Daumier, peintre et lithographe - Histoire et Patrimoine du Vexin
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Commodore Sidney Smith, à M. de Marchangy, premier avocat <strong>du</strong> Roi <strong>et</strong><br />
auteur de la Gaule poétique, à M. de Féraudy, chevalier de Saint-Louis,<br />
Colonel <strong>du</strong> Génie, enlin à M. le Chevalier Alexandre Lenoir, admi-<br />
nistrateur <strong>du</strong> Musée Royal, dont le verdict devait avoir une si grande<br />
influence sur la carrière <strong>du</strong> p<strong>et</strong>it Honoré <strong>Daumier</strong>.<br />
Mais le temps n'était jilus où d'aussi lielles relations sufTisaient à<br />
nourrir un poète <strong>et</strong> sa famille. Il fallut bien songer à découvrir d'autres<br />
ressources. Honoré devenait grand garçon. Peut-être parviendrait-on<br />
à lui trouver un état.<br />
De ce côté, le rimeur marseillais devait éprouver plus d'une décep-<br />
tion. Tout ensemble vif <strong>et</strong> llàneur, pétulant <strong>et</strong> nonchalant, adorant<br />
s'attarder dans la cohue pittoresque de la rue parisienne, où s'aiguisait<br />
précocement son sens ol)servateur, l'œil <strong>et</strong> l'oreille aux agu<strong>et</strong>s, se<br />
souciant davantage des gagne-p<strong>et</strong>its <strong>et</strong> des bons l)ourgeois <strong>du</strong> Marais<br />
que des élégants de la (Hiaussée d'Antin, le jeune Honoré n'avait<br />
qu'une idée en tète : repro<strong>du</strong>ire sur le papier ou sur la toile ces types<br />
plaisants, croisés à chaque carrefour, ces scènes de la vie familière,<br />
surprises à chaque porte.<br />
Le p<strong>et</strong>it <strong>Daumier</strong> accrochait encore aux gal<strong>et</strong>s de Marseille ses<br />
fonds <strong>du</strong> culotte qu'il barl)ouillait déjà des bonshommes expressifs. A<br />
Paris, son goût pour le dessin ne fit que croître <strong>et</strong> se développer.<br />
Fallait-il l'encourager ?<br />
Jean-Baptiste <strong>Daumier</strong> mesurait alors avec trop d'amertune de<br />
quelle vanité est faite la gloire littéraire, pour accepter de voir son fils<br />
devenir un artiste. Honoré <strong>du</strong>t se cacher pour dessiner.<br />
Dès lors, il alla faire au Louvre de longues escapades, s'installant<br />
de préférence dans la galerie des Antiques <strong>et</strong> y découvrant, le fusain<br />
aux doigts, l'art grec <strong>et</strong> l'art romain.<br />
(^omme ce premier renseignement explique la caractéristique <strong>du</strong><br />
talent de <strong>Daumier</strong>, qu'on a si justement qualifié de sculptural !<br />
Plus tard, dans son atelier de l'île Saint-Louis, nous r<strong>et</strong>rouverons<br />
chez le maître des Emigrants — l'admirable haut-relief dont s'inspira<br />
Constantin Meunier — des moulages de monuments antiques, des<br />
fragments de la Colonne Trajane, des tètes expressives de barbares <strong>et</strong><br />
de légionnaires.<br />
Peut-on prétendre, après cela, que <strong>Daumier</strong> aurait travesti, ridi-