Daumier, peintre et lithographe - Histoire et Patrimoine du Vexin
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clair, en outre de la p<strong>et</strong>ite lal)le sur laquelle Dauniier travaillait à ses<br />
pierres (1) ».<br />
L'appartement j)r()premenl dit de Dauniier, occupé aujourd'luii<br />
par M. Régereau, Ini-nième artiste de talent, n'a pour ainsi dire pas<br />
été modilié. Au début de ce siècle, M. (iustave GefTroy en a fait une<br />
description, dont il serait vain de tenter d'égaler la précision <strong>et</strong> la<br />
couleur :<br />
« Je monte l'escalier d'une maison <strong>du</strong> quai d'Anjou — vieille<br />
maison comme toutes celles qui l'avoisinent, placée entre ces deux<br />
beautés historiques de Paris, riiàtel Lauzun <strong>et</strong> l'hôtel Lambert —<br />
vieil escalier aux paliers carrelés de briques, à la rampe de bois<br />
épaisse taillée en pleines bûches. Me voici tout en haut, l'ascension<br />
semble finie. Non, encore un étroit escalier, une échelle de meunier,<br />
une p<strong>et</strong>ite porte peinte en jaune. Après le cordial accueil <strong>du</strong> maître<br />
<strong>du</strong> logis, je regarde ce que l'on me montre: une vaste pièce qui tient<br />
toute la largeur de la maison <strong>et</strong> qui reçoit le jour, à droite par une<br />
fenêtre donnant sur les toits de l'île Saint-Louis, à gauche par une<br />
baie vitrée ouverte dans le plafond. Toujours à gauche, deux étroits<br />
ré<strong>du</strong>its éclairés, à la manière des tableaux hollandais qu'imitèrent de<br />
notre temps Bonvin <strong>et</strong> Meissonier, par une fenêtre à p<strong>et</strong>its carreaux.<br />
L'un de ces carreaux s'ouvre comme un vasistas, <strong>et</strong> c'est toute une<br />
vision charmante, à la fois mouvementée <strong>et</strong> ordonnée.<br />
On a sous les yeux le tournant <strong>du</strong> p<strong>et</strong>it bras de la Seine. Le fleuve,<br />
dont le large courant impétueux a été brisé par l'estacade, devient<br />
une paisible rivière de campagne, bordée d'arbres, avec une large<br />
grève. Elle coule en décrivant une belle courbe molle. Les lourds<br />
chalands dorment sur son eau verte. Une p<strong>et</strong>ite barque va <strong>et</strong> vient<br />
comme un bateau de passeur. Les chevaux que l'on baigne, solides<br />
bêtes de travail, émergent de l'eau en massives sculptures. Des enfants<br />
courent, jambes nues. Des femmes sont assises sur le sable. Des<br />
pêcheurs à la ligne sont immobiles. Des blanchisseuses, pliant sous<br />
le faix, montent les escaliers de pierre. Des ouvriers <strong>et</strong> des bourgeois,<br />
coude à coude, regardent les remous <strong>et</strong> les sillages. Tout cela, sur le<br />
fond de maisons blanches, rousses <strong>et</strong> grises, <strong>du</strong> quai des Célestins,<br />
(1) Théodore de Banville. Mes souvenirs. Charpentier-Fasquelle.