Daumier, peintre et lithographe - Histoire et Patrimoine du Vexin

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Les Aindk'iiis d'Ali, qui scrvircnl de thème à un ^rand nombre de
peintures de Dauuiicr, nous rendent à la vie moderne. Dans \esCiirieiix
d'estampes de laneienne eollection Jules Strauss, nous trouvons —
chose rare, nous l'avons vu, dans Tdnivre tie l'artiste une délicieuse
silhouette de lenime mince, menue sous le bibi, en dépit du renllement
de la crinoline sous le chàle. Une coulée de lumière blonde l'enve-
loppe, la dore, tandis (|ue le jeune homme qui l'accompagne, l'ouvrier,
la vieille femme et le ijiavroche qui lance un coup d'd'il rapide aux
estampes accrochées, n'apparaissent que dans la pénombre calcinée du
contre-soleil.
U.omme les Hollandais, Daumier pense que ces scènes familières
sont dignes de son pinceau, du moment qu'elles lui offrent des types
caractérisés d'humanité, des efTets d'éclairage ou d'atmosphère.
Lui-même s'est représenté dans le tableau vendu avec la collection
Georges Feydeau. Voici, dans le jour frisant, son nez an vent, son front
vaste, sa chevelure fine et déjà blanchie, sa taille haute. Près de lui,
deux amateurs, l'un de dos, l'antre, très correctement vêtu, le chapeau
sur la tête, - l'amateur homme du monde, — tous trois regardent avec
un grand intérêt les tableaux qui couvrent les murs de la galerie. Près
de l'amateur mondain, une statuette, vivement éclairée, semble palpi-
ter. L'harmonie est parfaite entre la couleur sobre et les attitudes
simples et réfléchies. Nous sommes bien entre gens de bonne compa-
gnie, dans un milieu d'art.
« INIais le plus souvent, fait remarquer M. Henry Marcel, Daumier
heurte davantage, finit moins, laisse à dessein à son œuvre un peu d'in-
déterminé, qui donne de l'ampleur aux formes et de la liberté aux
mouvements. Il fait volontiers de la lumière avec de l'ombre, dégradant
ou contrastant les valeurs, à la manière des Hollandais et de Decamps.
Il affectionne les tons chauds et sourds, les roux, les bruns, les verts
d'émail, sur lesquels éclate parfois un jaune ou un bleu vif. Il lui arrive
de les modeler avec la hampe du pinceau, y traçant des sillons, y lais-
sant des épaisseurs où s'accroche la lumière ; il use peu des glacis, qui
amollissent les accents de la forme. Ses noirs sont d'une qualité admi-
rable ; jamais minces ni plats, ne faisant point trou, ils ont en eux on
ne sait quelle ardeur secrète, comme de roux et d'ors sous-jacents. Ce
métier, cette palette conviennent à merveille à ses sujets : les êtres