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Daumier, peintre et lithographe - Histoire et Patrimoine du Vexin

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éverbères, tous les républicains de Sainte-Pélagie disaient leur prière<br />

<strong>du</strong> soir (1). »<br />

L'un des détenus de Pélagie, Armand Marrast, nous a tracé c<strong>et</strong>te<br />

scène émouvante, à laquelle <strong>Daumier</strong> prenait part avec ses compagnons<br />

de cellule, le graveur Lerouge <strong>et</strong> le romancier Masse :<br />

« L'usage delà prière <strong>du</strong> soir s'intro<strong>du</strong>isit à Sainte-Pélagie, aussitôt<br />

après la révolution de Juill<strong>et</strong>. A la tombée <strong>du</strong> jour, les prolétaires<br />

détachent respectueusement le drapeau tricolore, l'accompagnent<br />

dans la cour <strong>et</strong> se placent en cercle autour de lui. Tous les républicains<br />

descendent, réunis par la religion de l'égalité, <strong>et</strong> venant, avec joie, lui<br />

rendre hommage, tous placés au hasard, s'animant au souvenir d'un<br />

autre temps, <strong>et</strong> répétant en chœur les inspirations de nos poètes<br />

révolutionnaires.<br />

« Un des assistants entonne le Chant <strong>du</strong> Départ; bientôt toutes les<br />

voix s'élèvent de concert pour en répéter le refrain.<br />

« On pense ensuite à d'autres hymmes de liberté. Qu'elles<br />

paraissent nobles, élevées, sublimes ! Le patriotisme s'échaufïe, le<br />

cœur s'anime <strong>et</strong> se passionne, l'àme s'élève, rien ne trouble c<strong>et</strong> enthou-<br />

siasme ! Toutes ces voix fortes <strong>et</strong> viriles, ce silence, ces lieux, c<strong>et</strong>te<br />

liberté vantée, exaltée, c<strong>et</strong>te présence des trois couleurs, tous ces<br />

hommes dont la foi déborde, dont la conviction accentue la parole <strong>et</strong><br />

rend les vœux si fermes <strong>et</strong> si vibrants; tout cela forme une solennité<br />

touchante, une espèce de fête où l'espérance dresse l'autel, un culte<br />

où chacun apporte son corps pour sacrifice ! c'est beau !<br />

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c'est grand !<br />

« Puis vient la Parisienne, dont on supprime quelques vers ; puis<br />

la Marseillaise. Tout cela se chante gravement, <strong>du</strong> fond de l'âme, <strong>et</strong><br />

tout le monde est à genoux. Quand l'hymme est fini, le porte-drapeau<br />

fait le tour <strong>du</strong> cercle, chacun baise les trois couleurs ; puis on se relève,<br />

le drapeau est recon<strong>du</strong>it avec la même cérémonie, <strong>et</strong> bientôt, on entend,<br />

au bas de chaque pavillon, une grosse voix s'écrier avec force : « La<br />

ferm<strong>et</strong>ure ! ». Les portes roulent sur leurs gonds, <strong>et</strong> chacun rentre<br />

chez soi. »<br />

Malheureusement, à côté de la société des honnêtes gens, on<br />

devait subir à Sainte-Pélagie, le contact des filous. <strong>Daumier</strong>, pourtant,<br />

(1) Alfred Sirven. Sainte-Pélagie. Lebigre-Duquesne, éditeur.

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