Daumier, peintre et lithographe - Histoire et Patrimoine du Vexin

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Daiimier, qui avait alors déserté l'île Saint-Louis pour le boulevard
Rochecliouart, aecepta avec empressement.
Dans son numéro du 18 décembre 1«S()3, le Chariimri publiait la
note suivante, qui ne correspondait sans doute pas tout à l'ail à la réalité:
« Nous annonçons avec une salislaction qui sera partaij;ée j)ar tous nos
abonnés, que notre ancien collaborateur Daumier qui, depuis trois
ans, avait quitté la litbograpliie pour se consacrer exclusivement à la
peinture, s'est décidé à reprendre le crayon (|ui lui a valu tant de
succès. Nous donnons aujourd'liui, une première planclie de Daumier
et, à i)artir de ce jour, nous publierons, cliaque mois, six ou luiit
lithograjihies de ce dessinateur ([ui a le rare talent de l'aire, même de
ses caricatures, de véritables œuvres d'art. »
A l'occasion de sa rentrée au Charivdii, un fraternel banquet fut
oITert, cbez Champeaux, à Daumier, très ému, i)ar ses amis des lettres
et des arts. Ce jour-là, rexcellent honnne connut la griserie de se sentir
aimé par ses émules et ses rivaux.
Ses relations et ses amitiés s'étaient, d'ailleurs, étendues et accrues,
A Daubigny, Jules Dupré, Corot, (ieolïroy-Dechaume, .lean (iigoux,
Préault, Jeanron s'étaient joints Boulard, Meissonier, Carrier-I Rel-
ieuse, Carjat, chez lequel, un soir, en 18()«S, Daumier rencontra un
jeune avocat méridional, au verbe entraînant. Après avoir ri comme
un enfant à l'audition de la Lcurellc en paiwlol, d'Auguste de Cbàlil-
lon, le caricaturiste s'était entretenu longuement avec l'avocat qu'en-
touraient Laurier et Ranc, En partant, Daumier lit à Carjat cette
prédiction :
— Voilà un garçon qui a une rude tète. Je vous jure qu'il ira loin.
Il est borgne, mais cela ne remj)éclie pas d'y voir rudement clair !
Six mois plus tard, le plaidoyer en faveur de Delescluze llétrissait
l'Empire et rendait célèbre, du même coup, le nom de Gambetta,
l'avocat méridional rencontré chez Carjat.
Daumier s'en réjouit fort: Hein! disait-il, je ne m'étais pas
trompé. Je savais bien qu'il serait quelqu'un ! »
Daumier et Gambetta devaient, à plusieurs reprises, se retrouver.
Lorsqu'en 1878, l'exposition des peintures et dessins de Daumier s'ou-
vrit à la galerie Durand-Puiel, Gambetta fut l'un des premiers à la
visiter. Guidé par GeotlVoy-Dechaume, le grand orateur s'arrêta parti-