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Airain marcha sur son adversaire, sabre haut, et frappa de<br />
taille. L’autre para. Comme des bûcherons qui s’acharnent sur le<br />
tronc d’un chêne séculaire, les deux hommes balançaient leurs<br />
lourdes lames avec d’amples et puissants mouvements. <strong>Le</strong> bruit<br />
métallique de l’acier contre l’acier résonnait dans la salle, ce qui<br />
ne tarda pas à alerter les domestiques et les hommes d’armes de<br />
Meliadus. Ces derniers, déconcertés, ignoraient quelle attitude<br />
adopter. Bientôt von Villach arriva à son tour, suivi de ses<br />
hommes ; les Granbretons, se voyant inférieurs en nombre,<br />
décidèrent de ne pas intervenir.<br />
Des étincelles jaillissaient parfois du choc des deux lames,<br />
que les combattants manipulaient avec une extraordinaire<br />
maestria. <strong>Le</strong>ur visage ruisselait de sueur, leur poitrine se<br />
soulevait au rythme de leur respiration haletante, tandis qu’ils<br />
frappaient et paraient les coups, se déplaçant dans la vaste et<br />
sombre salle.<br />
<strong>Le</strong> baron Meliadus atteignit l’épaule de son adversaire, mais<br />
ne parvint qu’à l’égratigner, et le sabre du comte Airain s’abattit<br />
sur le flanc du Granbreton, mais le cuir épais dont était fait son<br />
pourpoint arrêta la lame. Il y eut une série d’assauts<br />
extrêmement rapides, et l’on aurait pu croire que les deux<br />
combattants allaient mutuellement se tailler en pièces ; mais,<br />
quand le comte et le baron s’écartèrent et se remirent en garde,<br />
les spectateurs virent qu’Airain ne portait qu’une estafilade au<br />
front et qu’une déchirure ornait son vêtement. Meliadus, pour<br />
sa part, n’était pas blessé ; son pourpoint, en revanche, était en<br />
loques.<br />
<strong>Le</strong>ur souffle court et le bruit de leurs pieds sur le sol se<br />
mêlaient au fracas de leurs armes, tandis qu’ils s’affrontaient,<br />
inlassables.<br />
<strong>Le</strong> comte, butant contre une table basse, trébucha, et partit à<br />
la renverse, déséquilibré, lâchant dans sa chute la poignée de<br />
son sabre. Meliadus ricana et leva haut sa lame. Airain roula sur<br />
lui-même ; tirant son adversaire par les chevilles, il le fit<br />
basculer à son tour.<br />
Délaissant le fer, ils se battirent à poings nus, luttant<br />
farouchement, les lèvres retroussées, entraînant dans leurs<br />
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