'ofTrons l'image,
Et dont l'art, sutjtil entre tous,
Nous enseigne à rire de nous,
Celui-là, lecteur est un sage.
C'est un satirique, un moqueur ;
Mais l'énergie avec laquelle
Il peint le Mal et sa séquelle
Prouve la beauté de son cœur.
Son rire n'est pas la grimace
De Melmoth ou de Méphisto
Sous la torche de l'Alecto
Qui les brûle, mais qui nous glace :
Leur rire hélas ! de la gaîté
N'est que la douloureuse charge ;
Le sien rayonne, franc et large,
Comme un signe de sa bonté !
Corot, Delacroix, Théodore Rousseau, Jules Dupré venaient
visiter souvent les colons de l'île Saint-Louis, où gîtaient encore Antonin
Moine, Feuchères, Antigna, Billotte, Wagrez, Norblin, Roger de
Beauvoir, et l'élégant et facétieux Boissard, qui logea à l'hôtel
Lambert, avant de s'installer chez Lauzun, Boissard, l'amant de la
(1) 13 Septembre 1845.