Daumier, peintre et lithographe - Histoire et Patrimoine du Vexin

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Philipon lançait ses artistes dans la mêlée. Daumier, d'ailleurs,
n'avait nul besoin d'être stimulé. Son crayon se faisait de jour en
jour plus âpre et plus violent.
Ayant tympanisé les pairs, il s'attaque à la Pairie. Celle vieille
proxénète, coifTée d'un chapeau de conventionnel et veillant sur des
sacs d'or, dont l'un porte le nom de Ney, c'est Marie-Louise-Charlotte-
Philippine Pairie, fille soumise et patenlée par la police. Au-dessous
« Quand
d'une autre planche (1), ce proverbe en guise de légende :
le diable est vieux il se fait ermite ». Sur un crucifix, la République,
les bras en croix. A ses pieds, deux bizarres pénitents, très roman-
tiques, très sataniques, échappés, semble-t-il, de Robert le Diable :
à droite, un Talleyrand cornu, travesti en nonne, la taille ceinte d'une
corde d'où pendent en guise de rosaire une couronne royale, une
mître, un aigle, une tleur de lys, une poire ; à gauche, Louis-Philippe,
tête basse sous la capuce, se frappe la poitrine de la dextre et de la
gauche tient un louis qu'il considère avec l'avide méfiance d'un
avare.
Ici, nous recueillons sous la plume de Philipon (sans doute
l'auteur de la légende) ce mot de foutriquet que, bien après la Cari-
cature, les Communards substitueront au nom d'Adolphe Thiers.
Accompagnant la France, qui succombe sous la hotte budgétaire, le
petit Thiers, « grand homme de la hauteur d'un sifflet (2) » ofïre au
souverain un pot de fleurs, douze cent mille francs de fonds secrets
et lui débite un compliment :
De tes liumbles foiilriqiiets
Reçois, le jour de ta fête,
Ces deux modestes bouquets
Que leur dévouement t'apprête.
Ils te plairont, car le peuple français
Seul en a fait tous les frais (3).
Là, le Napoléon de la paix (4) (un bien beau surnom après tout
et que les combattants de la Grande Guerre ne trouvent pas si ridicule !).
(1) 26 Mars 1835.
(2) Le Kiuarol de 1842.
(3) 30 Avril 1835.
(4) 3 Mai 1835.