03.07.2013 Views

Daumier, peintre et lithographe - Histoire et Patrimoine du Vexin

Daumier, peintre et lithographe - Histoire et Patrimoine du Vexin

Daumier, peintre et lithographe - Histoire et Patrimoine du Vexin

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

54<br />

clair, en outre de la p<strong>et</strong>ite lal)le sur laquelle Dauniier travaillait à ses<br />

pierres (1) ».<br />

L'appartement j)r()premenl dit de Dauniier, occupé aujourd'luii<br />

par M. Régereau, Ini-nième artiste de talent, n'a pour ainsi dire pas<br />

été modilié. Au début de ce siècle, M. (iustave GefTroy en a fait une<br />

description, dont il serait vain de tenter d'égaler la précision <strong>et</strong> la<br />

couleur :<br />

« Je monte l'escalier d'une maison <strong>du</strong> quai d'Anjou — vieille<br />

maison comme toutes celles qui l'avoisinent, placée entre ces deux<br />

beautés historiques de Paris, riiàtel Lauzun <strong>et</strong> l'hôtel Lambert —<br />

vieil escalier aux paliers carrelés de briques, à la rampe de bois<br />

épaisse taillée en pleines bûches. Me voici tout en haut, l'ascension<br />

semble finie. Non, encore un étroit escalier, une échelle de meunier,<br />

une p<strong>et</strong>ite porte peinte en jaune. Après le cordial accueil <strong>du</strong> maître<br />

<strong>du</strong> logis, je regarde ce que l'on me montre: une vaste pièce qui tient<br />

toute la largeur de la maison <strong>et</strong> qui reçoit le jour, à droite par une<br />

fenêtre donnant sur les toits de l'île Saint-Louis, à gauche par une<br />

baie vitrée ouverte dans le plafond. Toujours à gauche, deux étroits<br />

ré<strong>du</strong>its éclairés, à la manière des tableaux hollandais qu'imitèrent de<br />

notre temps Bonvin <strong>et</strong> Meissonier, par une fenêtre à p<strong>et</strong>its carreaux.<br />

L'un de ces carreaux s'ouvre comme un vasistas, <strong>et</strong> c'est toute une<br />

vision charmante, à la fois mouvementée <strong>et</strong> ordonnée.<br />

On a sous les yeux le tournant <strong>du</strong> p<strong>et</strong>it bras de la Seine. Le fleuve,<br />

dont le large courant impétueux a été brisé par l'estacade, devient<br />

une paisible rivière de campagne, bordée d'arbres, avec une large<br />

grève. Elle coule en décrivant une belle courbe molle. Les lourds<br />

chalands dorment sur son eau verte. Une p<strong>et</strong>ite barque va <strong>et</strong> vient<br />

comme un bateau de passeur. Les chevaux que l'on baigne, solides<br />

bêtes de travail, émergent de l'eau en massives sculptures. Des enfants<br />

courent, jambes nues. Des femmes sont assises sur le sable. Des<br />

pêcheurs à la ligne sont immobiles. Des blanchisseuses, pliant sous<br />

le faix, montent les escaliers de pierre. Des ouvriers <strong>et</strong> des bourgeois,<br />

coude à coude, regardent les remous <strong>et</strong> les sillages. Tout cela, sur le<br />

fond de maisons blanches, rousses <strong>et</strong> grises, <strong>du</strong> quai des Célestins,<br />

(1) Théodore de Banville. Mes souvenirs. Charpentier-Fasquelle.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!