Daumier, peintre et lithographe - Histoire et Patrimoine du Vexin

colorée, ces pénombres mystérieuses et animées, n'en avons-nous pas
déjà admiré les transparences autour des Pèlerins (ÏEinmaiis, et cette
coulée de lumière qui tombe du lit vide sur le cadavre de l'homme
percé de coups, n'est-elle point la même qui éclaire la Leçon
d'Aimtomie ?
Cette lithographie ne parut pas dans la Caricature proprement
dite. Harcelé par le Parquet, Philipon, pour couvrir les amendes qui
pleuvaient sur son journal, avait eu l'idée de publier de grandes plan-
ches suj)plémentaires dont le recueil prit le nom d'Association Mensnelle
Lithographique. C'est dans cette série que fut mise en vente —
pour peu de temps, puisqu'elle fut saisie — la composition intitulée :
Rue Transnonain, le 15 avril 183^.
Comment fut accueillie cette lithographie par le grand public ?
Il suffira de dire qu'on fit queue galerie Véro-Dodat, devant les grands
magasins de la maison Aubert, pour en contempler l'horreur justicière,
A partir de ce jour, le nom d'Honoré Daumier fut populaire. Le jeune
artiste avait alors vingt-six ans.
Auparavant l'Association mensuelle avait publié déjà trois plan-
ches de Daumier. La première. Très hauts et puissants moutards et
moutardes légitimes, est sans grand intérêt; elle représente les princes
et princesses de la famille d'Orléans. Daumier n'excella jamais à
figurer, même en charge, les grâces de la jeunesse et de l'enfance. La
planche suivante : Ne
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vous y frottez pas ! témoigne au contraire, d'une
belle énergie. Coiffé du bonnet de papier, les manches retroussées,
les bras musclés, un typo vient de jeter bas à coups de poings, le
vieux Charles X, que consolent deux altesses couronnées. A distance
du robuste ouvrier qui lui lance un regard de défi, Louis-Philippe,
maintenu par Persil et Guizot, agite son parapluie. Le visage du révolté
est superbe de fureur et d'audace.
Plus admirable encore est la lithographie célèbre : Enfoncé,
Lafagette !
Au second plan, un peuple en deuil se presse respectueusement
autour du cortège funèbre, orné de drapeaux tricolores, qui conduit à
sa demeure dernière le héros des guerres d'Amérique. La curiosité
des femmes, le recueillement des hommes, tout est admiral)Icment
dépeint. Au loin, sur la droite, la colline du Père-La Chaise, noire de