Daumier, peintre et lithographe - Histoire et Patrimoine du Vexin

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Madier de Montjau en jocrisse; refîrayant Podnas aux petits yeux por-
cins, comiquement engoncé dans sa cravate.
Cet échalas clignotant dans un hal)it trop vaste, c'est Royer-
Collard. Nous le retrouverons au Bal de la Cour, travesti en vieille
marquise de l'ancien régime, profilant sous une mantille noire son
masque de douairière, et trébuchant dans ses grands paniers.
Le docteur Prunelle, maire de Lyon, le thérapeute de Madame
de Chateaubriand, a les cheveux en broussaille, les épaules larges,
les poings carrés, la mine vulgaire et soupçonneuse. Son œil pétille
sournoisement, M. de Kératry fait des ronds-de-jambe, plie l'échiné,
met une main sur son cœur et, dans un sourire, découvre des dents
de rongeur !
Absorbé, l'amiral de Rigny, mal d'aplomb sur des jambes qui
tanguent, semble flairer d'où vient le vent.
Ce Barthe, « avocat louche qui, ennuyé d'être toujours carbonaro
sans devenir consul d'une république s'est métamorphosé séïde d'une
roA'auté pour être ministre d'une monarchie » (1), Daumier nous le
montre bedonnant piteusement dans son pantalon déformé.
Sur son « banc de douleur », voici Guizot ; cette fois, nous avons
affaire à un très beau portrait sérieux, pensif, et nullement à une
charge. Le modèle du visage est d'une solidité définitive. De ce nez
busqué, de cette lèvre supérieure fortement avancée, se dégagent une
mélancolie profonde, de la tristesse, presque de l'affaissement, mais
aussi une incontesta])le beauté morale. Toujours, d'ailleurs, Daumier
respectera Guizot, et ses charges ne tenteront jamais de ridiculiser le
grand doctrinaire.
Cependant, pour se vouer plus spécialement au portrait, Daumier
ne renonce point à la caricature d'actualité. Qui ne connaît le geste
très humain en somme du maréchal Lobau, dispersant l'émeute, en
faisant jouer les pompes à incendie ? C'en fut assez pour que ce vieux
guerrier servît de plastron aux sarcasmes de l'opposition républicaine.
Dès lors, il n'est plus de charge du maréchal Lobau, où l'on ne
le représente, accoutré à la façon des apothicaires de Molière. Dans
le cortège du Prince Lancelot de Tricanule (ainsi fut surnommé et
(1) Le Riuarol de JS42. Dictionnaire satirique des célébrités contemporaines, par Fortunatus,
1842.