Daumier, peintre et lithographe - Histoire et Patrimoine du Vexin

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que fui mise à jour riiislorielle, si joliment contée \mv Banville.
« La sobriété de Daumier était connue et proverbiale », rapporte
le poète des Odes fimamhiilcsqiics ; aussi ne faut-il considérer que
comme une fantaisie des plus infidèles, celte peinture vivement brossée
par Gavarni, dans un bistingo d'Auteuil, pour la grande joie des
Goncourt :
« Il (Gavarni) nous fait un drolatique tableau de l'inlérieur de
Daumier, l'artiste, le grand artiste, nous dit-il, le plus indiiTércnt au
succès de son œuvre, qu'il ail rencontré dans sa vie. Une immense
pièce où, autour d'un poêle de fonte, chaufîé à blanc, des hommes
étaient assis à terre, chacun ayant à sa portée un litre auquel il buvait
à même, et, dans un coin, une table portant, dans le désordre le plus
effroyable, un entassement et un amoncellement de choses lithogra-
phiques, et dans un autre coin, le groom et le rapin tout à la fois du
dessinateur, choiimaquant et recarrelant de vieux souliers (1) ».
Un tel tableau n'est, d'ailleurs, pas plus véridique que ce mot
cocasse, également attribué à Daumier par les Goncourt:
« Un beau mot dit à Leroy par Daumier un peu émêché, en
sortant d'une soirée chez Boissard, à l'hôtel Pimodan :
— Ah! comme j'ai vieilli; autrefois, les rues étaient trop étroites,
je battais les deux murs... Maintenant, c'est à peine si j'accroche un
volet (2) ».
Nous avons vu combien les haines politiques d'Honoré Daumier
furent profondes et vivaces. Il ne faudrait pas pourtant s'imaginer
l'auteur iVEnfoncé, Lafaijette ! sous les traits d'un polémiste farouche
et virulent. Tout au contraire, ce qui ne cessa de caractériser l'homme,
c'est la sérénité, la bonhomie, lesquelles n'excluaient nullement en
lui l'ardeur juvénile des convictions, l'horreur de l'injustice, la foi en
un idéal libérateur.
(^ette qualité de sentiments qu'on rencontre chez Daumier,
Duranty l'a fort judicieusement mis en lumière :
« Il faut s'entendre sur la bonhomie de Daumier et faire deux
parts dans son esprit: celle de cette bonhomie, et il la mettait dans ses
planches de mœurs, dans les scènes de la vie ordinaire ; celle de la
(1) Goncourt (Journal des), année 1856. Fasquelle éditeur.
(2) Concourt (Journal des), année 1853. Fasquelle éditeur.