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Daumier, peintre et lithographe - Histoire et Patrimoine du Vexin

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puissance d'expression, que la Plaidoirie pourrait être exposée, sans<br />

désavantage, auprès <strong>du</strong> plus pathétique, <strong>du</strong> plus magistral dessin de<br />

Michel-Ange.<br />

Michel-Ange... Rien de plus sculptural, on l'a vu, que le métier<br />

d'Honoré <strong>Daumier</strong>. Son dessin évoque tout de suite la ronde bosse.<br />

La ligne ne le sé<strong>du</strong>it qu'autant qu'elle tourne, ce qui est pour lui un<br />

gage de vie 1 Le plus souvent, les méplats violemments accentués<br />

sont modelés <strong>du</strong> pouce. Au reste, nous le savons, il lui arriva de<br />

modeler à même la glaise.<br />

Non seulement ses portraits en buste de la Caricature furent<br />

exécutés d'après des maqu<strong>et</strong>tes en terre qui, malheureusement muti-<br />

lées, figurent aujourd'hui dans la collection de M. Paul Philipon,<br />

mais, par ailleurs, en pétrissant la statu<strong>et</strong>te de Ratapoil <strong>et</strong> les deux<br />

bas-reliefs des Emigrants, <strong>Daumier</strong> fit, à proprement parler, œuvre<br />

de statuaire.<br />

Nous avons décrit le Ratapoil, l'agent bonapartiste maigre, efflan-<br />

qué, appuyé sur un gourdin énorme, cambrant la taille, tordant le col<br />

<strong>et</strong>, sous le gibus défoncé, aiguisant sa face tout en pointes, les<br />

moustaches dardées au ciel <strong>et</strong> l'impériale en bataille. C<strong>et</strong>te statu<strong>et</strong>te,<br />

document d'histoire, est aussi un chef-d'œuvre. Dans les Emigrants,<br />

nous assistons à une magnifique scène d'exode. La répartition des plans<br />

<strong>et</strong> des figures, la beauté robuste des nus prolétariens, l'horreur sobre<br />

de certains détails, la marche en avant — vers l'inconnu <strong>et</strong> l'espérance<br />

— de l'homme qui porte un enfant <strong>et</strong> en tient un autre par la main,<br />

l'indication des modelés, creusés d'ombres puissantes, tout dans ces<br />

scènes évoque la maîtrise de Constantin Meunier <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> d'affirmer<br />

que, s'il l'avait voulu, <strong>Daumier</strong> aurait pu être un grand statuaire.<br />

A qui, d'ailleurs, n'a-t-on pas comparé <strong>Daumier</strong> ? Dans son<br />

ouvrage sur les Graveurs <strong>du</strong> XIX" Siècle, M. Henri Béraldi en a fait<br />

plaisamment la récapitulation : « A Jordaens, Piig<strong>et</strong>, au Parrocel,<br />

Gran<strong>et</strong>, aux Flamands, aux Vénitiens, à Holbein, Delacroix, aux<br />

Hollandais, aux Florentins, Charl<strong>et</strong>, Rubens, Rowlandson, Rembrandt,<br />

David, Michel-Ange, Henry Monnier, Corot, Gainsborough, La Tour,<br />

Barye, Tassaert, Constable, Ribot, Decamps, llogarth, Diaz, (îoya,<br />

Salvator, au Tintor<strong>et</strong>, Mill<strong>et</strong>, <strong>et</strong>c. »<br />

De fait, encore que ces parallèles aient toujours quelque chose de

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