Daumier, peintre et lithographe - Histoire et Patrimoine du Vexin
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encore dans la famille GeofTroy-Dechaume une curieuse scène pari-<br />
sienne. Un homme j<strong>et</strong>ant son chien à l'eau, considérée comme la<br />
première œuvre im])orlante, peinte par Daumicr.<br />
Quoiqu'il en soit, la passion de la peinture n'apparut vraiment<br />
chez <strong>Daumier</strong> qu'en 1(S1(S. La Républi([ue, dont Lamartine dirij^eait<br />
les jeunes destinées, prétendait faire beaucouj) en faveur des artistes.<br />
L'ami Jeanron, l'homme des conspirations <strong>et</strong> des barricades, était<br />
devenu directeur de nos musées nationaux, où il intro<strong>du</strong>isit, d'ailleurs,<br />
(rheurenses réformes. Dccamps présidait le comité de la section de<br />
peinture qui tenait ses assises à l'Ecole des Beaux-Arts <strong>et</strong> invitait<br />
<strong>Daumier</strong> à y prendre part. Une année auparavant, celui-ci n'avait-il<br />
pas formé avec le même Decamps, avec Ary SchclTer, Dupré, Dela-<br />
croix, Barye, Rousseau, .Teanron <strong>et</strong> Charles Jacque une association<br />
pour constituer un Salon lil)re, association que la République de 1848<br />
rendit sans obj<strong>et</strong>.<br />
Les journées de Février avaient éveillé dans le pays un grand<br />
souffle d'espérance. Vn instant, la fraternité des hommes <strong>et</strong> des<br />
peuples ne fut pas un vain mot. On voulut éterniser le visage de c<strong>et</strong>te<br />
République éphémère. Un concours fut ouvert entre tous les artistes<br />
français pour symlioliser la Libératrice :<br />
« Un instant, nous conte M. Riat, UourJK^t eut l'idée de concourir<br />
pour l'esquisse <strong>du</strong> ta])lcau de la République, destiné à remplacer le<br />
j)ortrait de Louis-Philippe. Mais il y renonça <strong>et</strong>, en compagnie de<br />
Bonvin, alla trouver <strong>Daumier</strong> dans l'île Saint-Louis, pour lui témoi-<br />
gner son admiration <strong>et</strong> l'engager à prendre part à ce concours.<br />
<strong>Daumier</strong> se rangea à c<strong>et</strong> avis, mais il n'eut pas le prix (1).<br />
<strong>Daumier</strong> envoya une esquisse robuste <strong>et</strong> hardie. Une Marianne<br />
géante, demi-nue, aux rudes cheveux épars sous le bonn<strong>et</strong> phrygien,<br />
ollrait ses lourdes mamelles à deux ouvriers-nourrissons. D'une main,<br />
elle serrait fortement les trois couleurs révolutionnaires; de l'autre,<br />
avec un geste puissant <strong>et</strong> doux, elle r<strong>et</strong>enait l'un de ses enfants. A ses<br />
pieds, accrou])i dans l'ombre de sa robe aux plis sculpturaux, un autre<br />
enfant lisait.<br />
A vrai dire, <strong>Daumier</strong> n'exposa jamais que l'esquisse, aujourd'hui<br />
per<strong>du</strong>e, de celte République, esquisse qui, au témoignage de Champ-<br />
(1; G. Hiat, Courb<strong>et</strong>. Floury, éditeur.